Le « pacte de responsabilité » annoncé par François Hollande est une nouvelle illustration de sa complète soumission aux intérêts de la classe capitaliste. Comme le gouvernement l’avait fait miroiter au Medef, il propose de supprimer les cotisations familiales que payent les entreprises. L’histoire retiendra que c’est un gouvernement de « gauche » qui donne satisfaction à cette très vieille revendication patronale. Cela représente un cadeau de 30 milliards d’euros.

Insatiable, le Medef fait la moue et demande… 100 milliards. Pourquoi se gêner ? Le patron des patrons, Pierre Gattaz, ajoute qu’il est hors de question, pour le patronat, d’accepter des « contreparties » ou de « contraintes » sur la gestion des entreprises. Et tant pis pour le volet « responsabilité » du pacte !

Mais ce n’est pas tout, car il y a le problème de la dette publique. Aussi, pour « compenser » les dizaines de milliards d’euros de plus jetés dans les caisses du patronat, le gouvernement annonce qu’il fera 50 milliards de coupes dans les dépenses publiques entre 2015 et 2017. Or il serait impossible de réaliser de telles économies sans commencer par supprimer de nombreux emplois dans la fonction publique. Et même des économistes modérés font observer qu’une telle saignée dans les dépenses publiques ne peut que miner la demande, donc aggraver la crise, donc… créer de nouveaux chômeurs. Soit le contraire de l’objectif affiché par le « pacte de responsabilité ».

Pour faire mine de s’intéresser aussi aux salariés, le gouvernement a invité les syndicats de travailleurs à « discuter » avec le Medef des « contreparties » que, d’avance, le Medef annonce rejeter. On peut donc prévoir que les syndicats n’y gagneront rien, si ce n’est peut-être quelques vagues promesses patronales sans lendemain, histoire d’aider le gouvernement à faire passer la pilule.

La réaction de la CGT

Le 28 février, la direction confédérale a publié sur le « pacte de responsabilité » un long document critique. On y trouve beaucoup de chiffres et de données sur l’énorme quantité d’argent public que reçoivent les capitalistes. Par exemple, le document explique qu’il existe au total 4 500 dispositifs d’aides publiques aux entreprises privées, pour un montant total estimé à 200 milliards d’euros par an. En clair, le capitalisme vit sous transfusion d’argent public.

La fraude fiscale représente un manque à gagner de 80 milliards d’euros par an, dont 32 milliards de fraude à la TVA intracommunautaire. Or ce ne sont pas les smicards qui fraudent ! Quant à l’évasion fiscale, elle représente 50 milliards de recettes manquantes. Et là encore, ce ne sont pas les bas salaires qui s’y livrent.

Quelle alternative ?

Comme nous l’avons dit plus haut, le document de la CGT décrit un secteur privé sous transfusion massive et croissante d’argent public. Quelle alternative doit-on défendre ? Ne plus donner d’argent public au secteur privé est la première réponse qui vient à l’esprit. Mais si l’Etat cessait d’alimenter le secteur privé avec 200 milliards d’euros par an et s’il luttait réellement contre les 130 milliards d’euros de fraude et d’évasion fiscales, les capitalistes répondraient par une politique massive de fuite des capitaux, de délocalisations, de fermetures et de chantage à l’emploi. Ce ne serait pas dans l’intérêt des travailleurs.

D’où la nécessité de s’attaquer à la propriété capitaliste et de placer les grands leviers de l’économie sous le contrôle des salariés. L’argent public doit alimenter le secteur public – et ce dernier embrasser l’essentiel de l’économie nationale. Tel est du moins le point de vue marxiste.

Que propose, pour sa part, le document de la direction de la CGT ? De laisser le capitalisme en place, mais de soumettre le versement des aides publiques et la fiscalité patronale à toute une batterie de lois, barèmes, comités et commissions diverses qui « contrôleront » que l’argent donné aux patrons favorise bien l’emploi, la formation, les investissements productifs, les équilibres écologiques et la paix sur terre. Autrement dit, il prétend raviver le malade en variant les doses de cash. Cela ne mènera nulle part. Si les capitalistes n’investissent pas, ne créent pas d’emplois, ferment des usines, ce n’est pas faute d’argent. C’est faute de marchés. Dans un contexte de surproduction massive, ils ne voient aucun intérêt à investir dans la production de marchandises qui ne trouveront pas d’acheteurs. Par contre, ils exercent une pression redoublée pour que l’Etat les inonde d’argent public – et pour tirer un maximum de profits des travailleurs en aggravant leur exploitation de mille et une façons.

La CGT ne peut pas se limiter aux revendications réformistes très modérées que formule ce document. Avec la crise actuelle, il est grand temps que la CGT revienne à ses origines révolutionnaires, lorsqu’elle militait ouvertement pour le renversement du système capitalisme.

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