Le prochain congrès du MJCF se réunira dans un contexte d’instabilité générale et de regain de la lutte des classes, en France et à l’échelle internationale. Pendant 3 jours, les délégués élus des quatre coins du pays auront la possibilité de partager leurs expériences, de débattre de la situation politique, du programme de notre mouvement, et de définir les grandes lignes de notre orientation politique et stratégique. Une nouvelle direction nationale sera élue, qui devra mettre ces orientations en pratique.

Cependant, nous pensons que le cadre des discussions préparatoires, tel qu’il a été arrêté lors du Conseil National (CN) de juillet, n’est pas le meilleur moyen d’assurer la tenue d’un congrès pleinement démocratique.

A notre avis, le problème vient de la façon dont les textes présentés au congrès seront rédigés et discutés. La démarche arrêtée lors du dernier CN est la suivante : la direction lance un « appel à contributions » ; tous les Jeunes Communistes sont invités à rédiger, individuellement ou collectivement, des contributions sur le thème de leur choix. Le contenu de ces contributions sera ensuite intégré dans des « documents d’animation », qui seront renvoyés aux fédérations et à partir desquels des résolutions seront rédigées. Finalement, les résolutions serviront de base à la rédaction de 6 textes, qui seront amendables en congrès fédéraux et national.

Le fait de demander aux JC d’écrire des contributions ou des résolutions est évidemment une bonne chose. Mais à notre avis, cela ne devrait pas se substituer à la discussion sur un texte rédigé et défendu par la direction sortante. Prenons le dernier congrès du PCF. Tout en appelant à rédiger des contributions, qui on été publiées dans le supplément Communistes, la direction du parti a rédigé un texte, l’a mis à la disposition des fédérationsplusieurs mois avant les congrès fédéraux, et a posé des conditions - calendrier, nombre de signatures, etc. - pour que des amendements et des textes alternatifs soient éventuellement présentés. C’est aussi, par exemple, la façon dont a été organisé le dernier congrès des Jeunes Communistes italiens, qui s’est tenu en juillet.

Quel est l’avantage de cette procédure, d’un point de vue démocratique ? Elle permet de faire apparaître clairement les différents courants d’opinion qui peuvent exister dans l’organisation. Bien sûr, les divergences ne sont pas une fin en soi. Mais elles sont inévitables, et cette démarche permet de créer les conditions de leur expression et de leur discussion démocratiques. S’il existe un nombre significatif de camarades qui sont en désaccord avec des points décisifs du texte présenté par la direction sortante, de sorte qu’ils ne le jugent pas amendable, ils ont la possibilité de présenter un autre texte. Au terme de la discussion, le vote des adhérents permet de trancher entre les différentes opinions. En ce qui concerne la direction, les choses sont alors claires : si les orientations politiques et stratégiques de la direction sortante sont majoritaires, cette direction est reconduite. A l’inverse, si les idées et la politique de la direction sortante sont majoritairement rejetées, le congrès peut se doter d’une nouvelle direction.

De nombreux camarades estiment que la démarche arrêtée par le dernier CN du MJCF est au moins aussi démocratique que celle retenue par le PCF (et, en général, par la grande majorité des organisations de gauche). Des camarades pensent notamment que dans la mesure où les documents discutés et votés en congrès viendront « d’en bas », cela offrira plus d’espace pour le débat dans les fédérations, et que les textes votés par le Congrès National reflèteront mieux les différentes idées et aspirations des JC.

Le problème, c’est qu’en fin de compte, il faudra bien que les textes validés par le congrès expriment une orientation politique déterminée - et une seule. L’idée sous-jacente à la démarche retenue par le dernier CN, c’est de faire une « synthèse » des différentes contributions et résolutions. Mais il n’est pas possible de synthétiser tout et son contraire. Prenons un exemple parmi tant d’autres. Nous pensons que le programme du MJCF devrait promouvoir la nationalisation de l’ensemble du secteur bancaire. D’autres camarades, dont nombre de dirigeants, n’y sont pas favorables. C’est là, de toute évidence, une divergence de fond. Qui peut croire qu’il sera possible de faire la synthèse de ces deux positions ? Elles sont inconciliables. En conséquence, la « synthèse » ne synthétisera rien du tout, et le texte présenté au congrès trancheraarbitrairement, dans un sens ou dans l’autre.

Tout en ayant la possibilité de réaliser un « compromis » favorable à ses idées politiques, la direction ne se met pas en jeu politiquement. Faute d’engager sa responsabilité politique sur un texte déterminé, la direction risque de trôner au sommet de la « synthèse », sans qu’on connaisse suffisamment ses idées propres. Le contrôle de la direction par la base, qui est un élément clé de la démocratie interne, ne s’en trouvera pas amélioré, alors que nombre de camarades s’accordent sur les gros efforts à accomplir dans ce domaine.

Si certains camarades sont favorables à la démarche retenue par le CN, c’est peut-être en réaction aux carences démocratiques qui avaient entaché le dernier congrès du MJCF, en février 2004. Lors de ce congrès, nous avons eu affaire à une caricature de procédure « classique » (type congrès du PCF). En effet, la direction nationale avait diffusé son texte quelques semaines avant la tenue des congrès fédéraux - ce qui excluait, de fait, la possibilité de présenter des textes alternatifs. Cette possibilité n’était d’ailleurs même pas évoquée. Quant aux discussions sur le texte de la direction, elles ont souffert du peu de temps qu’il restait pour les organiser sérieusement. Enfin, au lieu de soumettre les amendements au vote des congrès fédéraux, de façon à ne retenir que ceux majoritaires à l’échelle fédérale, les amendements ont été arbitrairement retenus ou éliminés par une toute-puissante « commission des amendements » composée de dirigeants nationaux. Cela a d’ailleurs choqué les délégués du congrès, qui ont obtenu, par un vote, que tous les amendements soient discutés et votés. D’où la référence aux risques d’une « bataille d’amendements », dans le compte-rendu du dernier CN. Ceci dit, en 2004, la responsabilité de cette « bataille » retombait entièrement sur les épaules de la direction nationale, qui n’avait pas crée les conditions d’un authentique débat démocratique.

Ainsi, notre congrès de 2004 ne représente pas un modèle. Mais la démarche « synthétique » n’est pas, à notre avis, une réponse appropriée. Et nous pensons que le débat sur cette question devra être mené de façon à ce que les prochains congrès du MJCF soient irréprochables, sur le plan démocratique. Nous en avons la maturité nécessaire. Nos dirigeants doivent en avoir la volonté. A l’heure où la crise du capitalisme pousse de plus en plus de jeunes à chercher une alternative à ce système pourrissant, un MJCF puissant et démocratique est une nécessité impérieuse. Ces remarques se veulent une contribution au perfectionnement de cet outil indispensable à la transformation socialiste de la société.

Le 20/08/06

Christophe C. (Toulouse) ; Jérôme Métellus (Paris) ; Jérémie Giono (Grenoble) ; Xavier Dubois (Lille) ; Ulrich Savary (Lille) ; SG (Toulouse)

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