Depuis plusieurs années, les relations entre les grandes puissances sont de plus en tendues. C’est une conséquence de la crise du capitalisme mondial : du fait de la contraction des marchés et des débouchés économiques, les grandes puissances se battent pour protéger leurs sphères d’influence et en gagner de nouvelles.

Cela provoque des crises militaro-diplomatiques, comme en ce moment autour de Taïwan, mais aussi des guerres « localisées » où les grandes puissances s’affrontent par procuration. C’est le cas par exemple en Ukraine, au Mali, en Syrie et en Centrafrique. Leur statut de « petites » guerres ne les rend pas moins meurtrières : en Syrie, la guerre aurait causé près de 600 000 morts et l’exil de plusieurs millions de réfugiés.

Les institutions impérialistes

Jean-Luc Mélenchon intervient régulièrement sur les questions internationales. Malheureusement, il les aborde d’un point de vue étroitement réformiste. Pour le comprendre, examinons les différentes propositions, sur ce thème, du programme officiel de la FI, L’Avenir en Commun.

La FI réclame la « sortie » de la France « de l’OTAN, du FMI et de la Banque Mondiale ». C’est tout à fait justifié et nécessaire : ces institutions sont contrôlées par les grandes puissances impérialistes (surtout les Etats-Unis) ; elles organisent le pillage des pays pauvres par les puissances impérialistes occidentales (idem). Par contre, L’Avenir en Commun affirme que « l’ONU est le seul organe légitime pour la sécurité collective », et que des interventions militaires seraient légitimes dès lors qu’elles seraient dotées d’un « mandat de l’ONU ».

Problème : l’ONU est aussi une organisation impérialiste. Son Conseil de sécurité regroupe les cinq principales puissances impérialistes de la planète, qui y siègent uniquement pour défendre leurs intérêts. Ce sont ces puissances qui délivrent des « mandats » de l’ONU, lorsqu’elles parviennent à se mettre d’accord. Par exemple, les guerres impérialistes en Libye (2011) et en Afghanistan (2001) bénéficiaient d’un tel mandat – et c’est d’ailleurs sous ce prétexte que Jean-Luc Mélenchon les approuvait à l’époque (ce qu’il semble avoir oublié).

On l’a vu : L’Avenir en commun propose, à juste titre, que la France quitte la Banque mondiale. Mais ce serait pour aussitôt « adhérer à la Nouvelle Banque de Développement des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) ». Voilà ce qui s’appelle tomber de Charybde en Scylla. Les cinq pays en question sont aussi des puissances impérialistes (chacune à leur échelle). C’est flagrant dans le cas de la Chine, dont la politique économique et militaire en Afrique, en Asie centrale ou vis-à-vis de Taïwan n’a rien à envier à celle de Washington. La Nouvelle Banque des BRICS ne vise pas à aider les pays pauvres, mais à défendre les intérêts de ces cinq puissances impérialistes face aux Etats-Unis.

Même remarque concernant le « projet de monnaie commune mondiale » qu’il faudrait « soutenir face au dollar », selon la FI. Si tant est qu’une telle monnaie puisse exister sous le capitalisme, elle serait un instrument d’autres puissances impérialistes que les Etats-Unis : voilà tout.

Le capitalisme, c’est la guerre

L’Avenir en commun se donne comme objectif d’« arrêter les guerres et les accords commerciaux inégaux ». Mais il s’agira de vœux pieux sans une lutte résolue contre le capitalisme en France et à l’échelle internationale. On ne peut pas avoir le capitalisme sans l’impérialisme et ses guerres : c’est la prise en compte de cette vérité élémentaire qui fait cruellement défaut, dans le programme de la FI.

Les entreprises françaises ont besoin d’exporter pour rester compétitives – et donc rentables pour leurs actionnaires. Tant qu’elles resteront entre des mains privées et domineront l’économie française, elles pèseront de tout leur poids sur la politique étrangère de la France. Dès lors, le « réseau diplomatique français », dont la FI dit vouloir « stopper l’érosion », restera une agence de VRP et d’organisateurs de putschs pour le compte du CAC 40, comme c’est le cas aujourd’hui.

Certes, L’Avenir en commun prévoit quelques atteintes à la propriété privée de certaines grandes entreprises. Mais cela reste beaucoup trop limité. Les mesures qui concernent les entreprises d’armement en sont un bon exemple. Il n’est pas question de les nationaliser, mais « d’engager leur reconquête publique ». Qu’est-ce que cela veut dire ? L’Etat deviendra-t-il actionnaire ? Minoritaire, majoritaire ? On ne sait pas. Et on ignore combien de temps prendrait cette « reconquête », c’est-à-dire pendant combien d’années, encore, les actionnaires de Dassault ou de Thalès feraient des profits sur la mort et les souffrances des civils du Mali, de Syrie et d’ailleurs.

Pour mettre fin aux crimes de l’impérialisme français, il faudra exproprier les grandes entreprises privées et placer l’économie sous le contrôle de la classe ouvrière, qui constitue l’immense majorité de la population et n’a aucun intérêt à mener des guerres impérialistes. Autrement dit, il faudra une révolution socialiste. Une fois au pouvoir, les travailleurs nationaliseront les entreprises d’armement, dont la production servira à défendre la révolution et à aider les peuples opprimés par l’impérialisme à s’en libérer.

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