« La reprise est là », déclarait François Hollande début mars. Depuis 2012, ce n’est pas la première fois qu’il nous le fait savoir. Jusqu’alors, la crise s’est poursuivie sans tenir compte des oracles présidentiels. L’économie française stagne depuis trois ans. Les prévisions de croissance pour 2015 tournent autour de 1 %, chiffre incompatible avec une baisse du chômage.

Les quelques « signaux » sur lesquels se fonde l’optimisme du chef de l’Etat – un léger rebond de l’investissement et de la consommation – sont bien maigres au regard des nuages qui s’accumulent à l’échelle mondiale : crise en Russie et au Brésil, ralentissement en Chine et en Inde, crise des dettes publiques en Europe, situation en Ukraine… Dans un contexte international extrêmement instable, la France pourrait retomber dans une récession avant qu’une reprise ne s’amorce.

Mais même si une reprise s’engage en France – ce qui pourrait stimuler la lutte gréviste –, elle sera faible et de courte durée. La crise actuelle n’est pas une simple phase du cycle croissance-récession ; c’est une crise organique du capitalisme, qui n’est plus capable de développer les forces productives comme par le passé. Des économistes bourgeois le comprennent, désormais ; ils parlent de « stagnation séculaire ». Cela signifie des décennies d’austérité, de contre-réformes et de chômage de masse.

Lorsque la crise a éclaté, en 2008, les travailleurs ont été pris de court. Ils n’avaient pas été préparés à cette situation par les dirigeants du mouvement ouvrier, qui se berçaient eux-mêmes d’illusions sur la viabilité du capitalisme. Ils espéraient que la tempête passerait rapidement. Elle ne passe pas. Il y a aujourd’hui deux millions de chômeurs de plus qu’en 2008. L’hémorragie d’emplois s’est accompagnée d’une explosion de la pauvreté et de la précarité. Selon une enquête menée en 2014, 31 % de la population affirmait avoir des revenus insuffisants pour boucler son budget, contre 22 % en 2013, soit 9 % de plus en l’espace d’à peine un an.

Bien sûr, ce n’est pas la crise et la rigueur pour tout le monde. Chaque année, le patronat reçoit des mains du gouvernement « socialiste » des dizaines de milliards d’euros de nouvelles subventions et exonérations fiscales. Officiellement, il s’agit de « favoriser l’investissement et la croissance ». Mais seuls les profits augmentent. Le Figaro du 6 mars nous apprend que les entreprises du CAC 40 ont réalisé 65 milliards d’euros de profits en 2014, soit 35 % de plus qu’en 2013. Et le journal souligne que « la belle hausse des profits du CAC s’est faite sans croissance de l’activité », faute de débouchés. Il poursuit : « les grands groupes sont aujourd’hui très “affutés”, et cela se voit dans la progression de leurs marges ». Autrement dit, ils ont augmenté leurs profits en licenciant massivement et en prenant diverses mesures « d’austérité interne » – sur le dos des salariés.

Un nombre croissant de jeunes et de travailleurs commencent à comprendre que cette crise n’est pas un simple accident de parcours et qu’une reprise soutenue, créatrice d’emplois, n’est pas à l’ordre du jour. La jeunesse est privée d’avenir. Les implications révolutionnaires en sont évidentes. Encore faut-il que la colère et la frustration accumulées trouvent un canal d’expression. Ces dernières années, les « journées d’action » rituelles à l’appel des directions syndicales ont peu mobilisé. Ce n’est pas étonnant. Beaucoup de travailleurs ont constaté – notamment à l’automne 2010 – que des actions ponctuelles de ce type ne font pas reculer les gouvernements d’un centimètre. La crise est sévère, la classe dirigeante inflexible. En Grèce, il y a eu 30 grèves générales depuis 2009 – sans résultat. Les travailleurs se sont alors tournés vers Syriza.

En France, la plupart des syndicats appellent à une journée d’action le 9 avril. Nous espérons qu’elle sera massive et stimulera la combativité des salariés. Mais comme en Grèce et en Espagne, la crise du capitalisme obligera le mouvement ouvrier à dépasser l’étape des journées d’actions et des luttes ponctuelles. Il lui faudra mener de longues luttes syndicales et politiques, c’est-à-dire contestant le système capitaliste dans son ensemble. Ce processus se développera sur toute une période, avec des flux et des reflux, des victoires et des défaites. Mais il aura lieu, quoiqu’il arrive, et finira par poser aux travailleurs la question du pouvoir – de leur pouvoir. C’est dans cette perspective que Révolution travaille et lutte.


Sommaire :
Santé publique : à bas l’hôstérité !
Les retraités en première ligne de l'austérité
Lyon 2 : solidarité avec la lutte des enseignants vacataires !
La « reprise »… des profits - Editorial
La CGT doit renouer avec ses traditions révolutionnaires
Il faut construire une alternative de gauche au gouvernement
Elections départementales : pas de soi-disant « front républicain » avec la droite !
Islamophobie : opposons l’unité des travailleurs à la propagande raciste !
Le fondamentalisme islamique : ennemi ou allié de l’impérialisme ?
Grèce : la troïka remporte une bataille, mais pas la guerre !
Comité Central de Syriza – Intervention de la « Tendance Communiste »
Les enjeux des élections municipales en Espagne
Ukraine : après le cessez-le-feu, les contradictions s’accumulent
Les Etats-Unis et Cuba : changement de tactique, mêmes objectifs réactionnaires
La Révolution russe de 1905, répétition générale d’Octobre 1917
Nouvelle publication La lutte pour l’émancipation des femmes : une perspective marxiste
Service civique universel, précarité obligatoire


 

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