La maire de Paris, Anne Hidalgo, poussait de hauts cris d’indignation face aux conditions de travail inhumaines sur les chantiers de la Coupe du monde de football, au Qatar. Elle est beaucoup plus clémente face à l’organisation des Jeux Olympiques qui se tiendront à Paris en 2024. Pourtant, si les conditions de travail ne sont pas aussi mauvaises qu’au Qatar, les JO de Paris obéissent à la même logique fondamentale. L’événement est taillé pour profiter aux grandes entreprises – notamment celles du BTP et du tourisme – au détriment du grand public.

Dépense publique, profit privé

Le budget prévisionnel des JO, tel qu’annoncé par le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (COJOP), était de 7 milliards d’euros. Au final, il pourrait s’élever à 8,8 milliards d’euros. D’où viennent ces sommes colossales, destinées à un événement qui durera 15 jours – et qui sont si compliquées à trouver quand il s’agit de financer nos retraites et nos services publics ?

Tout d’abord, 2,4 milliards d’euros sont directement sortis des caisses de l’Etat. Le patronat du BTP en est le premier bénéficiaire : sur les 3,3 milliards d’euros dédiés aux infrastructures pérennes, les deux-tiers proviennent de l’Etat, de la Région Ile-de-France et de la mairie de Paris.

A cela viennent s’ajouter les recettes de sponsoring (1 milliard d’euros), les droits télévisuels (750 millions) et la billetterie (1,4 milliard). Le financement des JO provient donc essentiellement de deux sources essentielles : 1) les dépenses publiques, collectivités territoriales comprises ; 2) les téléspectateurs (qui devront supporter un matraquage publicitaire) et les spectateurs ayant les moyens de payer des places extrêmement chères.

Travail au noir et bénévolat

« Tu travailles deux mois, mais ils ne t’en paient qu’un », déclarait un travailleur du Village olympique, à Saint-Denis. Les entreprises du BTP ne se contentent pas de siphonner l’argent public : elles exploitent durement une main d’œuvre précaire. Ces entreprises abusent d’immigrés sans papiers, donc en situation d’extrême précarité. Ceux-ci travaillent souvent sans matériel de protection et réalisent des heures supplémentaires mal payées – quand elles sont payées.

Le recours systématique à la sous-traitance permet aux géants du secteur d’accroître cette exploitation sans avoir à en assumer directement les conséquences. A ce jour, pas moins de 87 accidents de travail ont été recensés par le ministère du Travail. Mais la réalité est probablement pire, car les ouvriers exposés aux plus mauvaises conditions sont précisément ceux dont le travail est dissimulé.

En ce qui concerne les « petites mains » qui organiseront les Jeux, pendant 15 jours, la solution la plus économe s’est imposée. Au nom des « valeurs sportives », le COJOP aura recours à 45 000 bénévoles. De son côté, le patronat du BTP ne fait pas dans le bénévolat : il table sur 860 millions d’euros de bénéfices grâce aux seuls chantiers des Jeux Olympiques.

Des prix inaccessibles

Selon un récent sondage, 82 % des Français considèrent que les prix des billets sont trop élevés. Et pour cause : dans la plupart des cas, il faut débourser plusieurs centaines d’euros pour se procurer le précieux sésame ! Le nombre de places à bas prix a énormément baissé par rapport aux précédents JO. Par exemple, ceux de Londres, en 2012, proposaient 2,5 millions de places à 23 euros. Les JO de Paris en proposent à peine 1 million à un tarif équivalent. 

A Londres, les billets les plus chers coûtaient autour de 2000 euros. Pour la cérémonie d’ouverture à Paris, il faudra débourser jusqu’à 25 000 euros. En outre, les billets ont d’abord été vendus par « pack » de trois sports. Par exemple, en achetant un billet pour assister à un match de basket, on est obligé d’acheter des billets pour deux autres épreuves. Ceci fait évidemment grimper la facture finale. Sur les épreuves d’athlétisme, les prix dépassent souvent les 600 euros. Le discours officiel sur le caractère « populaire » des JO sonne comme une très mauvaise plaisanterie.

Rien pour le sport amateur

Pour la classe dirigeante, l’organisation des JO est un enjeu économique et, surtout, de prestige. Le sport passe au deuxième plan. Une fois l’événement passé, les nouvelles infrastructures sportives seront souvent peu accessibles à ceux qui en ont le plus besoin – quand elles ne seront pas démontées.

Le sport amateur n’y gagnera rien, alors qu’il est déjà en crise. En Seine-Saint-Denis, le département le moins bien doté en piscines municipales, un enfant sur deux ne sait pas nager à l’entrée du collège. Au plan national, une étude publiée par la Fédération française de cardiologie souligne que les capacités cardiovasculaires des enfants ont baissé de 25 % en 40 ans. En 1971, un enfant courait 800 mètres en trois minutes, en moyenne. Aujourd’hui, la moyenne est de quatre minutes. Gageons que ceci ne troublera pas le sommeil des organisateurs des JO. Leur objectif n’est pas de mettre le sport au service du plus grand nombre, mais seulement d’une poignée de grands capitalistes.

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