La mort de Christophe de Margerie, le PDG de Total, a donné lieu à une débauche de condoléances et d’hommages publics. Plusieurs jours durant, des journalistes, des hommes politiques et des patrons se sont succédé dans les médias pour nous convaincre que le pays venait de perdre l’un de ses plus grands bienfaiteurs. Cette vague a atteint son point culminant au Parlement, avec l’indignation spectaculaire de Manuel Valls face au tweet de Gérard Filoche, qui, au sujet du patron de Total, posait la question : « Le successeur nous volera-t-il moins ? »

Fraichement meurtri par la perte de son « ami », Manuel Valls a déclaré que Filoche n’avait pas sa place au PS. «  Face à un homme, quel qu’il soit, quel que soit son parcours, qui meurt dans ces conditions, il n’y a qu’un seul mot : c’est la dignité », a dit le premier ministre. Par cette hypocrite posture morale, Valls réaffirmait au grand patronat français son dévouement profond et solennel. Sa politique, au gouvernement, le démontrait déjà, puisqu’elle répond exclusivement aux intérêts des chefs du CAC 40.

La mort de Margerie n’a pas de quoi réjouir les travailleurs, car pour répondre à la question de Gérard Filoche, non, le successeur ne nous volera pas moins : il y va des marges de profits de l’entreprise et des dividendes versés à ses actionnaires. Mais dans le cas de Total, on a affaire à bien plus qu’à du vol. Au fil des décennies, cette multinationale a accumulé les accusations de corruption massive, de soutien à des dictatures, de recours au travail d’esclaves, y compris d’enfants, jusqu’à ce que mort s’ensuive. Et comment oublier le naufrage de l’Erika ou l’explosion d’AZF à Toulouse ? Margerie était au sommet de la voracité impérialiste de Total, qui a fait – et fait encore – de nombreuses victimes à travers le monde.

Tel était l’«  ami  » de Manuel Valls. Cinq jours après cette mort accidentelle, un jeune militant de 21 ans était tué par un gendarme sur le site du projet de barrage de Sivens. Rémi Fraisse n’exploitait personne, ne corrompait personne, ne polluait aucun océan. Comme des milliers d’autres manifestants, il était venu s’opposer à la construction d’un barrage jugé inutile et dangereux. Immédiatement, son meurtre a déclenché une avalanche de démagogie et d’insinuations scandaleuses visant à protéger le gouvernement en général et son ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, en particulier.

Par exemple, le président socialiste du Conseil général du Tarn, Thierry Carcenac, a déclaré : « Mourir pour des idées, c’est une chose, mais c’est quand même relativement stupide et bête ». Manuel Valls a alors complètement oublié sa récente leçon de morale, dans laquelle il exigeait la « dignité » face à la mort de tout homme, « quel que soit son parcours ». Il n’a pas dit que Thierry Carcenac devait quitter le Parti Socialiste. Non. Le premier ministre en a même rajouté, déclarant par exemple : « Je n’accepterai pas la mise en cause des policiers et des gendarmes qui ont compté de nombreux blessés dans leurs rangs ». Mais si le gendarme qui a tué Rémi Fraisse ne peut pas être « mis en cause », c’est qu’il a eu raison de le faire ?

Ces réactions suscitées par les morts de Margerie et de Rémi Fraisse, de l’esclavagiste et du manifestant, offrent un contraste écœurant. Elles puent l’hypocrisie. Le gendarme responsable de la mort de Rémi Fraisse est couvert par Cazeneuve, qui est couvert par Manuel Valls, qui tente ainsi de protéger son gouvernement discrédité, dont la fonction est de couvrir les crimes et défendre les intérêts des Margerie de ce monde. Mais cela ne fonctionnera pas indéfiniment. Comme aujourd’hui au Mexique et au Burkina Faso, comme hier en Egypte et en Tunisie, le capitalisme français subira lui aussi le choc d’une vague révolutionnaire, tôt ou tard. La profonde crise de ce système rend cette perspective inéluctable. Nous devons nous y préparer, sur les plans politique et organisationnel pour, le moment venu, renverser ce système pourrissant et venger ainsi toutes ses victimes.

Révolution


Sommaire :
L’offensive contre les « seuils sociaux » : inutile aux chômeurs, nuisible aux salariés
Nouvelle convention de l’Unedic : nouveau marché de dupe
L’esclavagiste et le manifestant - Edito du n°3
Budget 2015 : la Sécurité sociale dans le viseur
Congé parental, allocations familiales : des « réformes » hypocrites et scandaleuses
Suppression de postes massive dans l’aéronautique
La Fonction Publique saignée à blanc
« Révolution » signe l’appel du M6R - Pour une République socialiste et internationaliste !
Crise de l’UMP, crise de la démocratie bourgeoise
Ukraine : interview de Dmitry Kolesnik, dirigeant de Borotba et rédacteur en chef de la revue Liva
Une première usine occupée et autogérée dans le Donbass : un exemple à suivre !
Allemagne : le « moteur de l’Europe » en panne
Brésil : victoire de Dilma Roussef, mais dernier avertissement pour le PT
Le mouvement étudiant enflamme le Mexique
Siège de Kobané – Combattre l’impérialisme ! Défendre les Kurdes !
Hong Kong : la jeunesse défie l’oligarchie
Il y a 150 ans, la fondation de la Ière Internationale - Les travailleurs ont besoin d’une Internationale révolutionnaire
Le réveil révolutionnaire du Burkina Faso
Activités de Révolution
Réforme de l’université : l’austérité pour tous !

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