Le 14 juillet dernier, le président de la République déclarait : « la reprise est là ». Un mois plus tard, l’Insee publiait des chiffres attestant le contraire. Après une croissance nulle au premier trimestre 2014, l’économie française réalise exactement la même « performance » au deuxième. Les prévisions les plus optimistes annoncent 0,5 % de croissance en 2014. Tous les autres indicateurs économiques sont au rouge : l’investissement des entreprises recule de 0,8 % au deuxième trimestre, après avoir reculé de 0,7 % au premier. Le commerce extérieur est au point mort. Résultat : les recettes fiscales diminuent et les déficits publics continuent d’augmenter.

Décidément, François Hollande est passé maître dans l’art d’annoncer de bonnes nouvelles à la veille de leur démenti par la réalité. On finirait par en rire, s’il n’y avait pas toutes ces vies brisées par le chômage, les plans sociaux, les délocalisations et la misère croissante. Le cirque et son clown, au sommet de l’État, ne font plus rire personne. Face au cynisme et aux mensonges incessants d’un gouvernement « de gauche » aux ordres du Medef, une colère froide se répand dans la société comme une immense nappe de pétrole.

Les travailleurs sont en général très patients. Ils savent que la vie n’est pas facile. Ils sont prêts à admettre l’idée qu’il leur faut faire des sacrifices, parfois. Ils acceptent d’abord modestement les arguments de tous les politiciens et « experts » bardés de diplômes qui, jour après jour, nous assurent que les gens vivront mieux demain à condition de vivre moins bien aujourd’hui. Mais dans ce domaine comme dans tous les autres, les lois de la dialectique s’appliquent. A un certain stade, la confiance se transforme en défiance, la patience en colère, la passivité en action.

Habituellement, la plupart des travailleurs sont prêts à tolérer l’existence de gens très riches ; peut-être l’ont-ils mérité par quelque talent  ? Ce qui, par contre, leur devient intolérable, c’est ce qu’ils voient se dérouler sous leurs yeux depuis l’éclatement de la crise de 2008 : les sacrifices toujours plus lourds demandés aux plus pauvres ne visent pas à relancer l’emploi et le pouvoir d’achat, « à terme ». Non : ils visent à défendre les marges de profits d’une poignée de grands capitalistes qui, dans le même temps, continuent de détruire des emplois et l’outil de travail. Les sommes d’argent colossales qu’ils reçoivent des mains de l’État, qui les prend dans les poches des salariés, les grands patrons ne les investissent pas dans l’appareil productif ; ils les distribuent à leurs actionnaires sous forme de dividendes ou les placent dans des investissements spéculatifs juteux. Selon le Figaro du 20 août dernier, pendant que l’investissement des entreprises reculait de 0,8 %, au deuxième trimestre 2014, les dividendes versés aux actionnaires augmentaient de 30,3 %, à 40,7 milliards d’euros. C’est le chiffre le plus élevé en Europe.

Tel est le véritable objectif du « pacte de responsabilité », cette énorme escroquerie qui justifie des coupes drastiques dans les dépenses publiques par la nécessité de signer un chèque de 40 milliards au patronat. « Tout pour les banquiers et les actionnaires » : tel est le mot d’ordre du gouvernement. L’arrivée d’Emmanuel Macron au ministère de l’Economie va donc de soi : qui, mieux qu’un banquier, peut servir les banques ?

Cette situation est intolérable. L’optimisme factice et l’arrogance de Manuel Valls le sont tout autant. Par leur mobilisation et leur détermination, plusieurs catégories de travailleurs ont, ces derniers mois, lancé un avertissement au gouvernement. Nul doute que d’autres luttes éclateront dans la période à venir. A nous, militants politiques et syndicaux, d’organiser et de soutenir ces luttes pour qu’elles gagnent en puissance et en conscience. A nous de les armer d’un programme et d’une stratégie révolutionnaires, pour en finir avec la domination de tous les Emmanuel Macron de ce monde, qu’ils soient dans les ministères ou dans les Conseils d’administration des banques.

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