Le membres du MJCF peuvent signer cette contribution en nous écrivant.

Notre congrès se tiendra au lendemain des élections présidentielles du 3 décembre, au Venezuela. Ces élections seront une étape importante dans le développement de la révolution vénézuélienne. Elles verront une lutte féroce entre, d’un côté, les travailleurs et les paysans vénézuéliens, et de l’autre l’oligarchie et l’impérialisme. Dans les semaines qui précéderont ces élections, la presse capitaliste française prendra certainement place dans le concert des critiques du gouvernement Chavez. Des tonnes de mensonges et de calomnies seront déversés par nos médias « indépendants ». Dans ce contexte, il est de notre devoir d’expliquer au plus grand nombre de jeunes possible ce qui se passe vraiment au Venezuela, et pourquoi la jeunesse et le mouvement ouvrier doivent soutenir activement cette révolution.

L’émergence d’Hugo Chavez et sa victoire aux élections présidentielles de 1998 s’expliquent par l’impasse dans laquelle se trouve le capitalisme, au Venezuela. En 1989, à Caracas, l’armée a été lancée contre une insurrection provoquée par la mise en place d’un programme de « réformes » frappant de plein fouet les couches les plus défavorisées de la société. La répression fut particulièrement sanglante, laissant au moins plusieurs centaines de morts dans les rues de la capitale. Au sein de l’armée, les mutineries et protestations se sont multipliées. Bon nombre de soldats et de jeunes officiers - dont Chavez - étaient solidaires des insurgés et révoltés contre l’utilisation de l’armée pour réprimer le peuple. En février 1992, Chavez a pris la tête d’une insurrection militaire qui a tenté de soulever le peuple contre le gouvernement. Mais cette tentative échoua, et Chavez fut emprisonné pendant deux ans. A sa sortie de prison, il constitua une mouvement politique, le « Mouvement pour la Ve République ». Lors des élections présidentielles de 1998, Chavez a bénéficié du soutien des couches sociales les plus pauvres des campagnes ainsi que de la jeunesse et des travailleurs, dans les villes, et a remporté le scrutin avec plus de 60% des voix.

Le programme initial de Chavez n’était pas révolutionnaire. Mais son élection a ouvert la voie à une puissante vague de mobilisation populaire. Le peuple avait enfin l’un des siens au pouvoir, et voyait dans la défaite de la droite l’occasion d’en finir avec l’oppression et les inégalités flagrantes. Près de 10 000 « cercles bolivariens » ont été organisés dans les quartiers des grandes villes et dans les villages. Chavez a réalisé un certain nombre de réformes sociales qui lui ont valu d’être haï par les classes dirigeantes du Venezuela et des puissances impérialistes étrangères. En 2005, près de 4000 écoles bolivariennes avaient été construites et 36 000 enseignants embauchés. Un programme de lutte contre l’illéttrisme a permis d’alphabétiser plus d’1,4 millions de vénézuéliens. 2,2 millions d’hectares de terres ont été distribués à 116 000 familles paysannes organisées en coopératives. Le programme de santé a touché 17 millions de vénézuéliens. Grâce à la présence de quelques 13 000 docteurs cubains et l’ouverture de nombreux centres médicaux gratuits, 1,2 millions de vénézuéliens ont eu accès à des soins pour la première fois de leur vie.

L’administration américaine, en particulier, voyait d’un très mauvais œil l’installation d’un gouvernement qu’elle jugeait trop sensible aux revendications sociales et qui ne pouvait, à ses yeux, qu’encourager la mobilisation des classes exploitées. La « masse obscure », dont l’inertie et la soumission constitue la condition sine qua non de la sécurité des intérêts impérialistes, était désormais debout !

Le coup d’Etat d’avril 2002

En 2002, Chavez a pris des mesures contre la clique corrompue qui dirigeait l’industrie pétrolière (PVDSA). Les éléments les plus véreux parmi les dirigeants de la compagnie ont été relevés de leurs fonctions. En agissant de la sorte, Chavez empiétait directement sur les intérêts des compagnies pétrolières américaines. Dès lors, de nombreux gouvernements étrangers, dont ceux de Washington et de Madrid, ont décidé qu’il fallait au plus vite se débarrasser de Chavez et remettre une fois pour toutes le peuple vénézuélien à sa « juste place ».

Le 11 avril 2002, un coup d’Etat militaire a eu lieu. Mené par des généraux réactionnaires de l’armée vénézuélienne, il avait été soigneusement préparé. Il était soutenu activement par le gouvernement des Etats-Unis, la presse réactionnaire, les principales chaînes de télévision, les dirigeants des entreprises capitalistes et des banques, des dirigeants syndicaux corrompus et l’Eglise catholique. Dans la journée, des francs-tireurs agissant pour le compte des putschistes ont ouvert le feu sur des manifestants, et les médias ont prétendu que la fusillade avait eu lieu sur ordre de Chavez. Le palais présidentiel fut cerné par les putschistes, qui ont aussitôt adressé un ultimatum à Chavez. Il devait immédiatement se constituer prisonnier, sans quoi le palais serait bombardé. Chavez a obtempéré. Il a été éloigné de la capitale et enfermé dans une cellule.

La seule chaîne de télévision publique a été privée d’antenne, tandis que les chaînes privées hostiles à Chavez annonçaient la démission du président. Un nouveau gouvernement et un nouveau président ont été nommés. La Constitution a été suspendue. Le nouveau gouvernement a immédiatement été reconnu par les Etats-Unis et l’Espagne.

Cependant, après quelques heures de confusion, les travailleurs et la jeunesse de la capitale se sont mobilisés. Plusieurs centaines de milliers de manifestants sont descendus dans la rue pour réclamer une preuve de la démission du président. Ils voulaient savoir où se trouvait Chavez. D’immenses foules, de plus en plus convaincues qu’il s’agissait d’un coup d’Etat déguisé en démission présidentielle, se sont formées devant le palais et les casernes. Finalement, devant l’ampleur de la mobilisation, les soldats en poste à l’intérieur du palais sont passés à l’action et les membres du nouveau gouvernement ont été arrêtés. Dans les casernes, la majorité des militaires se sont soulevés contre les auteurs du coup d’Etat. La tentative contre-révolutionnaire a échoué et, le 13 avril, Chavez a pu être ramené vivant à Caracas.

Ces événements démontrent, une fois de plus, que la classe capitaliste n’hésite pas à recourir à la violence lorsqu’elle estime que ses intérêts fondamentaux sont en jeu. Elle ne tolère la démocratie que dans la mesure où celle-ci ne porte pas atteinte à sa propriété, ses privilèges et son pouvoir.

Le lock-out patronal

Après l’échec du coup d’Etat, il aurait été possible de mobiliser les travailleurs, les jeunes et les paysans pauvres pour mettre définitivement fin au système capitaliste. Les généraux putschistes, les banquiers, les capitalistes et l’ensemble de la classe dirigeante étaient impliqués dans le complot, et des mesures décisives à leur encontre - la nationalisation des grandes entreprises privées et des banques, l’expropriation des terres des grands propriétaires, l’arrestation et l’incarcération des auteurs du putsch - auraient étaient massivement soutenues par la population. Chavez, cependant, n’a pas agi de la sorte. Il a cherché à rassurer ceux qui auraient pu le tuer. Aucun des militaires responsables du putsch n’a été condamné. Mais la faiblesse invite à l’agression, et les contre-révolutionnaires ont profité de l’attitude conciliante de Chavez pour préparer une nouvelle offensive, qui s’est concrétisée par la campagne de sabotage et de déstabilisation économique déclenchée le 2 décembre 2002.

Cette campagne visait à miner la popularité du gouvernement Chavez en étranglant l’économie nationale. Au moyen d’un lock-out massif privant des centaines de milliers de salariés de leur emploi, mais aussi en paralysant la distribution des denrées de première nécessité et en bloquant les ports et le commerce international, les capitalistes voulaient créer un contexte social et économique susceptible de préparer le terrain à un nouveau coup d’Etat. La cible principale des saboteurs était la PDVSA, qui réalise 75% des exportations du pays et fournit 50% des revenus de l’Etat. Entre le 2 et le 6 décembre, 23 pétroliers ont été privés d’accès aux terminaux de chargement. Le Venezuela est l’un des principaux fournisseurs de pétrole des Etats-Unis. De même que l’impérialisme américain a voulu s’emparer du pétrole irakien, il veut mettre la main sur les ressources pétrolières du Venezuela. Le renversement de Chavez et le retour de la droite ouvriraient la voie à la privatisation de la PDVSA au profit des compagnies pétrolières américaines.

La campagne de sabotage patronal, que les médias français ont présenté comme une « grève générale » contre le « régime autoritaire » de Chavez, a été mise en échec par une mobilisation massive de la population vénézuélienne, et notamment des travailleurs du secteur pétrolier. Ce sont eux qui ont réparé ou remplacé les installations sabordées par les directeurs et les cadres supérieurs de l’industrie. A la raffinerie de Puerto la Cruz, comme à celle d’El Palito et au centre de distribution de Yagua, les travailleurs ont occupé les lieux et, d’une façon organisée et méthodique, ont rétabli le fonctionnement normal des installations. Ceci a été accompli sous le contrôle démocratique des salariés eux-mêmes et sous la direction de leurs représentants directs, élus et révocables à tout moment.

Il ne fait pas de doute que le gouvernement de Chavez doit sa survie à l’initiative révolutionnaire des travailleurs du secteur pétrolier. L’action de ces travailleurs constitue une preuve irréfutable de la capacité de la classe ouvrière à se passer des employeurs et à diriger elle-même la société. La PDVSA est la cinquième entreprise industrielle du continent latino-américain et figure parmi les cinquante entreprises les plus importantes au monde. Son fonctionnement implique une technologie très moderne. Ce fait majeur, aux implications colossales pour les travailleurs du monde entier, a été sciemment ignoré par l’industrie audiovisuelle et par la presse écrite, en France comme ailleurs. Et pour cause : l’expérience du contrôle ouvrier au Venezuela indique le moyen par lequel on pourrait sortir du chaos économique et de la régression sociale qu’impose le capitalisme aux peuples du monde entier.

Les salariés de la PDVSA ont bénéficié du soutien de la vaste majorité des travailleurs et des jeunes vénézuéliens. Le peuple s’est mobilisé pour protéger les raffineries et empêcher de nouveaux actes de sabotage. En concertation avec la garde nationale et les soldats révolutionnaires, les travailleurs du pays ont assuré la distribution du pétrole pendant les 63 jours du lock-out. Le 23 janvier, une manifestation contre le lock-out mobilisait plus de 2 millions de personnes. L’opposition n’eut d’autre choix que de renoncer à sa campagne de sabotage.

Le référendum d’août 2004

Au lendemain de son arrivée au pouvoir, Chavez a fait voter une nouvelle Constitution. Elle comprend notamment la possibilité de révoquer tous les élus - y compris le président - à mi-mandat. L’opposition, qui n’a jamais cessé d’accuser Chavez d’être un « dictateur », n’en a pas moins utilisé cette clause constitutionnelle pour tenter, une troisième fois, de renverser le gouvernement.

L’organisation du référendum était elle-même le résultat d’une fraude massive de la part de l’opposition. La possibilité d’organiser un référendum révocatoire supposait que 2,4 millions de signatures soient rassemblées dans la population. Or, l’opposition s’est livrée à une fraude massive, n’hésitant pas à faire signer plusieurs fois la même personne, ou encore à faire signer les morts... Même des membres de l’opposition l’ont reconnu. Cependant, face aux énormes pressions de l’opposition et de Washington, le gouvernement vénézuélien a décidé d’organiser tout de même le référendum.

La contre-révolution espérait s’appuyer sur le référendum pour destituer Chavez, revenir au pouvoir et liquider les acquis de la révolution bolivarienne. Mais les choses ne se sont pas passées comme prévues. L’opposition misait sur la complicité de deux agences de l’impérialisme américain : l’Organisation des Etats Américains (OEA) et le Centre Carter, ce dernier étant dirigé par l’ex-président des Etats-Unis Jimmy Carter, dont l’hostilité à l’égard du mouvement révolutionnaire vénézuélien ne fait aucun doute. Les « observateurs » de ces deux institutions (financées par le gouvernement américain) étaient officiellement venus pour contrôler et valider le processus électoral - en réalité, pour si possible en contester le résultat au profit de la contre-révolution. Le 15 août 2004, la journaliste du Monde Marie Delcas écrivait : « plus le résultat sera serré, plus le rôle des observateurs électoraux sera crucial : de leur jugement pourrait bien dépendre la suite des évènements. » Ce qu’il fallait lire entre ces lignes hypocrites, c’est qu’en cas de résultat serré, l’OEA et le Centre Carter auraient pu tenter de proclamer leurs propresrésultats.

Mais voilà : le résultat a donné une écrasante majorité aux partisans de Chavez. Sur la base d’un taux de participation de 90%, près de 60% des électeurs ont réclamé le maintien d’Hugo Chavez au poste de président. L’opposition, qui a immédiatement contesté le résultat des élections, a dû cependant se résoudre à l’échec. Jimmy Carter, qui n’est pas complètement stupide, a très certainement fait pression sur l’opposition pour qu’elle renonce à tenter un nouveau coup de force. En effet, un tel scénario aurait inévitablement débouché sur une guerre civile - que la contre-révolution aurait eu de bonnes chances de perdre.

Le socialisme et le « contrôle ouvrier »

Marx disait que « pour avancer, la révolution a parfois besoin du fouet de la contre-révolution ». A trois reprises, le fouet de la contre-révolution s’est abattu sur la révolution vénézuélienne. A chaque fois, la magnifique mobilisation des masses a sauvé la situation. Dans le même temps, ces victoires ont porté le mouvement à un niveau supérieur. Les éléments les plus conscients du mouvement, et en particulier les militants ouvriers, ont commencé à comprendre que, malgré quelques améliorations, rien de fondamental n’avait changé, et que les grandes luttes étaient encore à venir. Cette effervescence qui est apparue, surtout dans la foulée du référendum, continue à ce jour.

Le début de l’année 2005 a marqué un tournant dans le processus révolutionnaire. Chavez lui-même a reconnu que l’idée d’une « troisième voie » entre le capitalisme et le socialisme était une « farce ». Il s’est prononcé en faveur du socialisme, et, depuis, ne cesse de répéter que « le socialisme est la seul issue ». Certes, ce que Chavez entend par « socialisme » n’est pas clair. Mais désormais, le mouvement bolivarien débat largement du socialisme, et c’est là un fait très progressiste.

Cette évolution ne s’est pas limitée aux discours de Chavez. Face à la vague de fermetures et de faillites décrétées par les patrons, la classe ouvrière est passée à l’action. Un certain nombre d’usines ont été occupées. Dans plusieurs cas, les travailleurs ont exigé et obtenu la nationalisation de l’usine sous leur contrôle (Venepal, CNV, etc.). Le débat sur la « cogestion » (en fait, le « contrôle ouvrier ») s’est généralisé à l’ensemble du mouvement ouvrier et syndical.

Au début, Chavez a dit que Venepal - une grande entreprise de papier, nationalisée en janvier 2005 - serait une exception. Mais désormais, il parle de centaines d’entreprises qui devraient être nationalisées dans le cadre du système de « cogestion ». Il a présenté une liste de 1149 usines qui ont été fermées par les patrons, et a dit que si elles n’étaient pas rouvertes sous contrôle ouvrier, elles seraient expropriées.

Une leçon pour le mouvement ouvrier français

Les nationalisations d’entreprises fermées, au Venezuela, sont une leçon précieuse pour le mouvement ouvrier français. En France, nous sommes aussi confrontés à une épidémie de fermetures, de délocalisations et de plans sociaux. De nombreuses entreprises ferment, du jour au lendemain, par la simple volonté des actionnaires, dont la marge de profit est la seule préoccupation. Or, trop souvent, les partis de gauche et les organisations syndicales n’ont rien d’autre à proposer aux travailleurs concernés que la recherche de « repreneurs », c’est à dire de capitalistes qui accepteront d’investir dans l’entreprise menacée de fermeture. Cependant, 9 fois sur 10, lorsque des capitalistes se manifestent pour « reprendre l’affaire », ils exigent une révision à la baisse des conditions de travail, des salaires - quand ils ne licencient pas une partie du personnel.

L’alternative à cette fausse solution, les salariés vénézuéliens de Venepal et de la CNV nous l’ont montrée. Face à une fermeture ou un plan social, nous devrions, nous aussi, revendiquer l’expropriation de l’entreprise - sans indemnités pour les gros actionnaires - et sa nationalisation sous le contrôle démocratique des salariés. Certes, une telle mesure empiéterait sur la « propriété privée » de la classe dirigeante. Mais justement, la propriété capitaliste est devenue un obstacle au progrès social. De manière générale, il est impossible de s’attaquer efficacement au chômage, à la précarité et à tous les autres problèmes sans remettre en cause le contrôle de l’économie par une poignée de grands patrons et actionnaires. Les travailleurs vénézuéliens nous montrent la voie !

Vers le socialisme !

Les premières nationalisations vont dans la bonne direction. Cependant, « une hirondelle ne fait pas le printemps », et quelques nationalisations ne font pas une révolution socialiste. Le fait est que l’oligarchie détient et contrôle toujours des secteurs clés de l’économie nationale. C’est le cas, notamment, du secteur bancaire (contrôlé à 80% par des multinationales espagnoles), mais aussi de la distribution alimentaire, des télécommunications et de nombreuses industries. Or, les capitalistes n’hésiteront pas à se servir de ce pouvoir pour saboter l’économie - ce qu’ils font déjà.

Une authentique économie socialiste et planifiée n’a rien à voir avec le régime totalitaire et bureaucratique qui existait dans la Russie stalinienne. Elle repose sur la participation démocratique les travailleurs eux-mêmes, et leur contrôle de l’économie, à tous les niveaux. Libérée de la dictature du profit privé, l’économie se développera à un rythme sans précédent. Le chômage disparaîtra très rapidement et il y aura une hausse générale du niveau de vie.

Avec le développement de l’économie et l’amélioration des conditions de vie des masses, il sera possible de mettre en place une réduction générale du temps de travail, sans porter préjudice à sa productivité. Sous le capitalisme, l’introduction de nouvelles machines et de nouvelles technologies ne conduit pas à une réduction du temps de travail - mais, au contraire, à une augmentation permanente du temps de travail et des cadences. Dans une économie socialiste planifiée, l’utilisation généralisée de nouvelles technologie permettra une réduction du temps de travail, qui est la condition première d’une participation des masses à la gestion de l’industrie et de l’Etat, tout comme à l’art, la science et la culture. Telles sont les seules et uniques bases matérielles sur lesquelles sera bâti le socialisme, au Venezuela.

La question de l’Etat

Comme l’expliquait Marx, une authentique révolution ne peut pas simplement se saisir de l’Etat existant et l’utiliser pour ses objectifs révolutionnaires. L’Etat dont la révolution bolivarienne s’est saisie était un Etat capitaliste, conçu pour défendre les intérêts des exploiteurs et reposant sur la corruption et la répression du peuple.

Qu’est-ce qui a changé, depuis 1998 ? Quelques-uns des pires éléments ont été purgés, et il y a d’honnêtes officiels bolivariens qui s’efforcent de répondre aux aspirations du peuple. Mais dans chaque ministère, il y a beaucoup de gens qui, sous leur T-shirt rouge, travaillent contre la révolution. La corruption et l’abus sont largement répandus, et l’influence des éléments contre-révolutionnaires est une menace constante pour la révolution.

Pour être victorieuse, la révolution devra éradiquer tous les éléments corrompus et réactionnaires qui subsistent au sein de l’Etat, qui doit être placé sous le contrôle démocratique des travailleurs, à tous les niveaux. Les fonctionnaires ne doivent pas toucher un salaire supérieur à celui d’un ouvrier qualifié. Tous les officiels doivent être élus et révocables à tout moment s’ils ne respectent pas les volontés du peuple. C’est la seule façon d’extirper le cancer de la bureaucratie du corps de la révolution, et de créer les conditions d’une participation de tout le peuple à l’administration de l’industrie, de la société et de l’Etat - participation sans laquelle le socialisme n’est qu’un mot creux.

Pour une Fédération Socialiste de l’Amérique latine !

La révolution vénézuélienne se réclame de Simon Bolivar. Mais quel était le programme de Bolivar ? L’unification révolutionnaire de l’Amérique latine. Or, les oligarchies latino-américaines, complètement soumises à l’impérialisme, sont incapables d’unifier le continent. Dans les conditions modernes, une telle unification ne peut se faire que dans le cadre d’une Fédération Socialiste de l’Amérique latine, en commençant par une Fédération Socialiste réunissant Cuba, le Venezuela et la Bolivie. Un appel doit être lancé aux peuples d’Amérique latine et du monde entier pour qu’ils suivent la voie révolutionnaire du Venezuela.

En dernière analyse, le futur de la révolution bolivarienne sera déterminé par le degré de son extension au reste de l’Amérique latine - et au-delà. Che Guevara comprenait bien cette idée lorsqu’il disait que la révolution cubaine ne pourrait être sauvée qu’en créant trois ou quatre Vietnam.

L’impérialisme américain est un ennemi puissant. Il dispose de réserves colossales. Mais les réserves potentielles de la révolution vénézuélienne sont encore plus grandes. Elles consistent dans le soutien de millions de travailleurs et de paysans opprimés de l’Amérique latine, qui voient dans la révolution bolivarienne une lueur d’espoir dans les ténèbres. Au fur et à mesure que la révolution bolivarienne avancera courageusement, infligera des coups à ses ennemis et fera reculer l’impérialisme et l’oligarchie, la confiance et le militantisme des masses grandiront, partout.

Le mouvement révolutionnaire s’étend dores et déjà à d’autres pays, comme on le voit avec l’élection d’Evo Morales en Bolivie. Le Mexique, le Pérou et l’Equateur ne sont pas loin derrière. Ce qu’il faut, c’est une rupture décisive avec le capitalisme, au Venezuela. Une fois cette étape franchie, la révolution se répandra comme une traînée de poudre dans un pays après l’autre. Ce serait une étape décisive dans la victoire de la révolution socialiste en Amérique latine et à l’échelle mondiale.

Le 26/08/06

Signataires :

Christophe C. (Toulouse) ; Jérôme Métellus (Paris) ; Jérémie Giono (Grenoble) ; Xavier Dubois (Lille) ; Ulrich Savary (Lille) ; SG (Toulouse) ; Allan Bertu (Ifs) ; Thomas Caron (Lille) ; Valentin Brouillard-dusong (Anger) ; Yvan Coppin (Lille)

Tu es communiste ? Rejoins-nous !