Après la destruction du Code du travail, la baisse des APL, la sélection à l’université et la hausse de la CSG (entre autres), le gouvernement s’apprête à mener une nouvelle offensive – d’une gravité exceptionnelle – contre le système des retraites.

Depuis 1993 et la loi Balladur, un long processus de régression s’est engagé dans ce domaine. Le calcul des pensions ne se base plus sur les 10 meilleures années de salaires, mais sur les 25 meilleures années, ce qui en a mécaniquement réduit le montant. Même résultat avec l’indexation des pensions sur les prix à la consommation de certains produits, et non plus sur les salaires. En outre, la durée de cotisation, pour bénéficier d’une retraite à taux plein, est d’abord passée de 37,5 à 40 annuités. Puis, en 2003, la loi Fillon l’a repoussée à 41,5 annuités. La loi Woerth de 2010 a fait reculer l’âge de départ à la retraite de 60 à 62 ans. Enfin, en 2014, la durée de cotisation est passée de 41,5 à 43 ans. L’ensemble ces reculs a fait chuter le niveau des retraites.

L’arnaque de la retraite à points

Le 17 novembre 2017, à la demande du Medef, le gouvernement a signé un accord pour la fusion des deux régimes de retraite complémentaire (l’AGIRC, pour les cadres du privé, et l’ARRCO, pour les non-cadres). Le nouveau système modulera la valeur du « point » sur la base duquel sera calculé le montant des retraites complémentaires. Cette modulation se basera sur le déficit du régime – qui sera de 2 milliards d’euros en 2019. Un déficit causé par le refus du Medef d’y injecter des ressources.

Dans la même dynamique, le gouvernement Macron prépare une nouvelle réforme pour 2019. L’ensemble des régimes de bases et complémentaires, y compris les régimes spéciaux de certains travailleurs (cheminots, marins, gaziers, électriciens, etc.), seraient unifiés. Un euro cotisé ouvrirait les mêmes « droits » pour tous les travailleurs, qu’ils soient ouvriers ou cadres supérieurs.

La valeur du point serait modulée suivant plusieurs facteurs. D’abord, sur l’espérance de vie d’une génération : plus celle-ci serait élevée, moins le point serait haut. On aurait donc tout intérêt à mourir vite ! Le cynisme de ce mécanisme rejoint la réalité : un ouvrier a une espérance de vie nettement inférieure à celle d’un cadre.

Ensuite, la valeur du point serait calculée en fonction de la croissance économique et démographique. Au final, personne ne pourrait connaître le montant de sa future retraite. Et les plus précaires seraient les premiers touchés. Les femmes, qui ont souvent des carrières interrompues pour cause de maternité, cotiseraient moins, en moyenne, que les hommes, ce qui aggraverait les inégalités entre les femmes et les hommes.

Privatisation

Tout travailleur pourrait reculer son départ à la retraite si le montant cotisé ne lui suffit pas. Bien sûr, ce « choix » – le couteau sous la gorge – concernerait d’abord les travailleurs aux revenus les plus modestes. Avec un point dévalué, l’âge de départ s’approcherait des 66 ou 67 ans. D’un autre côté, ceux qui le peuvent pourront investir dans des fonds de pension privés, ouvrant ainsi une voie royale au système par capitalisation.

Sous couvert de « simplification », ce système par points est donc une attaque sévère contre l’actuel système par répartition. En dévaluant progressivement la valeur du point (et donc le montant moyen des pensions), il servirait de prétexte pour imposer la privatisation du système des retraites. Il offrirait un marché très lucratif aux compagnies d’assurance, fond de pensions et mutuelles privées.

Passer à l’offensive

Une contre-réforme de cette ampleur suscitera probablement une opposition massive. Mais de simples « journées d’action » syndicales n’en viendront pas à bout. Seule une grève reconductible dans un maximum de secteurs de l’économie pourrait faire reculer le gouvernement. Par ailleurs, le mouvement ouvrier ne doit pas se limiter à des mots d’ordre défensifs, il doit développer un programme offensif, qui pourrait comprendre :

1) L’abrogation de toutes les contre-réformes mises en œuvre depuis 1993.

2) Le droit à une retraite à taux plein au plus tard à 60 ans, avec un maximum de 37,5 annuités de cotisations requises, selon des critères de pénibilité. Aucune pension ne doit être inférieure au SMIC, quel que soit le nombre d’années de cotisations.

3) La fin des exonérations des cotisations patronales et leur relèvement au niveau des besoins de financement des assurances vieillesse, famille et maladie.

4) L’intégration dans le secteur public des maisons de retraite privées et l’embauche massive de personnels dans ce secteur.

5) La nationalisation de toutes les banques privées pour financer des programmes sociaux, la construction d’hôpitaux, de maisons de retraite, de logements – avec les embauches correspondantes.

6) L’expropriation de tous les capitalistes qui, d’une façon ou d’une autre, feraient obstacle à ces mesures.