Honduras

Cet article a été publié le 21 juin sur In Defence of Marxism.


Au Honduras, un mouvement de masse prend des proportions insurrectionnelles. Depuis la fin du mois de mai ont lieu des manifestations contre la privatisation planifiée des services de santé et d’éducation. Le mouvement qui a été initié par les syndicats de l’éducation et de la santé s’est très vite élargi à d’autres secteurs ouvriers et exige à présent le départ du président. 

Le mouvement contre JOH s’intensifie

Au départ, les protestations ont éclaté parmi les enseignants et les professionnels de la santé en réponse aux plans du gouvernement visant à réduire les dépenses en matière de santé et d’éducation. Ceci aggraverait davantage l’état dramatique de ces services (de nombreuses écoles et des bâtiments hospitaliers sont en ruines et le matériel éducatif et médical manque cruellement). Tomás Andino, un analyste éminent au Honduras, a déclaré que les réformes « impliquent la privatisation totale » et « la destruction de la santé publique et de l’éducation ». Bien que la pression des manifestants ait entraîné la suspension immédiate de ce projet de loi début juin, les protestations ont continué à prendre de l’ampleur et les travailleurs réclament maintenant la chute du gouvernement de Juan Orlando Hernández (JOH).

Selon nos camarades de Izquierda Marxista Honduras, le mouvement prend de l’ampleur. De plus en plus de secteurs entrent en lutte. De nouveaux dirigeants syndicaux émergent, comme Suyapa Figueroa, présidente du Collège médical du Honduras et figure importante de la mobilisation qui a dénoncé le gouvernement comme « n’étant plus reconnu comme crédible ou légitime ». Le principal parti d’opposition, le parti LIBRE – dont le chef Mel Zelaya a été chassé du gouvernement lors d’un coup d’État soutenu par les États-Unis en 2009  – s’est prononcé en faveur des manifestants. Ils appellent à la démission immédiate de JOH et soutiennent pleinement la poursuite des barrages routiers et « toute autre action insurrectionnelle jusqu’à la chute de la dictature ».

Comme indiqué plus haut, Mel Zelaya a été démis de ses fonctions par un coup d’État militaire en 2009. Zelaya était un candidat de centre gauche qui a forgé une alliance avec Hugo Chávez et la révolution bolivarienne en 2008, sonnant ainsi le glas des intérêts impérialistes américains dans la région. Hillary Clinton et John Negroponte (ambassadeur au Honduras sous l’administration Reagan impliquée dans l’affaire Iran-Contra) ont soutenu le coup.

A bas le gouvernement corrompu et répressif !

En 2014, JOH est devenu président. Il a été révélé que, pendant son mandat, le président Hernández était un suspect majeur dans une enquête de la DEA sur le trafic de drogue à grande échelle et le blanchiment d’argent. En novembre de l’année dernière, le frère de JOH, Tony Hernández, a été arrêté aux États-Unis pour trafic de cocaïne de 2004 à 2006. 

En 2017, JOH a modifié les règles électorales pour pouvoir briguer un second mandat. Lors de ces élections, le candidat de l’opposition, Salvador Nasralla, qui avait fondé un parti anticorruption pour contester la campagne présidentielle de JOH, était clairement en tête, avec 60 % des voix. Cependant, les compteurs de votes électroniques ont été hors service pendant 36 heures et, quand ils sont revenus en ligne, JOH gagnait comme par miracle avec une marge de 43 % contre 41 %. Les observateurs internationaux et même l’Organisation des Etats Américains (OEA) ont reconnu qu’il y avait des signes évidents de fraude électorale. 

Non seulement le président est soupçonné d’être impliqué dans un crime international majeur, mais il a également procédé à des coupes budgétaires continues dans la santé publique et l’éducation. Moins de 10 % du budget annuel actuel est alloué au secteur de la santé, et le budget de l’éducation a chuté de 13 % au cours des dix dernières années. En conséquence, 40 % des services d’urgence ont une couverture médicale inadéquate et, dans la deuxième plus grande ville, San Pedro Sula, les maternités n’ont plus les ressources suffisantes pour offrir des examens réguliers indispensables. Marco Calderón, enseignant à l’école primaire, a déclaré que dans son école « nous n’avons pas de bibliothèque, pas de cours d’informatique, pas de professeur d’anglais » et le financement a été refusé pour réparer le toit de l’école, d’où fuyait de l’amiante. Entre-temps, le budget de la défense est passé de 12,5 % à 14,5 % au cours de la même période. Outre l’augmentation du financement de la défense, il a également été révélé que 350 millions de dollars ont été détournés de l’organisme public d’assurance maladie IHSS, dont une partie a été affectée à la campagne électorale de JOH en 2013.

Les masses souffrent de graves privations, puisque 70 % de la population vit maintenant en dessous du seuil de pauvreté, contre 50 % en 2010. Des milliers de personnes quittent le pays, fuyant la pauvreté, la criminalité et la violence, et tentent d’émigrer vers les États-Unis.

Vers une grève générale !

Les appels persistants à la grève générale lancés par les syndicats de la santé et de l’éducation sont soutenus par des couches de plus en plus larges de la classe ouvrière qui cherchent désespérément un moyen de sortir de la crise économique actuelle et mettre fin au gouvernement répressif qui aggrave leur misère.

Le retrait de la police spéciale « Cobras » a encouragé les manifestants à rester dans les rues et à ériger des barrages. La Direction nationale des forces spéciales (DNFE), l’instance dirigeante responsable des Cobras, proteste en restant dans leurs casernes depuis le 18 juin. Ils exigent une meilleure assurance-vie, de meilleurs soins de santé et de meilleures conditions de vie pour leurs familles. Il ressort clairement de ces revendications que la police a les mêmes préoccupations que les manifestants, dont les principales revendications sont le soutien au développement des secteurs de la santé et de l’éducation. Cependant, nos camarades sur le terrain disent que les gens se méfient du soutien de la police. Lors de la manifestation de 2017, la police s’est prononcée en faveur de la grève de 24 heures. Le gouvernement a alors accepté de ne pas déployer les forces de police contre les manifestations pacifiques et a promis une augmentation de salaire. Par la suite, les forces de police ont recommencé à réprimer le mouvement une fois qu’elles avaient obtenu satisfaction.

Le gouvernement de JOH est susceptible d’intensifier la répression et a menacé d’utiliser l’armée. La violence des forces de l’Etat a déjà fait 17 blessés par balles parmi les manifestants et deux d’entre eux sont morts des suites de leurs blessures à l’hôpital. Comme l’a souligné Tomás Andino, le régime a « une forte composante militaire » et bénéficie « d’un grand soutien de l’impérialisme nord-américain ». Il est important de souligner l’hypocrisie entre l’intense couverture médiatique américaine, qui appelle à la chute de la « dictature » de Maduro au Venezuela, et le silence médiatique autour des manifestations populaires contre la violente dictature au Honduras, dont le gouvernement est pro-impérialiste. Les États-Unis ont toujours déstabilisé les gouvernements démocratiquement élus d’Amérique latine qui tentent d’améliorer les conditions de vie de leur population et de rejeter la servitude économique envers les États-Unis.

Le gouvernement du Honduras est très faible et le parti national au pouvoir souffre d’une crise interne. Ils ne se maintiennent au pouvoir que grâce au soutien des Etats-Unis et des forces armées. Face à cette formidable force militaire, les masses se soulèvent et ravivent le mouvement, qui a connu un déclin après le coup d’Etat de 2009.

Ce qu’il faut maintenant pour faire face à cet appareil d’État violent et puissant, c’est que les syndicats étudiants, le parti LIBRE et tous les autres grands syndicats rejoignent le combat des syndicats de la santé et de l’éducation pour préparer une grève générale. Une organisation au niveau national est nécessaire pour relayer la grève dans tous les pays, paralyser l’ensemble de l’économie et se défendre efficacement contre la répression de l’État et renverser la dictature. Des comités d’action devraient être mis en place dans chaque quartier et sur chaque lieu de travail et être coordonnés au niveau national, afin de donner à l’insurrection un caractère plus organisé.

Solidarité avec les travailleurs et le peuple du Honduras !
Dehors JOH !
Grève générale maintenant !
Des comités d’action partout !

Des élections se sont tenues dimanche 26 novembre 2017 au Honduras. Les premiers résultats donnaient la victoire au candidat de l’opposition Salvador Nasralla, mais, mystérieusement, le candidat nationaliste Juan Orlando Hernández l’a devancé. Une véritable fraude électorale a déclenché la mobilisation populaire la plus importante depuis 2009.


Le dimanche 26 novembre 2017 ont eu lieu les élections présidentielles, locales et législatives au Honduras. Parce qu’il s’agit du seul exercice démocratique dont disposent les Honduriens, les électeurs sont massivement allés voter très tôt le matin. Notons que ces élections voyaient s’affronter 2 grands candidats : Juan Orlando Hernández (JOH), actuel président et membre du Parti National, historique parti conservateur, et Salvador Nasralla, candidat de l’Alliance d’Opposition soutenu par le Parti de gauche LIBRE (Liberté et Refondation) dirigé par l’ancien président Manuel « Mel » Zelaya.

Des élections irrégulières

La fraude n’est pas quelque chose de nouveau au Honduras. Lors des élections précédentes en 2013 que JOH avait remportées, on avait déjà dénoncé de fortes irrégularités. Achat d’accréditations, base électorale non-actualisée ce qui faisait que même des morts avaient voté, entre autres. Malgré la fraude, JOH avait réussi à s’imposer. Il a eu quatre ans pour gouverner et pour préparer le coup suivant.

Le régime actuel a surgi directement du coup d’État militaire de 2009 durant lequel les forces armées ont renversé le président Mel Zelaya. En effet, l’oligarchie hondurienne voyait d’un mauvais œil son discours de plus en plus prononcé à gauche. Le coup a permis au parti National de s’emparer progressivement des institutions honduriennes, depuis le Congrès National jusqu’à la Cour Suprême de Justice. C’est ce fort contrôle et la corruption de certains éléments des partis d’opposition qui lui ont permis de présenter une candidature à la réélection alors que la Constitution l’interdit à cause de l’alternance obligatoire des présidents.

Jusque-là, tout semblait aller à merveille et JOH se dirigeait confortablement vers la réélection. Dans un pays déjà réputé très dangereux pour les militants de gauche ou les journalistes, le Parti National a créé un climat de terreur : campagne de diffamation à travers les principaux canaux médiatiques du pays, achat massif de voix grâce au chantage des programmes sociaux, intimidation des votants de l’opposition et des assassinats ciblés contre des dirigeants syndicaux et paysans, dont Berta Cáceres. Le parti National avait bien prévu le coup. Mais il ne s’attendait pas à ce que le résultat soit aussi serré. Il semble évident que les masses se sont emparées de cette élection et se sont mobilisées à grande échelle.

Comme il est l’habitude dans ce petit pays de 8 millions d’habitants, à la fin de la journée de dimanche, le Tribunal Suprême Électoral (TSE) devait donner un pronostic pour le vainqueur des scrutins. Sauf que, cette fois-ci, il ne publia rien et laissa l’incertitude régner. Cela laissa la porte ouverte à la grande presse, Televicentro, La Tribuna, etc., politiquement alignée avec JOH de proclamer celui-ci comme le vainqueur des élections. Mais de son côté, le magistrat du TSE David Matamoros était quand même obligé de déclarer qu’après avoir dépouillé 57 % des bulletins de vote, une tendance claire se dessinait en faveur du candidat de l’opposition Salvador Nasralla. Immédiatement, des milliers de supporters du candidat de l’Alliance d’Opposition fêtèrent le triomphe.

Néanmoins, le mercredi 29 novembre, le système de comptage des voix connut un black-out de plusieurs heures. Après le black-out, comme par magie, la tendance était inversée. Ce n’était plus le candidat de l’opposition mais JOH qui l’emportait. La possibilité de se voir voler la victoire de manière aussi frauduleuse a été la goutte qui a fait déborder le vase.

Des manifestations massives, des blocages de routes et des émeutes ont fait entrer le Honduras dans une phase quasi insurrectionnelle.

La raison des mobilisations

Derrière ces manifestations massives, il y a une indignation et une colère de la part de larges secteurs de la société. En effet, les conditions de vie des Honduriens, déjà terribles, se sont fortement dégradées depuis le coup de 2009 : hausse des prix des produits alimentaires (où les Honduriens doivent dépenser la quasi-intégralité de leur revenu mensuel pour payer le panier de consommation de base), hausse du prix de l’essence et de l’électricité, chômage élevé, sous-emploi, salaires à la baisse, un système de santé dans un état pitoyable, des très hauts taux de criminalité ; en même temps, le pays figure, selon les données de la Banque Mondiale, comme le plus inégalitaire de toute l’Amérique Latine. Tel est le régime qui a surgi du coup réactionnaire de 2009 et qui pousse de nombreuses personnes (entre 80 000 et 100 000 personnes par an) à chercher la voie de l’émigration, principalement vers les États-Unis.

Jusque-là, la stratégie du parti National pour que le pays n’éclate pas a été de mener une politique autoritaire et des programmes sociaux pompeux. Afin de soi-disant amener le développement au pays, il propose le projet « Honduras 20/20 » qui signifie pour les travailleurs davantage de précarisation de l’emploi et de privatisations pour satisfaire la soif de profit des multinationales. Mais ce régime est instable et le ras-le-bol finit tôt ou tard par s’exprimer.

Depuis la résistance au coup d’État de 2009, le Honduras a connu des épisodes de lutte très importants. La dernière grande mobilisation date de 2015. Elle dénonçait le détournement de centaines de millions de dollars des caisses de l’assurance sociale (IHSS) en faveur du parti au pouvoir. Nous pouvons constater que ces expériences restent dans l’imaginaire des manifestants qui ont développé de bons réflexes. Si certaines manifestations ont été appelées par la direction de l’Alliance d’Opposition, une très grande partie s’est organisée de manière semi-spontanée, par des organisations locales. Comme en 2015, la revendication au cœur des mobilisations était la démission de JOH.

État d’urgence

Le 1er décembre, afin de maintenir le contrôle du pays pendant qu’il complète la fraude, le régime a décidé de suspendre les droits constitutionnels et de déclarer l’état d’urgence. Cela veut dire que les gens n’ont pas le droit d’association, de manifestation ni même de sortir de chez eux. Mais loin d’atténuer les manifestations, les gens ont occupé les rues le soir au son des casseroles, tactique qui nous rappelle l’Argentine de 2001.

Le dimanche 3 décembre a eu lieu la plus grande manifestation depuis 2009 lorsque le président déchu Mel Zelaya avait tenté de rejoindre le pays suite au coup militaire. La répression qui suivit fit déjà un bilan meurtrier : des centaines d’arrestations, des blessés et 7 morts au jour du 4 décembre. Encore une fois, loin de calmer les manifestants, la répression les a soudés davantage. Les manifestants ont essayé de sensibiliser les policiers pour qu’ils fassent cesser les répressions. La pression populaire a même réussi à ce que l’escadron Cobras de la Police Nationale hondurienne se désolidarise du gouvernement et ose dénoncer ouvertement leurs supérieurs. Ils les accusent de «  collusion » avec le parti au pouvoir et appellent les officiers intermédiaires à prendre le contrôle de l’institution. D’autres unités de la police ont fraternisé avec le peuple et sont en état de mutinerie. Ceci est significatif du niveau très élevé qu’a atteint la lutte du peuple hondurien en quelques jours.

Les directions

L’objectif de l’Alliance d’Opposition composée du parti LIBRE et du parti social-démocrate PINU-SD, avec leur candidat Salvador Nasralla, était de proposer une alternative à JOH lors des élections du 26 novembre. Beaucoup de gens de la classe ouvrière, paysanne ou petite-bourgeoise citadine ont donc vu dans cette candidature une manière d’exprimer leur rejet de la politique de JOH et de son parti. De plus, malgré le fait que Salvador ne vient pas de la gauche, son programme maintient encore des revendications du parti LIBRE telles que la récupération des entreprises publiques privatisées et un arrêt des politiques d’austérité ; bien que la direction de LIBRE n’ait pas été en mesure de défendre ces revendications jusqu’au bout par le passé.

C’est sous la pression populaire que les directions maintiennent encore une position relativement inflexible face à JOH. Salvador Nasralla a insisté sur le fait qu’ils ne reconnaîtront pas les résultats issus de la fraude électorale et a appelé les gens à manifester. Évidemment, ils ont été soumis à des pressions de la part du régime pour qu’ils calment leurs bases et se mettent à dialoguer. Les directions savent bien que la situation peut leur échapper. Questionné dans un interview à Radio Progreso sur la possibilité que le tribunal déclare la victoire de JOH, Salvador a dit que cela ne dépendait pas de lui mais du peuple dans les rues. Les dirigeants de l’Alliance, même modérés, parlent de «  guerre civile », « d’insurrection », etc. Mais ils n’ont pas vraiment de plan d’action à proposer. Pour l’instant, ils maintiennent la revendication d’un recomptage de voix et cherchent le soutien des organismes internationales, de l’OEA, des États-Unis et de l’Union Européenne. Mais c’est de la poudre aux yeux. Nous ne pouvons pas faire confiance aux mêmes qui ont avalisé le coup d’État et la fraude électorale de 2013. C’est vers le chemin de l’échec, des fausses négociations et de la capitulation que mèneront ces positions. Le régime de JOH a prouvé qu’il n’a peur de rien pour préserver son pouvoir. Pour le vaincre, il faut mener la lutte jusqu’au bout et faire confiance au peuple hondurien qui est, aujourd’hui plus que jamais, décidé à lutter. La victoire de Salvador doit devenir une réalité et seul le peuple mobilisé peut y arriver. À trois reprises ces dix dernières années, le peuple hondurien a mené des luttes qui se sont soldées par des échecs. Dans les 3 cas, malgré le courage et la détermination des bases, les directions ont capitulé et les mobilisations ont fini par refluer.

La grève générale illimitée, instrument de lutte pour vaincre

Des appels à des grèves générales sont lancés par des secteurs plus à gauche. Nous constatons que ces secteurs sont prêts à aller plus loin. Néanmoins, la dispersion des mobilisations est un grand obstacle. L’histoire du mouvement ouvrier nous enseigne que seule la lutte unifiée des travailleurs est une garantie pour faire aboutir ses revendications. C’est du moins l’enseignement de la dernière grande grève générale de 1954. Ramón Amaya Amador, écrivain hondurien, disait dans son message aux grévistes la phrase suivante : « Cela veut dire que les travailleurs, pour faire entendre leur parole et leurs revendications, ne peuvent compter que sur une arme mais qui est plus formidable que les armes thermonucléaires : l’organisation ! l’unité et l’organisation ! » (Amaya Amador, 1954). Les mobilisations doivent renouer avec l’héritage de 1954. Les prochains pas doivent être de mieux s’organiser en vue d’une grève générale conséquente. Pour ce faire, nous avons besoin dans chaque colonia et barrio (quartier), des comités de lutte pour préparer cela et d’une coordination nationale. Cela doit être le plan d’action de l’Alliance afin de défendre la victoire.

La situation actuelle au Honduras nous fait penser à cette célèbre citation de Trotsky lorsqu’il disait que les conditions sociales peuvent être les plus mûres mais que sans une direction révolutionnaire, la révolution ne peut pas gagner. La crise du peuple hondurien est la crise de la direction révolutionnaire. La tâche des militants conscients est de construire une organisation qui soit capable de proposer un programme au peuple hondurien pour en finir avec la misère. Il faut une organisation qui puisse incarner les meilleures traditions du prolétariat hondurien et de militer pour faire renouer le mouvement ouvrier avec le « chemin de mai » de Amaya Amador, c’est-à-dire le chemin de la grève générale, le chemin du socialisme. Les travailleurs honduriens ont une immense responsabilité : de leur victoire ou de leur échec dépendra le sort de la lutte des travailleurs d’Amérique Centrale et Mexique.

Grève générale illimitée jusqu’à la chute de JOH !
Renouons avec le « chemin de mai » !
Longue vie à la révolution hondurienne, étincelle de la révolution socialiste en Amérique Centrale !

Les élections organisées par le régime putschiste, le 29 novembre, ont donné lieu à une abstention massive, malgré une sévère répression militaire et policière.

De l’ambassade du Brésil où il est toujours réfugié, le président légitime du Honduras, Mel Zelaya, a annoncé que l’abstention avait atteint 65% de l’électorat, contre 44% lors des élections de 2005. Dans certaines régions du nord du pays, elle a atteint jusqu’à 75%. Dans une déclaration officielle, le « Front National de Résistance contre le Coup d’Etat » place l’abstention entre 65% et 75% des 4,6 millions d’électeurs enregistrés.

Les chiffres officiels du Tribunal Electoral Suprême ne peuvent pas être pris au sérieux. Il annonce une participation de 61%, soit un chiffre plus élevé que les 56% de l’élection de 2005. Et pour que les choses soient claires, le décompte officiel a été « interrompu par un problème technique » qui a duré plus de 3 heures, après la fermeture des bureaux de vote.

Répression brutale

Les partisans du boycott étaient confrontés à une répression brutale, avant et pendant l’« élection ». Certains observateurs ont relevé que le jour du scrutin, il y avait « plus de bottes que de votes » : les rues étaient quadrillées par la police et l’armée. Le régime de Micheletti avait de nouveau proclamé « l’état d’urgence », limitant sévèrement les droits constitutionnels.

Dans la capitale, Tegucigalpa, comme dans d’autres villes du pays, de  nombreux quartiers ouvriers étaient pratiquement militarisés, le jour du scrutin. Ce fut le cas dans les colonias Kennedy, La Paz, El Sitio, 3 de Mayo, 15 de Septiembre, El Pedregal, Río Grande, etc.

Dans un entretien téléphonique, samedi soir, le député de gauche et dirigeant de la résistance Tomas Andino nous a signalé que des douzaines, voire des centaines de militants de gauche ont été arrêtés au cours de la semaine. La police a perquisitionné des logements, à la recherche de matériel appelant au boycott – et même de bombes de peinture. Des gens ont été arrêtés pour « association illégale ».

Andino nous a expliqué comment la police a ciblé des bureaux de plusieurs syndicats et organisations communautaires, dans le but d’y saisir de la propagande favorable au boycott. Ce fut le cas de l’organisation INESCO, à San Juan Opoa, Copan. Les bureaux de Red Comal, à Siguatepeque, ont aussi été ciblés. La police et l’armée y ont saisi des ordinateurs et de l’argent. Le jour de l’élection, une bombe a explosé devant les locaux du Centre pour les Droits des Femmes, à San Pedro Sula. Les bureaux du syndicat STIBYS, qui a joué un rôle clé dans le mouvement de résistance, ont essuyé des tirs de mitrailleuse.

En ce qui concerne la radio d’opposition Canal 36, Andino explique que « 80% du temps, elle ne peut pas émettre, car l’armée brouille son signal au moyen d’un puissant signal de même fréquence. C’est particulièrement le cas lorsque la radio diffuse des programmes critiquant le gouvernement de facto. »

Andino nous a informés que la Résistance avait appelé à un « couvre-feu populaire », le jour du scrutin. Même dans ces conditions difficiles, et malgré « l’état d’urgence » proclamé par le gouvernement putschiste, une manifestation a eu lieu à San Pedro Sula. La police est intervenue brutalement, faisant deux blessés graves et arrêtant 49 personnes. Un journaliste de l’agence Reuters qui tentait de couvrir la manifestation a également été blessé.

Il faut également mentionner le fait que l’aile droite du parti Unification Démocratique (UD), dirigée par Cesar Ham, a finalement décidé de prendre part à ces « élections », scellant ainsi sa trahison du mouvement de résistance. UD s’est divisée en deux, sur cette question. Tomas Andino et d’autres responsables dirigent la fraction opposée aux élections.

Le mouvement du peuple n’a pas été écrasé

Un camarade présent au Honduras les jours précédent le scrutin nous a envoyé les observations suivantes :

« La vague de mobilisation a un peu reflué, bien sûr, mais le processus révolutionnaire n’a pas été écrasé. Partout, on tombe sur du matériel électoral déchiré. La résistance organise le boycott dans chaque quartier, et dans nombre d’entre eux il n’y a pas trace de propagande électorale. La classe dirigeante a menacé de licencier les travailleurs qui ne reviendraient pas au travail, lundi, avec le petit doigt marqué par l’encre prouvant qu’ils ont voté. De nombreux supermarchés offrent des promotions à quiconque se présente avec cette tache sur le petit doigt. La hiérarchie de l’Eglise catholique a publiquement déclaré que l’abstention était un péché mortel.

« Il y a eu, sans cesse, des provocations. Par exemple, il y a eu des explosions devant plusieurs bureaux de vote. La réaction cherche à préparer les esprits à une présence encore plus forte de l’armée, dans les rues. »

Il est clair que le mouvement des masses honduriennes n’a pas dit son dernier mot. Certes, il n’a pas encore réussi à renverser la dictature en place. Mais de son côté, le régime n’est pas parvenu à écraser le mouvement des travailleurs, des paysans et de la jeunesse. Au contraire. Au cours de ces cinq derniers mois de résistance, le peuple du Honduras est passé par une école intensive d’éducation politique. Il est plus mûr, politiquement, mieux organisé et prêt à se battre contre l’oligarchie.

Le régime de Micheletti voulait utiliser ces élections pour légitimer son pouvoir et se doter d’une respectabilité « démocratique ». Ils sont parvenus à entraîner Zelaya dans des négociations qui, au final, ont donné aux Etats-Unis l’excuse dont ils avaient besoin pour appuyer le scrutin du 29 novembre. D’autres pays, comme le Pérou et la Colombie, vont reconnaître la « légitimité » de ces élections – ainsi que le nouveau « président », Pepe Lobo, du Parti National. Cela donnera au régime une certaine marge de manœuvre, en particulier sous la forme d’une reprise de l’aide des Etats-Unis, dont le pays dépend lourdement. Cependant, à ce stade, les pays de l’ALBA et le Brésil semblent fermes dans leur refus de reconnaître ces élections.

A présent, l’une des tâches les plus importantes du Front de Résistance est d’ouvrir une discussion pour tirer les principales leçons des cinq derniers mois de lutte. Le succès du boycott montre la véritable force du mouvement de masse, et pose les bases de la poursuite de la lutte contre l’oligarchie et le capitalisme. Les masses honduriennes ont fait preuve d’une combativité héroïque. Armées d’idées et d’une stratégie correctes, elles peuvent vaincre la classe dirigeante hondurienne – et, ce faisant, propager la vague révolutionnaire en Amérique Centrale.

La classe dirigeante hondurienne ne peut tolérer les plus petites réformes favorables au peuple. Face à un peuple conscient et mobilisé, elle n’a d’autres armes que la répression brutale. En conséquence, la lutte pour la santé, l’éducation, l’emploi et la réforme agraire doit être menée sur la base d’une lutte pour exproprier les « douze familles » qui composent l’oligarchie hondurienne et les intérêts des entreprises impérialistes. Seule la lutte des travailleurs et des paysans peut réaliser ce programme et transformer la société.

Hier, mardi 22 septembre, la police et l’armée ont violemment attaqué des milliers de partisans du président légitime du Honduras, Mel Zelaya, qui s’étaient rassemblés devant l’ambassade du Brésil. Zelaya avait été renversé par un coup d’Etat, le 28 juin dernier. Depuis, les travailleurs, les paysans et la jeunesse ont maintenu un mouvement de résistance héroïque face au gouvernement putschiste de Micheletti. A la surprise générale, Zelaya est parvenu à rentrer au Honduras et à trouver refuge dans l’ambassade du Brésil, le lundi 21 septembre, d’où il a lancé un appel à la mobilisation populaire pour le protéger.

Des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées devant l’ambassade du Brésil, malgré le couvre-feu imposé par le régime de Micheletti. Le retour de Zelaya, qui a galvanisé les forces du mouvement de résistance, est une atteinte directe à l’autorité de putschistes. Ils ne pouvaient pas ne pas réagir. A six heures du matin, profitant du fait que la plupart des manifestants étaient rentrés chez eux, dans la nuit, la police et l’armée ont attaqué les 5000 manifestants qui étaient restés devant l’ambassade. La répression fut brutale et le combat inégal : les manifestants ont été chassés des lieux.

Plus de 200 personnes ont été arrêtés et amenés dans le stadium de Chochi Sosa. Des sources font état de 80 personnes transportées à l’hôpital et de deux morts – bien que ces informations n’aient pas pu être confirmées. Du fait de la répression, du blocus médiatique et du couvre-feu, il est difficile d’obtenir des informations fiables.

Toute la journée de mardi, la situation est restée extrêmement tendue, à l’extérieur de l’ambassade. La police et l’armée ont occupé tous les bâtiments environnant l’ambassade, ce qui a donné jour à une rumeur selon laquelle le régime se préparait à donner l’assaut contre le bâtiment diplomatique, à tuer le président Zelaya et à maquiller cet assassinat en suicide. Le régime de Michelleti est parfaitement capable d’une telle action. Mais il doit probablement en redouter les conséquences internationales.

La répression brutale n’a pas brisé la volonté de résistance du peuple hondurien. Suivant les mots d’ordre du Front National de Résistance, il y a eu des manifestations de masse et des barricades dans tous les quartiers ouvriers de la capitale, Tegucigalpa, ainsi que dans de nombreuses autres villes du pays, y compris de petites communautés rurales.

Le Front National de Résistance fait état de manifestations dans les quartiers ouvriers suivants de la capitale : Colonia La Canada, 21 de febrero, Nueva Era, Victor F. Ardon, El Reparto, Centro America Oeste, Villa Olimpica, Colonia El Pedregal, El Hatillo, Cerro Grande, Barrio Guadalupe, Barrio El Bosque, Colonia Bella Vista, Barrio El Chile, El Picachito, La Cantera, Colonia Japon, El Mirador, La Finca, Alto del Bosque et Barrio Buenos Aires. Dans de nombreux cas, des barricades ont été érigées pour empêcher la police et l’armée d’entrer. D’après Radio Globo, un commissariat de police a été occupé par les manifestants, à San Francisco.

Les mêmes scènes se répètent dans tout le pays. Des manifestations et des affrontements avec la police et l’armée auraient eu lieu à Guadalupe, Tocoa, Colon, Trujillo, Tela, Triunfo de la Cruz, San Juan Tela, Cortez, San Pedro Sula, Progreso, Choloma, Santa Bárbara, Copan, Lempira, Intibuca, La Esperanza, La Paz, Marcala, Comayagua, Siguatepeque, El Zamorano, Paraiso, Comayaguela, Choluteca et Zacate Grande – entre autres. Un membre de la direction de la résistance parle d’une « insurrection » des quartiers ouvriers et pauvres de la capitale. Cette résistance massive se développe malgré un blocus médiatique quasi-complet.

Dans le même temps, le régime de Micheletti a tenté de montrer sa force en tenant une conférence de presse aux côtés des principaux représentants de la plus grande organisation patronale du pays, la COHEP, qui s’est engagée à le soutenir pleinement. Ceci dit, l’unité du régime dépendra de sa peur du mouvement des masses. D’importantes sections de la classe dirigeante commencent déjà à considérer la possibilité de chercher un accord avec Zelaya, dans le but d’éviter le renversement complet du régime. Quant à Micheletti, les conditions qu’il propose  – Zelaya ne serait pas président ; il devrait accepter la légitimité des élections du 29 novembre organisées par les putschistes ; il devrait accepter d’être jugé par un tribunal – sont clairement inacceptables. Elles sont une provocation pure et simple.

Une énorme pression s’exerce sur les putschistes et les capitalistes honduriens. Plusieurs millions de dollars ont été perdus dans cette crise révolutionnaire, et certains capitalistes doivent se demander combien de temps ils peuvent tenir. Surtout, ils s’inquiètent des conséquences révolutionnaires d’une attitude trop bornée, de la part de Micheletti.

Les heures et les jours à venir seront décisifs. Les structures du Front de Résistance ont prouvé leur capacité à maintenir la mobilisation, et dans certains cas à chasser les forces de répression hors des quartiers. Aujourd’hui, il y aura une bataille pour le contrôle des principales rues de la capitale. Les comités d’action du Front doivent étendre leurs tâches et prendre le contrôle de la vie quotidienne, dans ces zones. L’armée a pris le contrôle de l’Entreprise Nationale d’Energie, coupant l’électricité et l’eau dans plusieurs quartiers. Les militants syndicaux de ces entreprises et les comités de résistance doivent agir de concert pour rétablir l’approvisionnement en eau et électricité.

Il est très probable que la manifestation d’aujourd’hui sera sévèrement réprimée par la police et l’armée. Ses organisateurs doivent constituer organes pour la défendre – et, si possible, contre-attaquer. Un appel doit être lancé à la base de l’armée, dans le sens de ce qu’a dit Zelaya, ces derniers jours : « ne tirez pas sur le peuple ; retournez vos fusils contre vos officiers ». Les soldats ordinaires de l’armée hondurienne sont les enfants de la classe ouvrière et des pauvres du pays. Leurs familles et amis doivent mener une campagne systématique pour les convaincre de rallier le peuple. Cependant, en dernière analyse, ce qui brisera l’armée et le régime sera la réalisation que les travailleurs, les paysans et les pauvres sont les véritables maîtres de la situation – sur la base de manifestations et d’une grève générale insurrectionnelle.

Vive la lutte du peuple hondurien !
A bas la dictature de Micheletti ! A bas l’oligarchie !
Manifestations de masse, grève générale et insurrection nationale !

https://www.youtube.com/watch?v=1oq6lZJD1H0

Lundi matin, il a été confirmé que Mel Zelaya, le président légitime du Honduras, est actuellement dans la capitale du pays, Tegucigalpa, et plus exactement dans l’ambassade brésilienne. Le président Zelaya y a lancé un appel au peuple du Honduras pour qu’il sorte le protéger. Des dizaines de milliers de personnes ont répondu à cet appel.

Zelaya a été renversé par un coup d’Etat organisé par l’oligarchie, le 28 juin dernier. Depuis, les travailleurs, les paysans et la jeunesse du pays ont mené une lutte héroïque contre les putschistes, qui ont répondu par une répression brutale, des assassinats ciblés, des arrestations massives et un blocus médiatique. C’est uniquement la résistance des masses, dirigée par le Front National de Résistance contre le Coup, qui a permis le retour de Zelaya au Honduras – et non les manœuvres diplomatiques ou la pression internationale (très faible) sur le régime.

Le retour de Zelaya a pris le régime complètement par surprise. Dans un premier temps, les putschistes ont démenti l’information selon laquelle Zelaya était au Honduras. Mais des images du président dans l’ambassade brésilienne avaient déjà été publiées dans des médias internationaux. Des milliers de Honduriens se rassemblaient déjà devant l’ambassade du Brésil. Pendant plus de cinq heures, le gouvernement de Micheletti n’a fait aucune communication officielle. Puis, à 17 heures, Michelleti a tenu une conférence de presse, entouré de représentants de la classe capitaliste, et a demandé que le Brésil livre Zelaya au gouvernement, afin qu’il soit jugé. Le couvre-feu a été rétabli.

Il est clair que le régime va tenter de réprimer le mouvement. Dans une déclaration, l’Etat-major de l’armée a déclaré qu’il défendrait « l’ordre constitutionnel » (c’est-à-dire le gouvernement putschiste), « même s’il faut sacrifier des vies humaines ». Le réseau de téléphones portables a été coupé, les radios d’opposition ont été privées d’électricité et d’ondes. L’armée a occupé et fermé les quatre aéroports du pays.

Mais après 86 jours de résistance populaire, l’enthousiasme suscité par le retour de Zelaya ne pourra pas être arrêté par la répression. Il est bien possible que nous assistions aux derniers jours du régime putschiste. En fin de soirée, lundi, 50 000 personnes défiaient le couvre-feu et se rassemblaient devant l’ambassade du Brésil. Au même moment, Zelaya se réunissait avec les dirigeants de la résistance. Les rues débordaient de joie et de chants. Dans le quartier ouvrier de Kennedy, 3000 personnes ont manifesté jusqu’à minuit. Des scènes semblables se sont répétées dans tout le pays.

Cependant, la lutte n’est pas terminée. Les putschistes sont toujours au pouvoir et contrôlent l’appareil d’Etat (y compris l’armée et la police). Face à une insurrection populaire, ils pourraient recourir à des mesures désespérées pour s’accrocher au pouvoir.

Dans le même temps, des sections de l’oligarchie – et, surtout, l’impérialisme américain – s’efforceront de trouver un accord négocié, de façon à sauver ce qui peut l’être. Washington a déjà demandé de se baser sur l’ « accord » de San José, qui, comme nous l’avons expliqué dans d’autres articles (voir Résistance héroïque contre le coup d’Etat au Honduras), reviendrait à lier les pieds et les mains de Zelaya – et à satisfaire les objectifs de l’oligarchie. Cela doit être rejeté ! Il ne doit pas y avoir d’amnistie pour les putschistes [les accords de San José parlent d’une telle amnistie]. La volonté du peuple doit s’exprimer dans l’élection libre et démocratique d’une Assemblée Constituante Révolutionnaire – et non dans les élections frauduleuses que les putschistes veulent organiser le 29 novembre prochain.

Lors d’une réunion exceptionnelle de l’Organisation des Etats Américains, une résolution a été adoptée pour soutenir l’accord de San José. Cependant, le Nicaragua et le Venezuela ont voté contre cette résolution. L’ambassadeur du Nicaragua a déclaré avoir parlé à Zelaya, qui lui a dit qu’il rejetait, lui aussi, l’accord de San José – qu’il avait précédemment accepté. C’est correct et on doit s’en féliciter. D’autres gouvernements latino-américains doivent être mis sous pression pour suivre cette ligne (à commencer par la Bolivie, le Salvador et l’Equateur).

Dans les prochaines heures, en même temps qu’une tentative de noyer le mouvement dans la répression, on peut s’attendre à des négociations frénétiques pour sauver la légalité capitaliste, ainsi que les têtes des putschistes les plus en vue et de leurs supporters, dans la classe capitaliste.

Les masses doivent infliger le coup fatal au régime. Le Front National de Résistance a appelé à une marche nationale sur la capitale, qui pourrait être encore plus grande que celle – historique – de juillet dernier, lorsque Zelaya a tenté d’entrer en avion dans le pays. Cette manifestation doit s’accompagner d’une grève générale, avec occupations. Les travailleurs doivent se rendre maîtres de la situation. Si le régime coupe l’électricité aux stations de radio, les travailleurs doivent les reconnecter. Si le régime coupe le réseau de téléphones portables, les travailleurs des télécommunications doivent le restaurer. Les syndicats d’enseignants ont déjà appelé à une grève illimitée à compter de mardi matin. Les comités locaux et régionaux du Front doivent prendre le contrôle de la situation et coordonner leurs actions à travers des représentants démocratiquement élus, de façon à constituer un pouvoir alternatif à celui des putschistes.

Il faut aussi clairement appeler la base de l’armée et de la police à désobéir aux ordres de leur hiérarchie. Zelaya les a déjà appelés à retourner leurs fusils contre leurs officiers. Cela doit être appuyé par une mobilisation de masse dans la rue et devant les casernes. Dans le même temps, le mouvement doit se défendre contre les provocations et la répression. Des barricades ont été érigées devant l’ambassade du Brésil. Des milices d’auto-défense doivent être organisées.

Les prochaines heures seront décisives. Le rapport de force est à l’avantage des masses. Elles peuvent porter le coup de grâce au gouvernement de Michelleti et jeter les bases d’un nouveau régime fondé sur l’organisation des masses. Une Assemblée Constituante Révolutionnaire, convoquée sous l’autorité du Front National de Résistance, est la voie vers la satisfaction des aspirations populaires.

A bas le coup d’Etat !
Grève générale, marche sur Tegucigalpa et soulèvement populaire !
Pour une Assemblée Constituante Révolutionnaire !

Cet article date d’août 2009

Deux mois après le coup d’Etat au Honduras, le 28 juin dernier, la résistance populaire contre les putschistes se poursuit, invaincue. A l’heure où ces lignes sont écrites, les grèves, les rassemblements et les manifestations n’ont pas cessé. La répression brutale, les arrestations, les assassinats ciblés de militants et le quadrillage militaire du pays ne sont pas venus à bout d’un mouvement dont l’organisation s’est renforcée – et qui tire des conclusions politiques de plus en plus radicales.

Pendant ce temps, les grands médias capitalistes – en France et ailleurs – recouvrent le Honduras d’une chape de silence, révélant une fois de plus leur sympathie à l’égard des forces les plus réactionnaires d’Amérique latine. Les jours suivant le coup d’Etat, ils ont simplement expliqué que le président Manuel Zelaya n’avait pas respecté la Constitution du pays. C’est le discours officiel du « Président » putschiste, Roberto Micheletti. Or, le coup d’Etat n’avait rien à voir avec les formalités constitutionnelles. L’oligarchie hondurienne et les impérialistes ne pouvaient tolérer les réformes sociales – pourtant modestes – dont Zelaya avait pris l’initiative : augmentation du salaire minimum, baisse du prix des médicaments les plus courants, baisse des taux d’intérêt pour les petits fermiers, etc. Dans le contexte du processus révolutionnaire qui balaye le continent latino-américain, les réactionnaires redoutaient que le Honduras suive la voie du Venezuela, de la Bolivie et de l’Equateur.

Le rôle des Etats-Unis

Quel a été le rôle des Etats-Unis, dans ce coup d’Etat ? C’est pour le Honduras que fut inventée la formule « République bananière ». Aucun coup d’Etat ne peut être organisé, dans ce pays, sans le feu vert de hauts représentants de l’administration américaine. Et l’on sait que Washington était en contact régulier avec les putschistes, bien avant le coup d’Etat.

Ceci étant dit, l’approche d’Obama, vis-à-vis de l’Amérique latine, est différente de celle de Bush. Bien sûr, les objectifs fondamentaux restent les mêmes : la domination du continent pour ses matières premières, son marché intérieur et comme zone d’influence. Mais la stratégie systématiquement agressive de l’administration Bush – contre la Bolivie, le Venezuela et Cuba – a été un échec complet, du point de vue de l’impérialisme américain. Bush a beaucoup agité le bâton, sans résultats. Obama juge le temps venu d’agiter la carotte (le bâton restant à portée de main). D’où les signes « d’ouverture » à l’égard du Venezuela et de Cuba, par exemple. Dans le même temps, Obama renforce la pression sur le Brésil pour qu’il joue un rôle d’« influence modératrice », dans la région.

Tout indique que la Maison Blanche était plutôt favorable à un « coup d’Etat constitutionnel », c’est-à-dire à une résolution du Parlement (ou de la Cour suprême) qui aurait démis Zelaya de ses fonctions – sans rompre avec les règles formelles de la « démocratie » bourgeoise. Cependant, ce scénario fut mis à mal par la mobilisation populaire contre ces manœuvres. S’appuyant sur ce soutien de la rue, Zelaya a limogé le haut-commandement militaire et maintenu l’organisation d’un référendum dont le Parlement venait de voter l’illégalité. L’oligarchie hondurienne ne pouvait plus attendre. Ayant le feu vert d’éléments clés de l’administration américaine, dans l’entourage de Clinton, les putschistes ont pris les devants. Et s’ils ont décidé d’expulser Zelaya, plutôt que de l’arrêter, c’est parce qu’ils redoutaient que son lieu de détention soit pris d’assaut par la colère populaire.

Les négociations de San José

Au cours du mois de juillet, une « médiation » a été organisée à San José, au Costa Rica, entre Zelaya et le gouvernement putschiste de Micheletti. L’« accord » qui y fut élaboré proposait que Zelaya reprenne la présidence du Honduras, mais en ayant les pieds et les mains liés par toute une série de clauses – dont un gouvernement « d’union nationale » avec les putschistes. Le texte prévoyait également l’amnistie de tous les putschistes et l’abandon du projet de convoquer une Assemblée Constituante. Zelaya, malheureusement, accepta les termes de cet accord. Mais les putschistes le rejetèrent, car ils comprirent que s’il rentrait au Honduras, même pieds et mains liés, Zelaya serait un point de ralliement à la poursuite des mobilisations de masse.

Cet accord fut également rejeté par le Front National de Résistance contre le Coup d’Etat, qui réunit toutes les organisations politiques, syndicales, paysannes, indigènes et culturelles opposées au régime de Micheletti. Le Front a également prévenu que les mobilisations de masse se poursuivraient, pendant la « médiation ». Cela montre le haut niveau de maturité politique de ce Front. Car l’un des objectifs de cette « médiation » était précisément de désamorcer les mobilisations contre le coup d’Etat.

Répression croissante

En expulsant Zelaya du pays, l’oligarchie a provoqué ce qu’elle cherchait à éviter : un mouvement de masse des travailleurs, des paysans et de la jeunesse. La manifestation du 5 juillet fut probablement la plus grande de toute l’histoire du pays. Fin juillet, croyant la situation sous contrôle, Micheletti leva le couvre-feu. Grosse erreur. Le Front de résistance répondit en organisant une grande marche et des manifestations massives, le 11 août.

On ne peut qu’être impressionné par la combativité, l’héroïsme et l’endurance de ce peuple en lutte. Il fait face à une répression croissante et à la réapparition d’escadrons de la mort. Les locaux d’opposants aux putschistes sont attaqués. Des dirigeants politiques et syndicaux sont assassinés. Des provocateurs infiltrent le mouvement. Les manifestations sont brutalement réprimées. Malgré cela, le mouvement se poursuit.

Quelle stratégie peut mener à la victoire du mouvement ? Premièrement, face à la répression, il est urgent d’organiser l’auto-défense de la résistance et de ses organisations. Chaque organisation paysanne et ouvrière devrait organiser des piquets d’auto-défense, qui doivent encadrer les manifestations, les protéger des agents provocateurs et organiser la défense face aux attaques de la police, de l’armée et des groupes paramilitaires. Si de telles mesures ne sont pas prises, le risque existe que des militants isolés s’impatientent et prennent l’initiative d’organiser des petits groupes armés, coupés du mouvement de masse, dont les actions seraient contre-productives.

Deuxièmement, le Front et toutes les organisations syndicales qu’il regroupe ont la responsabilité d’organiser une grève générale. Les travailleurs honduriens ont la capacité de complètement paralyser la vie économique du pays. Les putschistes représentent les intérêts des douze familles qui contrôlent l’économie du pays. Une grève générale posera la question : qui doit diriger ce pays – douze familles ou la masse des travailleurs et les paysans ?

Troisièmement, l’appareil répressif d’Etat doit être brisé. Les jours suivant le coup d’Etat, il y a eu de nombreux exemples de soldats sympathisant avec le mouvement populaire. Avec un instinct remarquable, des manifestants se sont adressés à de nombreuses reprises aux soldats, en leur demandant de ne pas réprimer leur peuple pour le compte d’un gouvernement réactionnaire. C’est absolument correct, mais c’est insuffisant. Le Front devrait organiser une campagne coordonnée et systématique en direction des soldats de rang, dans le but d’en briser la discipline. Des tracts devraient être spécifiquement destinés aux soldats, et appeler à la formation de Comités de soldats opposés au coup d’Etat.

Enfin, la question du programme est d’une importance vitale. Le Front a déjà clairement déclaré que le retour de Zelaya n’est pas sa seule revendication. Il demande la convocation d’une Assemblée Constituante. Dans le contexte du Honduras, c’est absolument correct. Mais l’expérience du Venezuela, de la Bolivie et de l’Equateur montre qu’une Assemblée Constituante ne peut rien résoudre de fondamental tant que l’économie reste entre les mains de l’oligarchie. Les « douze familles » de l’oligarchie hondurienne doivent être expropriées et l’économie du pays placée sous le contrôle démocratique de la population. Le 5 août, Zelaya a déclaré que « les peuples du Honduras et d’Amérique latine luttent pour le socialisme ». Une première victoire, dans cette lutte, aurait un impact décisif en Amérique latine et à l’échelle mondiale !

Cet article de Jorge Martin date du lundi 29 juin.

Tôt dans la matinée du dimanche 28 juin, 200 soldats ont encerclé la résidence du président du Honduras, Manuel Zelaya. Après 20 minutes de combat avec les 10 membres de sa garde personnelle, le président a été arrêté. Il a alors été expulsé par avion au Costa Rica, où, dans une conférence de presse, il a dénoncé un coup d’Etat à l’instigation « d’oligarques de droite ». Il a également appelé la population à se mobiliser, dans la rue, et promis de revenir.

L’origine immédiate de ce coup d’Etat réactionnaire est le référendum que Zelaya voulait organiser sur la convocation d’une Assemblée Constituante. Le Congrès (dominé par la droite), le Haut Commandement de l’armée et la Cour Suprême s’opposaient à ce projet.

Zelaya avait remporté les élections présidentielles de 2005 sous le drapeau du Parti Libéral du Honduras. Il avait devancé de peu le candidat du Parti National. Il est lui-même un riche propriétaire terrien, mais la polarisation politique de ce petit pays d’Amérique centrale l’a poussé à prendre un certain nombre de mesures favorables aux pauvres, aux travailleurs et aux paysans. Il s’est réclamé du « bolivarisme ». Rapidement, il a perdu le soutien de sa propre formation, le Parti Libéral (centre-droit), et a donc été forcé de s’allier avec des organisations ouvrières et paysannes. Voici ce qu’il dit dans une interview accordée au quotidien espagnol El País : « J’ai voulu faire des changements dans le schéma néo-libéral. Mais les riches ne font aucune concession – pas même un centime. Ils ne veulent pas renoncer à la plus petite partie de leurs fortunes. Ils veulent tout garder pour eux. Alors, bien sûr, pour changer les choses, il faut mobiliser le peuple. »

Le Honduras est l’un des pays les plus pauvres d’Amérique latine. 50% de la population vit sous le seuil de pauvreté. L’illettrisme frappe 20% des citoyens. Plus d’un million d’habitants – sur les 7,8 millions que compte le pays – a dû émigrer aux Etats-Unis pour chercher du travail. Dans ces conditions, même les mesures progressistes les plus modérées devaient inévitablement se heurter à l’hostilité brutale de la classe dirigeante, des propriétaires terriens et des grands médias.

Parmi les réformes progressistes du gouvernement, il y avait une campagne d’alphabétisation basée sur les exemples cubains et vénézuéliens, une tentative d’améliorer la santé des sections les plus pauvres de la population (via l’accès à des médicaments moins chers et l’octroi de bourses pour étudier la médecine à Cuba), une baisse des taux d’intérêts pour les petits fermiers et une augmentation de 60% du salaire minimum.

Le gouvernement a également pris des mesures contre certains des privilèges les plus flagrants de la classe dirigeante hondurienne. Il a brisé le monopole des multinationales sur l’importation du fuel, grâce à un accord passé avec Petrocaribe, basée au Venezuela. Zelaya a également pris des mesures contre les multinationales pharmaceutiques qui contrôlent 80% de tous les médicaments vendus au Honduras, et qui les vendent au prix fort. Pour ce faire, Zelaya a signé un accord avec le Venezuela et Cuba pour importer des versions génériques – et donc moins chères – des médicaments les plus couramment utilisés. Le président a également dénoncé le monopole de l’oligarchie sur les médias de masse et supprimé les subventions de l’Etat aux grands groupes de l’industrie médiatique.

Sur l’arène internationale, Zelaya a rallié l’ALBA (Alternative Bolivarienne des Amériques), une alliance régionale initiée par le Venezuela.

Toutes ces mesures ont contribué à accroître la popularité de Zelaya parmi les couches les plus pauvres de la population – et à alimenter l’hostilité de l’oligarchie locale, qui depuis deux siècles dirigeait le pays (conformément aux intérêts américains). Pendant la plus grande partie du XXe siècle, le Honduras a été une « République bananière » dominée par la compagnie United Fruit, qui contrôlait la plupart des meilleures terres agricoles du pays et les exploitait comme son jardin privé, sans se soucier de ce qu’en pensaient les gouvernements officiels du pays. Périodiquement, les marines américains intervenaient pour renverser des gouvernements qui tentaient de limiter le pouvoir d’United Fruit. L’indépendance formelle du pays n’était qu’un écran de fumée. L’impérialisme américain était maître à bord. Les marines américains sont intervenus au Honduras en 1903, 1907, 1911, 1912, 1919, 1924 et 1925. En 1911, le nouveau président du pays a été directement nommé par un médiateur américain. En 1930, lorsqu’une grève solide a éclaté, dans les plantations bananières, un bateau de guerre américain a été envoyé pour la réprimer.

Le Honduras a également une longue histoire de présidents libéraux qui, pour avoir tenté de timides réformes, ont été renversés par un coup d’Etat – avec le soutien et la participation directe des Etats-Unis. Ce fut le cas du président Vincente Mejía (1929 – 1933), qui a été remplacé par la dictature du général Carías Andino. Il a conservé le pouvoir jusqu’en 1949. La même chose est arrivée au président Villeda Morales, qui, après avoir engagé une réforme agraire très modeste, fut renversé par le coup d’Etat de López Arellano. Appuyé par les Etats-Unis, Arellano dirigea le pays de 1965 à 1974. Enfin, dans les années 80, le Honduras est devenu la principale base d’opération des contras, ces milices contre-révolutionnaires organisées par les Etats-Unis qui luttaient contre la révolution sandiniste, au Nicaragua.

Face à l’opposition de la classe capitaliste et de l’impérialisme, Zelaya espérait pouvoir s’en sortir en organisant un référendum sur la convocation d’une Assemblée Constituante, suivant le modèle du Venezuela, de la Bolivie et de l’Equateur. Il a proposé d’organiser un référendum, le dimanche 28 juin, pour décider si un autre référendum serait organisé, dans le cadre des élections générales de novembre prochain, pour convoquer une Assemblée Constituante. Mais le Congrès et la Cour Suprême ont déclaré cette consultation illégale. Le Haut Commandement de l’armée refusa d’apporter son soutien logistique à l’organisation de cette consultation – avant d’arrêter Zelaya, le 28 juin.

La classe dirigeante hondurienne n’a pas perdu de temps. L’Etat d’urgence et un couvre-feu ont été décrétés. Le Congrès a immédiatement désigné un nouveau président, Roberto Micheletti, qui était jusqu’alors le président du Congrès. Des militants de gauche et d’organisations ouvrières et paysannes ont été arrêtés. Cesar Ham, un candidat de gauche à la dernière présidentielle, a échappé de peu à une arrestation. Le Congrès a ordonné l’arrestation de nombreux dirigeants d’organisations populaires ou sociales, dont Juan Baraona (Bloc Populaire), Carlos H. Reyes (Bloc Populaire), Andrés Padrón (Mouvement des Droits de l’Homme), Luther Castillos (un dirigeant syndical), Rafael Alegrón (Via Campesina), César Han (Conseil Civique des Organisations des Peuples et des Indigènes du Honduras, CCOPIH), Andrés Pavón (CCOPIH), Marvin Ponce (CCOPIH), Salvador Zúñiga (CCOPIH) et Berta Cáceres (CCOPIH).

Les ambassadeurs du Venezuela, de Cuba et du Nicaragua ont été détenus par des militaires masqués, qui les ont tabassés, puis relâchés. Exactement comme lors du coup d’Etat d’avril 2002, au Venezuela, la chaîne d’Etat – Canal 8 – a été fermée par les putschistes, qui ont également publié une fausse lettre de démission de Zelaya.

Il est évident que les Etats-Unis étaient au courant de la préparation de ce coup d’Etat. Des dirigeants du Congrès en avaient discuté avec des responsables de l’administration américaine. Echaudés par l’expérience du coup d’Etat d’avril 2002, au Venezuela, les Américains semblent leur avoir conseillé de poursuivre dans la voie d’un « coup constitutionnel » (empêcher la tenue du référendum), sans aller jusqu’à arrêter Zelaya, à ce stade. Malgré ces possibles désaccords tactiques, l’administration américaine et l’oligarchie du Honduras sont d’accord sur l’objectif du coup d’Etat : empêcher Zelaya de se maintenir au pouvoir et de poursuivre sa politique de réformes sociales.

La réaction d’Obama au coup d’Etat était très modérée. Il a appelé « tous les acteurs politiques et sociaux du Honduras à respecter les normes démocratiques et l’autorité de la loi », ajoutant que la situation « doit être réglée de façon pacifique, sans interférence extérieure ». Ainsi, alors qu’un président démocratiquement élu a été illégalement arrêté et expulsé de son pays, Obama appelle « tous les acteurs politiques et sociaux » à respecter les normes démocratiques. C’est un soutien implicite à l’argument des putschistes selon lequel Zelaya aurait violé la loi en cherchant à organiser un référendum.

En substance, la position des impérialistes est la suivante : on rejette le coup d’Etat, mais on en soutient l’objectif. Comme l’explique le quotidien réactionnaire El País, « ce qui est en jeu, finalement, c’est le rapport de force en Amérique latine. Si Zelaya était parvenu à rendre possible sa ré-élection, le chavisme aurait gagné du terrain en Amérique centrale. » C’est parfaitement clair. El País considère que le coup d’Etat n’était pas la meilleure méthode, mais soutient pleinement l’objectif de bloquer la progression du « chavisme » dans la région.

Il y a deux leçons majeures, dans les événements au Honduras. Premièrement, la classe dirigeante ne peut même pas tolérer les réformes progressistes les plus modestes. La lutte pour la santé publique, l’éducation, la réforme agraire, l’emploi et le logement ne peut être victorieuse que dans le cadre d’une lutte pour le socialisme. Deuxièmement, on ne peut mener une authentique révolution en laissant intact l’appareil d’Etat bourgeois, qui sera toujours utilisé, tôt ou tard, contre la volonté de la majorité du peuple.

Les organisations syndicales du Honduras, y compris la CGT, ont appelé à une grève générale contre le coup d’Etat. C’est la bonne réaction. Seule une mobilisation massive des travailleurs et des paysans peut faire échouer le coup d’Etat. Un appel à la base de l’armée est également nécessaire, pour inciter les simples soldats à refuser d’obéir aux ordres de leurs officiers. Hugo Chavez l’a dit dans ces termes : « Soldats, videz vos fusils sur l’oligarchie, pas sur le peuple ».

Nous devons un soutien sans faille aux travailleurs et aux paysans du Honduras dans leur lutte contre ce coup d’Etat. Nous en appelons au mouvement ouvrier international pour qu’il manifeste son opposition à ce coup. En particulier, les organisations ouvrières et paysannes d’Amérique centrale et du Mexique ont un rôle déterminant à jouer. Des manifestations et des rassemblements, devant les ambassades, encourageraient les masses du Honduras.

A bas le coup d’Etat réactionnaire au Honduras !
Mobilisation de masse et grève générale !
Soldats, tournez vos fusils contre vos officiers – et ralliez le peuple !