Daniel Gluckstein et Pierre Lambert

La Riposte ne s’intéresse pas, en général, aux critiques dont elle est l’objet de la part des différentes sectes pseudo-trotskistes qui s’agitent aux marges du mouvement ouvrier. Ces organisations passent leur temps à se jeter au visage des anathèmes hystériques qui ne font pas avancer le mouvement communiste d’un millimètre, et dont le seul résultat tangible est de discréditer le nom de Trotsky aux yeux de la jeunesse et des travailleurs. On perdrait du temps à trop s’y intéresser. Cependant, à l’heure d’internet, il est possible même au plus insignifiant de ces groupes de mettre en circulation les mensonges les plus incroyables. Aussi sommes-nous parfois contraints d’y répondre.

Dans le n°48 de La Vérité, la revue théorique du Parti de Travailleurs – dont les militants sont connus sous le nom de « lambertistes » –, un long article s’attaque à La Riposte et à différentes sections, à travers le monde, de laTendance Marxiste Internationale. Le problème, comme on le verra, c’est qu’ils n’attaquent pas nos idées, mais une présentation particulièrement malhonnête de ces idées. Nous prions donc le lecteur de bien vouloir nous excuser de devoir répondre, non à une argumentation sérieuse contre nos idées, mais à un cas flagrant de falsification.

Le gouvernement Jospin

Pour commencer sa longue critique de la politique de La Riposte, l’article deLa Vérité soulève la question de notre appréciation du gouvernement Jospin de 1997 à 2002, telle que nous la formulons dans notre article intitulé article 312 . Voici ce que dit La Vérité à son sujet :

« Si La Riposte écrit que “ sur toutes les questions fondamentales, la politique mise en oeuvre par Jospin s’alignait sur la défense des intérêts capitalistes ”, elle n’en note pas moins que “ les quelques mesures positives de son gouvernement – telles que la CMU et la loi sur les 35 heures – n’ont pas empêché la dégradation générale des conditions de vie de la majorité de la population. ” »

Suit une autre citation d’un article de La Riposte : « Certes, dans la politique appliquée par la “gauche plurielle” depuis 1997, tout n’a pas été négatif. En dépit de leurs limites, les emploi-jeunes étaient un pas en avant. La CMU aussi. Cependant, dans l’ensemble, les réalisations du gouvernement ont été un mélange de réformes sociales bâclées et insuffisantes, d’une part, et, d’autre part, de contre-réformes réactionnaires empruntées directement au “plan” d’Alain Juppé ».

Tout ceci paraît assez clair. Cependant, nos critiques disent : « Prenons les principales mesures que La Riposte considère comme “ positives ” », et poursuivent en expliquant les défauts et les aspects inacceptables de ces mesures, comme le fait que l’introduction des 35 heures était souvent accompagnée d’une annualisation des heures de travail et d’avantages aux employeurs, ou encore le fait que les emplois-jeunes étaient en fait des CDD (d’une durée maximum de 5 ans) qui servaient souvent à remplacer des travailleurs en CDI.

Mais c’est exactement ce à quoi La Riposte se réfère quand elle dit que ces réformes étaient « bâclées et insuffisantes » ! Est-ce si difficile à comprendre ? Puisque nos critiques lambertistes ne semblent pas être capables de saisir le rapport entre marxisme et réformisme, citons Lénine à ce sujet. Dans son article Marxisme et réformisme, du 12 septembre 1913, Lénine explique la différence entre le marxisme et réformisme :

« Les marxistes, à la différence des anarchistes, reconnaissent la lutte pour les réformes, c’est-à-dire pour telles améliorations dans la situation des travailleurs qui laissent cependant le pouvoir entre les mains de la classe dominante. Mais, en même temps, les marxistes mènent la lutte la plus énergique contre les réformistes, qui limitent directement ou indirectement aux réformes les aspirations et l’activité de la classe ouvrière. Le réformisme est une duperie bourgeoise à l’intention des ouvriers, qui resteront toujours des esclaves salariés, malgré les améliorations isolées, aussi longtemps que durera la domination du capital.

«  La bourgeoisie libérale donne les réformes d’une main et les reprend toujours de l’autre ; elle les réduit à néant ou les utilise pour assujettir les ouvriers, pour les scinder en différents groupes afin de perpétuer l’esclavage salarié des travailleurs. C’est pourquoi le réformisme, même lorsqu’il est absolument sincère, devient en fait pour la bourgeoisie un instrument de corruption et d’affaiblissement des ouvriers. L’expérience de tous les pays montre qu’en faisant confiance aux réformistes, les ouvriers ont toujours été dupes.

« Au contraire, si les ouvriers ont assimilé l’enseignement de Marx, c’est-à-dire s’ils ont pris conscience du fait que l’esclavage salarié est inévitable aussi longtemps que dure la domination du capital, ils ne se laisseront tromper par aucune réforme bourgeoise. Comprenant que, si le capitalisme est maintenu, les réformes ne peuvent être ni durables, ni sérieuses, les ouvriers luttent pour les améliorations qu’ils utilisent pour poursuivre une lutte plus opiniâtre contre l’esclavage salarié. Les réformistes s’efforcent de diviser et de tromper les ouvriers au moyen d’aumônes, de les détourner de la lutte de classe. Les ouvriers qui ont compris la fausseté du réformisme utilisent les réformes pour développer et étendre leur lutte de classe.

« Plus l’influence des réformistes sur les ouvriers est forte, et plus les ouvriers sont impuissants, plus ils sont sous la coupe de la bourgeoisie, plus il est facile pour celle-ci de réduire à néant les réformes par des subterfuges divers. Plus le mouvement ouvrier est indépendant, plus ses objectifs sont profonds et vastes, plus il est affranchi de l’étroitesse du réformisme, et mieux les ouvriers réussissent à consolider et à utiliser des améliorations isolées. » (Lénine,Oeuvres complètes, Vol. 19, p.399).

Avec quelle clarté Lénine formule cette question ! Cette citation s’applique précisément à la situation en France. Les travailleurs lutteront toujours pour des réformes, des augmentations de salaire et d’autres revendications partielles – pour des « améliorations dans la situation des travailleurs qui laissent cependant le pouvoir entre les mains de la classe dominante », comme le dit Lénine. En effet, sans une lutte quotidienne pour de telles améliorations sous le capitalisme, la révolution socialiste serait impossible. Ce qui nous distingue des réformistes n’est pas le fait qu’ils proposent des réformes, mais le fait qu’ils ne luttent pas d’une façon déterminée pour des réformes, qu’ils capitulent face à la résistance des capitalistes, qu’ils font des compromis et finissent pas mener une politique de contre-réformes.

Le fait est que, dans les conditions actuelles, aucune réforme significative ne peut être consolidée sur la base du capitalisme. Partout, la classe dirigeante reprend des concessions qu’elle a accordées, par le passé, sous la pression de la classe ouvrière et de ses organisations. L’« Etat-providence » est démantelé. La seule façon de défendre les conquêtes du passé réside dans une lutte ouverte contre la classe capitaliste – lutte qui posera inévitablement la question du pouvoir. C’est une évidence, d’un point de vue marxiste. Mais cela signifie-t-il que la lutte pour des réformes n’est plus nécessaire ? Une telle conclusion serait entièrement fausse et ne ferait qu’isoler les marxistes de la classe ouvrière, qui comprend la nécessité de défendre les salaires et les conditions de travail contre les attaques des capitalistes.

Les Lambertistes s’indignent du fait que La Riposte soutienne des revendications comme la semaine de 35 heures, ou d’autres réformes. Ils considèrent que ces réformes n’avaient rien de positif, qu’elles étaient en fait des contre-réformes réactionnaires. Mais si c’était vrai, ils doivent nous expliquer pourquoi la droite, revenue au pouvoir en 2002, avait l’intention d’abolir complètement la loi sur les 35 heures. Et ils doivent expliquer pourquoi les travailleurs se sont mobilisés pour défendre les 35 heures, obligeant la droite à faire marche arrière et à limiter son attaque à divers « ajustements » réactionnaires.

La même chose est vraie de la Couverture Maladie Universelle (CMU), qui offre un niveau de soin minimum à une partie de la population qui en était jusqu’alors largement privée. Certes, la CMU ne va pas assez loin. C’est une réforme « insuffisante et bâclée ». Mais c’est néanmoins un pas en avant qui mérite d’être défendu contre toute tentative de revenir dessus, de même qu’il était de notre devoir de nous opposer à l’abolition des emplois-jeunes par le gouvernement Raffarin – malgré les défauts des emplois-jeunes. Est-ce réellement si difficile à comprendre ?

La Riposte et le PCF

Nos critiques en viennent ensuite à la position de La Riposte sur la question d’une éventuelle participation du PCF à un gouvernement de gauche dominé par le Parti Socialiste. Ils citent la réponse de La Riposte à la question : « est-ce que le PCF devrait accepter de gouverner avec le PS ? » : « Pas dans n’importe quelles conditions. Selon nous, il devrait être hors de question de participer à un gouvernement de gauche qui, à l’instar du gouvernement Jospin, privatise massivement et, sur toutes les questions fondamentales, aligne sa politique sur les intérêts des capitalistes. Le PCF devrait se dire prêt à gouverner avec les dirigeants du PS à condition que ceux-ci s’engagent sur un programme de mesures décisives pour défendre les intérêts des travailleurs et pour briser le contrôle des capitalistes sur l’économie. »

Après avoir cité ce passage – qui semble limpide – La Vérité affirme que La Riposte est… favorable à la participation du PCF dans un futur gouvernement de gauche ! Or, pour quiconque sait lire, il est parfaitement clair que la position de La Riposte est que la participation du PCF à un gouvernement socialiste doit être conditionnée au programme de ce même gouvernement. Ainsi, nous n’avons pas affaire, de la part de La Vérité, à une critique de la politique de La Riposte, mais à une interprétation délibérément fausse et malhonnête de nos idées.

Nos critiques nous reprochent à cette occasion de « ne pas dire que, comme pour le gouvernement Jospin, la condition première [de toute politique conforme aux intérêts des travailleurs] serait de rompre avec Maastricht et l’Union européenne, volonté qu’a exprimée la majorité du peuple en votant non le 29 mai 2005 ! »

Cela nous amène à ce qui est une véritable idée fixe, chez les Lambertistes, à savoir la nécessité, pour la France, de rompre aussi bien avec le Traité de Maastricht qu’avec l’Union Européenne – dont La Vérité prétend que La Riposte est une fervente supportrice, cependant que notre camarade Alan Woods est accusé de considérer le Traité de Maastricht comme « un point d’appui pour la lutte des classes en Europe ». Sur cette question, comme sur beaucoup d’autres, il n’est pas difficile de démontrer que La Vérité est en fait un tissu de mensonges. Ce qui est exact, cependant, c’est que La Riposte ne s’oppose pas à l’Union Européenne pour les mêmes raisons que La Vérité, laquelle oppose au Traité de Maastricht – capitaliste – et à l’Union Européenne – réactionnaire – la défense d’une « République française » tout aussi capitaliste et réactionnaire, mais que La Vérité semble considérer comme progressiste.

Mais avant d’en venir à la question de l’Union Européenne, finissons de clarifier celle concernant la politique du PCF et de son éventuelle participation dans un futur gouvernement de gauche. Nos critiques citent un article de La Riposte dans lequel nous écrivions que Marie-George Buffet « a raison – mieux vaut tard que jamais – quand elle dit que la gauche a perdu en 2002 " parce qu’elle n’a pas osé affronter les tenants du système capitaliste", allant de " concessions en concessions " et " d’adaptation en adaptation " aux intérêts capitalistes ». La Vérité exprime alors son désaccord dans les termes suivant : « Mais ce qui caractérise la politique de Marie-George Buffet, n’est-ce pas précisément de chercher un accord de gouvernement avec ceux qui, au Parti Socialiste, soutiennent ouvertement l’application des directives européennes ? »

Mais en quoi cette remarque invalide-t-elle ce qu’écrit La Riposte ? Marie-George Buffet avait-elle raison lorsqu’elle disait que les causes de l’échec du dernier gouvernement de gauche résidaient dans le fait qu’il ne s’était pas opposé aux capitalistes, qu’il leur avait fait de nombreuses concessions ? Oui ou non ? La réponse est clairement : oui, elle avait raison. Et quand La Ripostedit : « mieux vaut tard que jamais », cela signifie simplement que Buffet aurait dû le déclarer et en tirer les conclusions pratiques à l’époque du gouvernement de gauche, et non après la défaite de 2002. Où est le problème ? Là encore, nos critiques brandissent leur chétive petite épée sans porter le moindre coup.

Maastricht – encore et toujours !

Après avoir tenté, en vain, de discréditer La Riposte, les Lambertistes en reviennent à leur grande obsession : l’Union Européenne et le Traité de Maastricht. Et ils attribuent à La Riposte l’idée que le plus grand danger, pour les travailleurs, viendrait de « tous ceux qui critiquent Maastricht, l’Euro et l’Union européenne » ! Ici, l’impudence de nos critiques atteint des sommets. Car quelle était la position de La Riposte, à l’époque du référendum sur le Traité Maastricht ? Avons-nous appelé à voter « oui », ou à s’abstenir ? Pas du tout. Nous avons appelé à voter « non ». En conséquence, soit les Lambertistes ne savent pas lire le français, soit ils se livrent une nouvelle fois au mensonge pur et simple.

La Riposte a effectivement critiqué divers éléments de la gauche française qui se sont opposés à l’Union Européenne non du point de vue de l’internationalisme révolutionnaire, mais d’un point de vue réformiste ou nationaliste (« souveraineté nationale », « indépendance » de la République capitaliste française, etc. ). Les critiques de La Riposte visaient leur perspective réformiste et nationaliste – c’est-à-dire, précisément, la perspective que défendent les Lambertistes. Evidemment, notre critique marxiste du nationalisme petit-bourgeois énerve au plus au point les Lambertistes :

« Polémiquant contre ceux qui " demandent aux travailleurs de s’opposer à l’Union Européenne, afin d’éviter, disent-ils, le bradage de la « souveraineté nationale » ", La Riposte déclare : " Là aussi, nous nous trouvons sur un terrain tout à fait nationaliste, dépourvu du moindre atome de contenu progressiste ou socialiste " ». Et La Vérité s’exclame alors : « S’opposer aux directives supranationales de privatisation, de déréglementation, défendre dans chaque nation les acquis arrachés par la lutte de classe serait donc réactionnaire ? »

Ainsi, de notre opposition socialiste et internationaliste à l’Union Européenne, les Lambertistes se croient permis de déduire que, pour La Riposte, l’opposition aux privatisations et aux conquêtes sociales du passé est réactionnaire ! Tel est le niveau de stupidité de leurs critiques. En réalité, La Riposte s’est toujours fermement opposée aux privatisations, que celles-ci aient été menées par des gouvernements de gauche ou des gouvernements de droite. En prétendant le contraire, les représentants du Parti des Travailleurs mentent ouvertement à leurs adhérents et aux lecteurs qu’ils peuvent avoir en dehors de leur organisation.

Par exemple, dans notre article PCF : stratégie électorale, programme et participation gouvernementale , nous écrivions : « Nous devons revendiquer l’intégration dans le programme du parti de la nationalisation, sous le contrôle démocratique des travailleurs, de toutes les banques sans exception, de toutes les grandes entreprises industrielles et de toutes les grandes chaînes de distribution. Le socialisme ne signifie pas la nationalisation des petites entreprises, des cafés et des boulangeries, mais les communistes doivent expliquer inlassablement que l’épine dorsale de l’économie nationale doit être arrachée des mains des capitalistes et placée fermement dans le domaine public et sous le contrôle démocratique du salariat. De cette manière, et seulement de cette manière, un futur gouvernement de gauche pourrait se donner les moyens d’un vaste programme de réforme sociale, dont une réduction de la semaine du travail, une augmentation des salaires, un emploi garanti pour tous, ainsi que la provision des ressources financières nécessaires à des services sociaux de qualité et accessibles à tous. » Mais de tout cela, La Vérité conclue allègrement que, pourLa Riposte, « l’opposition aux privatisations est réactionnaire » !

La Riposte s’oppose à l’Union Européenne capitaliste. Mais contrairement au Parti des Travailleurs, elle ne le fait pas sur la base d’une prétendue défense de la « République Française », laquelle est tout aussi capitaliste et réactionnaire que l’UE. La Riposte ne prétend pas que cette République capitaliste repose sur les principes de « Liberté, égalité, fraternité », car comment pourrait-il y avoir égalité entre exploiteurs et exploités ? La Riposten’orne pas ses critiques de l’UE des couleurs du drapeau national, d’images de Marianne ou d’autres symboles nationalistes bourgeois. La Riposte milite pour le renversement du capitalisme, l’établissement d’une République socialiste, en France, et pour la création d’une Fédération socialiste d’Europe. Voilà ce qui, d’après nos critiques lambertistes, équivaut à soutenir l’Union Européenne !

Il n’est pas vrai, non plus, que La Riposte soutient le traité de Maastricht. Encore une fois, nous avons appelé à voter « non » lors du référendum sur ce traité. Cependant, à la différence des Lambertistes, nous ne pensons pas que le traité de Maastricht soit la cause fondamentale des contre-réformes qui sont menées par tous les Etats membres de l’UE. Ces mêmes contre-réformes sont d’ailleurs menées partout, dans le monde capitaliste, et pas seulement dans les pays qui ont signé le traité de Maastricht. Elles sont la conséquence de la crise du système capitaliste. C’est cela, et non le traité de Maastricht, qui est la cause fondamentale des attaques constantes contre les droits et les conditions de vie des travailleurs.

Disons les choses le plus simplement possible, de façon à ce que même les dirigeants du Parti des Travailleurs puissent les comprendre : si le traité de Maastricht n’avait pas été ratifié, la situation des travailleurs, sous le capitalisme, ne serait pas fondamentalement différente de ce que nous connaissons. Quiconque en doute devrait réfléchir au rejet du traité constitutionnel, en 2005. La Riposte s’est opposé à ce traité, a appelé à voter « non », mais nous avons prévenu que la victoire du « non », à elle seule, ne résoudrait rien. Cela s’est avéré parfaitement correct. Depuis le 29 mai 2005, de nouvelles attaques ont été lancées par les gouvernements et les capitalistes contre les droits et conditions de travail des salariés, en France comme dans tous les pays d’Europe. De fait, la politique réactionnaire préconisée par le traité constitutionnel, et qui est mise en œuvre depuis plusieurs années, continue d’être appliquée depuis le 29 mai 2005.

L’idée de base qu’on retrouve dans toute la propagande nationaliste du PT, c’est que la Commission Européenne agit contre les intérêts de la France capitaliste, de l’Etat capitaliste « Républicain », et que les travailleurs devraient rallier le drapeau de cette République pour la défendre contre la Commission Européenne. Or en fait, l’Etat français a toujours joué un rôle décisif dans la définition des politiques de l’Union Européenne, lesquelles politiques sont directement soumises aux intérêts des capitalistes français et européens. Sur certaines questions, comme par exemple les subventions agricoles, des conflits ont éclaté entre les différents Etats nationaux capitalistes constituant l’UE. Mais lorsqu’il s’agit de s’attaquer au niveau de vie de la classe ouvrière, les principales puissances de l’UE sont d’accord sur toute la ligne.

La Commission Européenne est un instrument aux mains des plus puissants Etats européens, dont la France. Les capitalistes français et allemands n’accepteront jamais que la Commission prenne une seule mesure significative qui soit contraire à leurs intérêts fondamentaux. L’idée du PT, qu’on trouve dans un autre article du même numéro de La Vérité, selon laquelle la Commission Européenne serait en train de démanteler la République française capitaliste « une et indivisible », en essayant de la parcelliser en plus petits Etats, ce que le PT appelle la « balkanisation » de la France – cette idée est parfaitement absurde. Et elle montre jusqu’où la direction du PT est prête à aller, en matière de nationalisme et de « républicanisme » bourgeois, dans sa tentative de freiner le déclin de son organisation.


Photo : Daniel Gluckstein (gauche) et Pierre Lambert (droite), dirigeants du Parti des Travailleurs