Les troupes françaises mènent une guerre au Sahel depuis 2013 : l’opération « Barkhane ». On n’en entend jamais parler, sauf lorsque des soldats français y meurent. Alors, c’est l’hommage national. Les morts africains, qui tombent par centaines, n’ont pas cet honneur.

L’opération Barkhane nous a été présentée comme une guerre juste, menée contre le terrorisme et pour la démocratie. Il fallait protéger les habitants de Tombouctou, menacés par la folie meurtrière des djihadistes. C’est la propagande impérialiste habituelle. En réalité, les souffrances des habitants du Nord-Mali n’entraient pas dans les motivations du gouvernement français. Il s’agissait d’aller défendre les intérêts des multinationales françaises – Bolloré, Total, Areva, etc. – dont les infrastructures étaient menacées par une descente des djihadistes vers le sud. Surtout, il s’agissait de consolider l’influence militaro-diplomatique de Paris dans une région clé de la « Françafrique » – et de rassurer les régimes corrompus de la région : en cas de problème, les troupes françaises interviennent.

L’impérialisme renforce… les djihadistes

Qu’elles soient touarègues ou djihadistes, les rébellions que les troupes françaises venaient combattre ont poussé sur le terreau de la misère et de la désagrégation de l’Etat malien. Dans ce contexte, les islamistes ont pu se présenter comme les défenseurs du peuple contre la corruption et le pillage impérialiste. Ils ont rencontré un écho chez de jeunes Maliens privés de droits et d’avenir.

En la matière, l’intervention française n’a rien arrangé. Loin d’apporter la démocratie, les soldats français se sont concentrés sur le renforcement de l’armée malienne – et sur la consolidation d’un régime aux ordres de Paris. Privé de légitimité, ce régime joue sur les divisions ethniques pour se maintenir au pouvoir. Ces deux dernières années, les massacres commis contre les Peuls – accusés de soutenir la rébellion – se sont multipliés. En mars, par exemple, des miliciens gouvernementaux ont tué 160 civils dans le village peul d’Ogossagou.

L’état-major de « Barkhane » se flatte des « succès » qu’il remporte. Il brandit les chiffres du nombre de rebelles tués. Mais dans les faits, les zones où opère la rébellion s’étendent désormais vers le centre du Mali, le Niger et le Burkina Faso. Les massacres commis par les forces gouvernementales facilitent les campagnes de recrutement des djihadistes, qui se présentent comme les seuls défenseurs des pauvres et des minorités ethniques.

Solidarité internationale !

Cette guerre coûte cher à l’Etat français : au moins 600 millions d’euros par an. Or, ce n’est pas Bolloré qui va payer les bombes et les blindés ; ce sont les salariés et les jeunes, sous forme d’impôts et de politiques d’austérité. En plus des victimes qu’elle fait au Sahel, cette guerre signifie donc l’aggravation des conditions de vie des travailleurs en France.

Le mouvement ouvrier français doit sortir de son silence et lutter pour le retrait immédiat des troupes françaises engagées au Sahel. On nous répondra peut-être que, dans ce cas, les djihadistes pourraient prendre le pouvoir. Mais en réalité, ce qui renforce sans cesse les djihadistes, c’est « Barkhane » et le soutien français aux dictateurs de la région.

La meilleure façon de lutter contre les djihadistes, c’est d’aider les travailleurs du Sahel à s’organiser pour combattre à la fois l’impérialisme français et les réactionnaires qui détournent leurs souffrances à leur profit.

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