La mort de huit personnes dans l’effondrement de deux immeubles à Marseille, le 5 novembre dernier, a soulevé une puissante vague d’indignation et de colère, dans cette ville. Et pour cause : tout le monde savait qu’un tel drame devait arriver, fatalement, si rien n’était fait. Et rien n’a été fait. Les différents « pouvoirs publics », à commencer par la mairie de Marseille, savaient – et n’ont rien fait. Ce ne fut donc pas un accident, mais un crime avec préméditation.

Dans un communiqué publié le jour même du drame, l’association marseillaise Un centre-ville pour tous dénonçait « l’incurie de la mairie dans la prévention et le traitement de l’habitat indigne et dangereux. [Le maire] Jean-Claude Gaudin a refusé la rénovation au profit des habitants, la lutte contre l’habitat dégradé et les marchands de sommeil, et la production de logement social pour les familles modestes qui y vivent ». Dans la deuxième plus grande ville du pays, le problème des logements insalubres a pris des proportions inouïes. Selon un rapport officiel datant de 2015, Marseille compte 40 000 logements « à risque ». Cela concerne 100 000 personnes, au total, soit 10 % de la population ! Face à cette catastrophe annoncée, que font les autorités « compétentes » ? Comme à leur habitude : rien.

Baromètre

La crise du logement est un baromètre de la crise du capitalisme en général. A un bout de la chaîne se trouvent le chômage, la précarité, les salaires de misère ; à l’autre bout, il y a les SDF, les logements insalubres et surpeuplés, les immeubles en ruine ; entre les deux, la spéculation immobilière, la flambée des loyers, les marchands de sommeil et autres merveilles du « libre marché ».

D’après le dernier rapport de la Fondation Abbé Pierre (2018), pas moins de 12 millions de personnes sont « fragilisées » par rapport au logement, dont 4 millions sont « mal-logées » (contre 3 millions en 2007). Plus de 150 000 personnes dorment sous des tentes, dans des abris de fortune ou sur le pavé. Les listes d’attente des demandeurs de logements sociaux sont interminables. Le nombre de logements disponibles pour les étudiants est très insuffisant. Et ainsi de suite. La situation s’aggrave d’année en année.

Notre programme

Aucune solution ne sera trouvée à ce problème si l’on rechigne à franchir la ligne jaune de la propriété privée capitaliste. La pénurie de logements est profitable aux multimillionnaires qui dominent ce marché, car elle fait grimper le prix du mètre carré des logements, qu’ils soient vendus ou loués.

Le premier point de notre programme porte donc sur l’extension massive du nombre de logements sociaux. Pour ce faire, l’industrie du bâtiment et le savoir-faire collectif des centaines de milliers de travailleurs de ce secteur doivent être mobilisés pour construire au moins 500 000 logements sociaux par an, jusqu’à ce que la demande soit pleinement satisfaite.

La nationalisation des banques donnerait aux pouvoirs publics les ressources nécessaires pour lancer ce vaste plan de construction de logements sociaux. Ceci dit, il n’y a aucune raison pour que l’effort de construction et de rénovation nécessaire, financé par l’Etat, devienne une source de méga-profits pour les grands groupes capitalistes du secteur, qui sont réputés pour l’exploitation brutale qu’y subissent les travailleurs. Pour se donner les moyens d’un grand service public du logement, adapté aux besoins de la population, les grands groupes de l’industrie du bâtiment et les sous-traitants les plus importants du secteur doivent être nationalisés et placés sous le contrôle démocratique de la collectivité.

Les grands groupes qui dominent le secteur immobilier et possèdent des centaines de milliers de logements, les laissant souvent inoccupés à des fins spéculatives, devraient être nationalisés, eux aussi. Leurs biens immobiliers seront ainsi à la disposition de l’Etat. Ces nationalisations ne doivent pas être des rachats mais des expropriations, c’est-à-dire sans indemnisation pour les gros actionnaires. Ils se sont déjà largement payés sur la bête.

De même, les maisons de retraite privées, où les conditions de vie sont notoirement scandaleuses, devraient faire partie d’un service public ayant pour vocation de fournir à toutes les personnes âgées qui en ont besoin un niveau de vie correct, dans le confort et la dignité.

Enfin, la provision de logements est une chose, mais le prix que doivent payer les locataires en est une autre. Il faut imposer un gel immédiat de tous les loyers. Il faut mettre en place des commissions composées de représentants des syndicats et des associations de défense des locataires, afin de valider le montant des loyers exigés par les propriétaires, en fonction de la surface et de la qualité des logements. Il faut aussi supprimer le droit des propriétaires de demander des justificatifs de revenus, le paiement de plusieurs mois de loyer à l’avance ou le versement de cautions excessives, car cela constitue une forme de discrimination à l’encontre des familles et des particuliers à faibles revenus.

Sébastien Vergan – Marseille

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