A ce jour, le déconfinement se passe mieux qu’on ne pouvait le craindre, sur le plan sanitaire. Les scientifiques en discutent toujours les raisons ; le gouvernement s’en attribue déjà le mérite – après des mois de mensonges et d’une criminelle incurie.

Sur le plan économique, la récession mondiale commence son travail inexorable, tel un tsunami. Le chômage flambe ; les faillites se multiplient ; chaque jour, des milliers de vies sont brisées. En France, sur le seul mois d’avril, Pôle emploi annonce 843 000 chômeurs de catégorie A supplémentaires. Pendant ce temps, dans les tours d’ivoire des multinationales, les « 1 % » préparent fiévreusement les plans sociaux, les restructurations et les fermetures. Ils comptent, coupent, trient, jettent et fusionnent, avec en tête un seul objectif : défendre leurs profits – et, si possible, les augmenter.

Non seulement le chômage va exploser, mais les politiciens bourgeois nous annoncent, désormais, que les salariés devront travailler plus longtemps et « consentir » des baisses de salaires. Dans la gauche réformiste, des voix s’élèvent et implorent : « Mais non ! Ne faites pas ça ! En augmentant le temps de travail, vous aggraveriez le chômage ! En baissant les salaires, vous mineriez la demande, donc la reprise économique ! » C’est exact, mais cela ne convaincra pas la classe dirigeante d’augmenter les salaires, de baisser le temps de travail et d’embaucher, car tout cela réduirait ses marges de profits. Et donc, pour les augmenter, elle voudra licencier, baisser les salaires et allonger le temps de travail.

Les capitalistes n’investissent pas pour satisfaire des besoins ou pour donner du travail aux chômeurs. Ils investissent pour faire des profits. Comme le disait Lord Stokes, un industriel britannique : « Je fais de l’argent, pas des voitures ». Et si, en période de crise, il faut fermer des usines pour « faire de l’argent », ainsi soit-il. Le capitalisme a toujours fonctionné comme cela – et ne fonctionnera jamais autrement. Il est grand temps, à gauche, d’en tirer toutes les conclusions.

Passer à l’offensive

La crise va mettre à l’ordre du jour de très nombreuses luttes, dans les entreprises, pour défendre les salaires, l’emploi et les conditions de travail. Mais dans le contexte d’une profonde récession, ces luttes défensives peuvent – et doivent – se transformer rapidement en luttes offensives. Le mouvement syndical doit s’y préparer, réviser sa stratégie et ses mots d’ordre, les adapter à la nouvelle période.

Par exemple, face à l’avalanche de plans sociaux, de restructurations et de fermetures, le mouvement syndical ne peut pas se contenter de « sauver les meubles », c’est-à-dire de négocier le nombre de postes supprimés ou le montant des primes de licenciement. La question de la propriété de l’entreprise doit être soulevée et placée au cœur du combat. Le mot d’ordre de nationalisation de l’entreprise – sous le contrôle démocratique des salariés – doit être avancé, comme le moyen le plus sûr de maintenir l’outil productif, les emplois et les salaires.

Le mot d’ordre de nationalisation – sans indemnisation des gros actionnaires – sera d’autant mieux compris, dans la population, que le secteur privé vit sous perfusion massive d’argent public. Par exemple, les directions de Renault et d’Air France préparent la suppression de milliers de postes ; mais dans le même temps, elles réclament – et obtiennent – des milliards d’euros d’argent public ! C’est la scandaleuse réalisation du vieux mot d’ordre bourgeois : « nationaliser les pertes, privatiser les profits ». Le mouvement ouvrier doit répondre en luttant pour l’expropriation des capitalistes qui veulent licencier ou fermer une entreprise. Indépendamment des résultats immédiats de cette lutte, elle jettera la classe dirigeante sur la défensive – et élèvera le niveau de conscience de tous les travailleurs.

Contre la dictature des banques

Jean-Luc Mélenchon propose d’« annuler la dette publique des Etats pour leur redonner une capacité d’intervention comme investisseur ». C’est bien, mais c’est insuffisant. Pour constituer un système de crédit répondant aux intérêts de la masse de la population, y compris la petite bourgeoisie, il faudra nationaliser l’ensemble des banques privées, faute de quoi celles-ci continueront de faire la pluie et le beau temps. Il faut en finir avec le monstrueux parasitisme des banques privées – qui, dans la crise actuelle, trouvent de nouvelles occasions de s’enrichir.

Dans les années qui viennent, ces idées trouveront – ou plutôt, retrouveront – une large audience, car la lutte des classes elle-même va énormément s’intensifier. Ainsi, dans sa lutte héroïque contre le racisme d’Etat, la jeunesse américaine brave l’appareil répressif le plus puissant qui soit. Par son courage, elle suscite l’enthousiasme des exploités et des opprimés de tous les pays. Or c’est cette même jeunesse américaine qui, d’après les sondages, adhère de plus en plus aux idées du « socialisme ». Bien sûr, le contenu de ce « socialisme » reste à clarifier. Cela viendra. L’essentiel est ailleurs. L’essentiel, c’est de voir se lever, aux Etats-Unis mêmes, le drapeau de la lutte contre le système capitaliste. Plus qu’un symbole, c’est un appel révolutionnaire à la jeunesse et aux travailleurs du monde entier.


Sommaire

Face au tsunami économique et social - Edito du n°44
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Le secteur médico-éducatif pendant le confinement
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Une colère insurrectionnelle balaye les Etats-Unis
Appel à rejoindre la Tendance Marxiste Internationale
Le capitalisme affame le monde
Catastrophe mondiale pour les travailleurs du secteur informel
Crise sanitaire et théories du complot
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Massacres impérialistes au Sahel

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