D’après le dicton populaire, la santé n’aurait pas de prix. Pourtant, le système capitaliste s’efforce de nous la faire payer au prix fort ! Et comme il ne peut plus supporter le moindre prélèvement sur ses bénéfices, notre système de santé est en péril. J’en ai fait l’amère expérience deux fois de suite, en très peu de temps.

Ma grand-mère est tombée malade. A 85 ans, rien d’extraordinaire. Mais une opération dans une clinique qui ne fut pas une réussite l’entraîna dans une spirale fatale. Je vous passe les détails purement médicaux, mais j’ai constaté une horrible dérive de notre système de santé.

Tout d’abord, tant que la clinique lui faisait des soins rémunérateurs (perfusions, opérations, etc.), elle ne voyait aucun inconvénient à la garder. Mais dès que les soins sont devenus moins rémunérateurs, ils ont tout fait pour qu’elle retourne chez elle, de façon à libérer un lit pour un patient – ou devrais-je dire un « client » – plus « rémunérateur ».

Une fois chez elle, les infirmières devaient lui changer ses poches. Mais comme celles-ci ne tenaient pas sur sa peau tuméfiée par tous les soins, les infirmières envisagèrent de changer de type de poche pour permettre une meilleur cicatrisation. Là, on a appris que ce nouveau type de poche n’était pas remboursé, et qu’il coûtait 70 euros à raison de 2 ou 3 poches par semaine – bref, il fallait tabler sur 600 à 800 euros par mois !

Soudain, l’état de santé de ma grand-mère s’est dégradé. Il a fallu redemander une hospitalisation dans la clinique qui la suivait. Mais à notre stupéfaction, la clinique a refusé de la prendre en charge et a demandé de nous débrouiller avec l’hôpital ! Ma grand-mère a donc dû aller aux urgences. Or comme c’était le week-end, les urgences étaient débordées et n’avaient plus de lits disponibles. Ils ont mis ma grand-mère aux « lits-portes », c’est-à-dire dans une chambre de 7 ou 8 mètres carré sans grands moyens de soins.

Le lendemain, ma grand-mère décédait. Je ne dis pas que le système de santé français en est responsable, mais l’attitude inhumaine de ce système me révolte. Si la clinique a refusé de la prendre alors qu’elle connaissait son dossier, c’est pour deux raisons : premièrement, il y a une pénurie de personnels soignants les week-ends, dans cette clinique (ben oui, car le week-end il faudrait mieux payer les infirmières) ; deuxièmement l’état critique de ma grand-mère ne laissait guère de doute sur l’issue de sa maladie. Or, les statistiques de la clinique se passent volontiers d’un taux de mortalité trop important – prestige oblige !

Le deuxième cas, c’est celui de mon fils de 2 ans. Les enfants ont la bonne habitude de tomber malade les vendredis. Donc, vendredi après-midi, mon fils a commencé à avoir de la fièvre, à tousser, etc. Malheureusement, il n’y avait plus de place chez le médecin. On a donc appelé le « 15 » pour contacter le médecin de garde. Nous avons pris rendez-vous avec lui à 21 heures. Rien de bien méchant : une bronchite et une otite. « Combien vous dois-je docteur ? » Réponse : « 57 euros ». Oui, vous lisez bien : 57 euros, soit une journée de travail au SMIC.

Après le médecin vient la pharmacie : là, 8 euros à payer. Total : 65 euros en à peine une heure. Le week-end se passe, puis bien sûr c’est au tour de ma fille de tomber malade. Retour chez le médecin (le médecin traitant cette fois-ci) : 22 euros, puis 12 euros de pharmacie. Résultat : 99 euros à dépenser en 3 jours, soit environ 14 h de travail au SMIC. Vous me direz qu’une partie sera remboursée – mais pas tout, et en plus il a fallu avancer cette somme en fin de mois !

La quasi-totalité des médicaments prescrits contre la toux sont dorénavant dé-remboursés, et pourtant les médecins les prescrivent encore. Donc, soit les médecins nous prescrivent de la poudre de perlimpinpin, soit le système considère que la toux des enfants n’est pas un problème important !

Ces deux exemples illustrent la déliquescence de notre système de santé. Quand le privé soigne, il veut que cela rapporte. Quand c’est le public, il faut que cela coûte le moins cher possible. Et nous, au milieu, nous sommes des clients, et non plus des malades. Je n’attaque pas les personnels soignants, mais le système qui les régit.

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