Le rejet de la réforme de l’assurance chômage est au cœur du mouvement des travailleurs de la culture. Repoussée en raison de la pandémie, la seconde partie de cette réforme doit entrer en vigueur le 1er juillet 2021. Son volet principal – celui grâce auquel le gouvernement veut réaliser le plus d’économies – prévoit un nouveau calcul du montant des allocations attribuées.

Saisi par plusieurs syndicats, le Conseil d’Etat avait jugé illégal cet aspect de la première version du projet de loi, en raison d’une « différence de traitement manifestement disproportionnée » entre les salariés alternants contrats courts et périodes de chômage – et ceux dont le chômage intervient après une situation d’emploi de longue durée.

Pour contourner cette décision du Conseil d’Etat, l’exécutif a introduit un seuil plancher, censé limiter l’impact négatif de la mesure. Mais la réforme prévoit toujours d’intégrer les jours non travaillés dans le calcul des allocations, ce qui n’était pas le cas jusqu’alors. Dans les faits, ce nouveau mode de calcul pénalisera encore particulièrement les demandeurs d’emploi qui alternent régulièrement les périodes de chômage et d’activité : les intermittents du spectacle, les assistantes maternelles, les travailleurs du tourisme, de la restauration, etc. Selon une évaluation de l’Unédic, 1,5 million de personnes verraient leur allocation mensuelle baisser d’en moyenne 17 %, à partir du 1er juillet.

Pour le gouvernement, l’objectif de cette réforme est clairement de faire de nouvelles économies sur le dos des plus précaires. Comme le résume Laurent, de la Coordination des Intermittents et Précaires : « Pôle Emploi c’est des tueurs. Leur but c’est de récupérer de l’argent par tous les moyens. La vie des gens, ce n’est pas leur problème. »

Pour l’extension du mouvement !

En faisant de la lutte contre la précarité un axe central de ses revendications, le mouvement d’occupation des théâtres acquiert une portée bien plus grande que la défense des seuls travailleurs de la culture. Alors que la crise économique exclut toute diminution du chômage de masse dans la période à venir, la réforme de l’assurance chômage aura pour seul effet de précipiter dans la misère des centaines de milliers de travailleurs privés d’emploi. Amorcée par les intermittents et les précaires de la culture, la lutte contre cette réforme est l’occasion de construire un combat d’ampleur, dépassant les cadres sectoriels. Les organisations syndicales et politiques doivent appeler énergiquement au soutien des secteurs mobilisés, et travailler activement à l’extension du mouvement. 

Réouverture des lieux culturels et contrôle ouvrier 

Si la lutte contre la casse de l’assurance chômage et pour la prolongation des indemnités des intermittents du spectacle est partagée par l’ensemble du mouvement, la question de l’ouverture des lieux culturels fait davantage débat, comme on peut le voir dans un précédent article.

Pour Révolution, la décision de rouvrir (ou non) les lieux culturels – comme l’ensemble des lieux de travail et d’étude – doit être prise directement par les travailleurs des secteurs concernés. Les travailleurs sont les plus à même de prendre les décisions qui touchent à leur santé et à leurs conditions de travail, et de déterminer la façon dont les protocoles sanitaires doivent être appliqués.

En occupant les théâtres, les intermittents et les précaires posent la question du pouvoir : qui décide ? Qui contrôle ? Notre réponse est claire : contrôle ouvrier !

Pour un financement de la production artistique à la hauteur des besoins du secteur !

Contre la précarité et le chômage :
du travail et un revenu décent !