Plusieurs Casques bleus ont été récemment accusés du viol d’une enfant en République centrafricaine, tandis que 14 militaires français ont été mis en cause dans celui de six autres, âgés de 9 à 13 ans, perpétrés en échange de nourriture, entre fin 2013 et juin 2014. L’ampleur du scandale a déjà contraint à la démission Babacar Gaye, le chef de la Mission des Nations Unies dans ce pays en guerre (la MINUSCA). Mais dans la population, c’est la condamnation générale de l’impérialisme français en Afrique qui se développe.

La France, gendarme de l’Afrique

Les soldats français accusés de viol sont issus de l’opération Sangaris, lancée en décembre 2013 par la France, en coopération avec la MINUSCA et la MISCA (forces armées internationales de l’Union Africaine, inféodées aux impérialistes occidentaux). L’impérialisme français avait justifié son intervention par sa volonté d’« éviter une catastrophe humanitaire ». En réalité, l’armée française a endossé une fois de plus le rôle de gendarme et d’arbitre d’une guerre civile.

La France soutenait jusqu’à récemment le président centrafricain François Bozizé, au pouvoir depuis 2003 suite à un coup d’Etat. Mais, après avoir ouvert son pays à la soif de profits d’autres puissances impérialistes, Bozizé a été « lâché » par les impérialistes français lorsqu’il a été renversé en mars 2013 par la Seleka, une milice d’opposants et de mercenaires soutenus notamment par les Etats musulmans voisins (Tchad, Soudan, Libye). En réponse à la décomposition de l’Etat et aux exactions de la Seleka menées sur des civils, des milices d’autodéfense se sont développées parmi les paysans chrétiens et animistes (80 % de la population), les Anti-balaka – tout aussi réactionnaires et violents que la Seleka.

La guerre civile, qui se prolonge depuis 2013, a eu des conséquences humaines dramatiques. Sur 4,6 millions d’habitants, 2,7 millions ont un besoin immédiat d’aide humanitaire et 1,5 million est en situation d’insécurité alimentaire, dont de nombreux enfants (IrinNews, 30 janvier 2015). Mais pour la France, la question humanitaire n’est qu’un prétexte. L’opération Sangaris a été tardive et motivée uniquement par le besoin de protéger ses intérêts économiques et politiques dans la région – intérêts qui étaient mis à mal par un conflit incontrôlé.

L’intervention française n’a d’ailleurs rien amélioré, bien au contraire. Malgré la signature d’un accord de cessez-le-feu en juillet 2014, les affrontements n’ont pas cessé. Officiellement dissous et transformés en partis politiques, Seleka et Anti-balaka continuent leurs violences contre des civils. Les élections prévues sont sans cesse repoussées. L’armée française est donc appelée à se maintenir sur place à plus long terme. C’est une démonstration de l’affaiblissement de l’impérialisme français, incapable de stabiliser ses propres zones d’influence.

Tradition coloniale

Malgré son indépendance formelle en 1960, la politique intérieure et extérieure de la République centrafricaine est restée sous le contrôle de la France. Les dirigeants sont remplacés dès qu’ils nuisent aux intérêts de l’impérialisme français dans le pays. La nouvelle présidente – Catherine Samba-Panza – et son gouvernement « de transition » ne sont que des marionnettes sans marge de manœuvre.

La République centrafricaine est un des terrains les plus lucratifs de la « Françafrique ». Alors que la population, victime des guerres à répétition, vit dans une misère absolue, les profits ne manquent pas pour des entreprises étrangères, notamment françaises. Celles-ci pillent le pétrole, les diamants et toutes les richesses dont le pays est pourvu. Les troupes françaises et internationales présentes sur place ont pour rôle d’assurer le minimum de stabilité nécessaire à la continuation de cette exploitation. Leurs « écarts » peuvent être couverts tant qu’ils ne dévoilent pas cette sinistre réalité.

Le scandale des viols a révélé le silence des autorités françaises, qui étaient au courant depuis un an sans qu’aucune action ne soit entreprise. Des enquêtes officielles sont désormais lancées. Mais le mouvement ouvrier, en France comme ailleurs, ne peut pas faire confiance aux institutions françaises ou internationales – et à leur justice de classe. L’Etat français fera tout pour ralentir les procédures judiciaires ou minimiser la portée d’actes prétendument « isolés ».

Ces horreurs montrent le vrai visage de l’impérialisme français en Afrique. Pour les masses d’Afrique et de France, il n’y a pas d’alternative à une lutte commune pour son renversement et son remplacement par un système au service de leurs propres intérêts.

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