Privatiser poste

Au fil des années, le métier de guichetier à La Poste s’est considérablement modifié. Au passage, la mission de service public en a pris un sacré coup. Sous prétexte de « plus grande performance », les dirigeants de La Poste ont transformé les guichetiers en vendeurs tout-terrain.

Une seule consigne : vendre, vendre, vendre, tout et n’importe quoi (DVDs, jouets, etc.) La salle du public s’est transformée en un labyrinthe où serpentent des gondoles dégueulant de marchandises et gadgets divers. L’usager devient client. Comme dans les supermarchés, certains produits sont à portée des enfants, pour inciter les parents à acheter.

Les « vendeurs guichetiers » revêtent un gilet aux couleurs de La Poste. Des personnels aux statuts divers se côtoient (fonctionnaires, CDD, CDI…), ce qui le rend plus vulnérable face à la direction. Diviser pour mieux régner semble être le mot d’ordre les responsables. Dans certains bureaux, on demande aux « vendeurs guichetiers » de rendre des comptes chaque semaine, voire chaque jour. Quels produits ont-ils vendu ? Combien ? Pourquoi n’ont-ils pas vendu tel produit ? Des formations à la vente sont organisées (ils appellent ça des « trainings »). Tout ceci rappelle la situation de France Télécom quand la privatisation battait son plein, avec les conséquences désastreuses que l’on sait.

Chaque mois, comme chez Mc Donald, on a des challenges. Le meilleur « vendeur guichetier » reçoit un cadeau… Bref, une pression commerciale constante s’exerce sur le personnel. Et haro sur ceux qui parlent de service public ! La Banque Postale rêve de ressembler en tout point à une banque privée. Pour supprimer des emplois, on installe un maximum d’automates dans la salle du public. Il est question de supprimer 50 000 postes d’ici 2015. En 2009, quelque 11800 postes ont été supprimés, sous forme de « départs volontaires » ou de départs à la retraite non-remplacés. Et pour abuser les salariés, Jean-Paul Bailly, Pdg de La Poste, réfléchit à la mise en place d’un actionnariat salarié. Là encore, on pense à France Télécom !

On connaît les responsables de cet état de fait : ce sont les capitalistes français et leurs politiciens corrompus. La Révision Générale des Politiques Publiques (RGPP) est une catastrophe, sur tout le territoire. Le constat est amer, mais tout ceci n’a rien d’inéluctable ! Au quotidien, des guichetiers résistent et refusent cette dégradation. Luttons tous ensemble pour un service postal 100 % public !