La campagne internationale Pas touche au Venezuela ! a connu l’un de ses plus beaux succès, le vendredi 12 mai dernier, à Vienne. Saisissant l’occasion du somment Europe/Amérique latine qui s’y tenait, les militants autrichiens de la campagne ont organisé un grand meeting, avec l’aide des Jeunesses Socialistes et d’autres organisations de gauche. Chavez s’était engagé à venir y prendre la parole. Le résultat dépassa toutes les prévisions : 5000 jeunes ont envahi les lieux dans une ambiance électrique. Pour donner la mesure de l’évènement et de l’écho qu’il a eu dans la presse, il suffit de dire que c’était le plus grand meeting de gauche de toute l’histoire de cette ville.

Chavez est arrivé avec 4 heures de retard, ce qui mis les nerfs de nos camarades à rude épreuve, d’autant que des adversaires de notre campagne faisaient circuler la rumeur qu’il ne viendrait pas. La veille du meeting, un ex-dirigeant du Parti Communiste, Walter Beier, affirmait dans les pages du Standard qu’il était « absurde » de s’imaginer que Chavez viendrait à ce meeting.

Ceci dit, le retard de Chavez, qui a esquivé le dîner de clôture du sommet, s’est révélé profitable. Cela a permis de réorganiser l’ensemble de l’infrastructure. Une salle contenant 800 personnes avait été prévue, ainsi qu’un écran géant à l’extérieur. Mais face aux milliers de jeunes qui ne cessaient d’affluer, il a fallu déplacer toute la tribune à l’extérieur, ce qui a pris un certain temps.

Chavez a parlé pendant deux heures. Son discours a essentiellement porté sur la nécessité de lutter contre le capitalisme et l’impérialisme, qui détruisent la planète et mettent la race humaine en danger. Il a cité les mots de Rosa Luxembourg : « socialisme ou barbarie », ajoutant : « Lorsque Rosa Luxembourg a formulé cette perspective, elle parlait d’un futur relativement éloigné. Mais aujourd’hui, la situation du monde est si mauvaise que l’humanité est menacée à court terme. »

Il a poursuivi : « Lorsque j’avais 15 ans, il y avait mai 68, les Beatles, John Lennon et la guerre au Vietnam. Songeant à l’avenir, on se disait qu’en 2000, le monde serait différent, meilleur. Mais les années ont passé et les choses n’ont fait qu’empirer. Que s’est-il passé ? L’impérialisme et le capitalisme m’ont volé mon futur. Et je suis convaincu, aujourd’hui, que nous devons passer chaque jour, chaque heure et chaque minute de notre vie à lutter pour un monde meilleur - un monde débarrassé de la pauvreté, des inégalités et de l’injustice. Ce monde, c’est le socialisme ! Je suis convaincu que la jeunesse seule a l’enthousiasme, la passion et le feu nécessaires pour faire la révolution. Unissons-nous pour sauver le monde. Ensemble, on peut y arriver ! » Le discours de Chavez a été accueilli par un tonnerre d’applaudissements, et des milliers de jeunes ont spontanément chanté l’Internationale.

Parmi les orateurs qui ont précédé Chavez, il y avait Alan Woods, le président de notre campagne internationale, ainsi que la fille aînée de Che Guevara. Au début de son intervention, Alan a dit : « Et ils prétendent que la jeunesse est apathique ! Bienvenue, jeunesse apathique ! » - ce qui a déclenché rires et applaudissements. Puis il a poursuivi : « La jeunesse n’est pas apathique. La jeunesse a besoin d’une cause à sa hauteur, d’une bannière, d’une vision et d’un rêve ! » Puis il a répondu à la célèbre thèse de l’intellectuel bourgeois Francis Fukuyama, selon laquelle on est arrivé à la fin de l’histoire : « L’histoire n’est pas terminée ! Voici l’histoire. Ils font l’histoire au Venezuela. Et vous faites l’histoire ici. »

On peut penser ce qu’on veut d’Hugo Chavez, mais ce n’est pas souvent qu’on voit un chef d’Etat s’échapper d’un sommet pour faire un discours, devant des milliers de jeunes, sur le socialisme mondial. Chavez méprise le langage et les règles de la diplomatie bourgeoise. Excellent orateur, il sait en outre parfaitement bien communiquer son enthousiasme et son énergie. Or ce ne sont pas là des facteurs secondaires dans la passion que les travailleurs et pauvres vénézuéliens lui vouent.

Les jeunes autrichiens qui ont assisté à ce meeting en garderont sans doute un très bon souvenir, et il aura certainement stimulé chez nombre d’entre eux la volonté de se lancer plus à fond dans la lutte contre le capitalisme. Quant aux officiels attablés dans le château de Schönbrunn, devant la chaise vide du président vénézuélien, nous sommes désolés s’ils en ont un peu perdu l’appétit !

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