A en croire la dernière campagne contre la fraude dans les transports en commun lyonnais, cette ville est ravagée par le grand banditisme. Pour comprendre de quoi il retourne, il faut savoir qu'à Lyon, la validité du billet à l’unité n’est pas conditionnée par les trajets parcourus, mais par la durée d’utilisation (une heure). La coutume s'est donc répandue de laisser son billet en cours de validité sur les bornes afin d’économiser l’achat au voyageur qui suivra.

Mais pour les gestionnaires des Transports en Commun Lyonnais (TCL), cette pratique « n’est pas un acte de solidarité ou de générosité ». C'est « de la complicité de fraude et ça se paye » : on risque une amende de 150 euros si l'on est surpris en train de donner son ticket à un usager – ou si l’on utilise un ticket qui a déjà servi à un tiers. Par contre, le défaut de titre de transport expose à une amende de « seulement » 60 euros ! Pour appliquer ces mesures, des escouades de contrôleurs mènent une véritable chasse aux pauvres, sur le réseau lyonnais.

D'après les TCL, la fraude représenterait un manque à gagner d’environ 10 millions d’euros annuels. Mais outre qu'elle est en réalité difficilement chiffrable, la fraude est surtout une conséquence des tarifs prohibitifs, les plus chers de France après Paris, pour un réseau largement moins étendu. Et ces tarifs sont en constante augmentation : les abonnements ont augmenté de 8 à 10 % en moyenne, depuis trois ans. Signalons également qu’en cas de pic de pollution, le ticket journée est toujours payant, alors qu’il devrait logiquement être gratuit – et que la seule navette reliant la ville à l’aéroport coûte la bagatelle de 27,50 euros l'aller-retour !

Tout l'argent investi dans la répression et les ridicules campagnes de « communication » serait plus utile à d'autres choses, comme, par exemple, à la mise en place d’un service de transport en commun gratuit pour tous. Au passage, cela permettrait de réduire la pollution.