Un congrès du PCF devrait servir à armer le parti en matière de programme, de perspectives et de stratégie. Il devrait tirer un bilan honnête de l’activité et de la politique du parti dans la période précédente, clarifier des questions de principe et de théorie, et enfin prendre des décisions susceptibles d’améliorer les structures internes et les moyens d’action du parti.

Or, le projet de « base commune » adopté par le Conseil National – Vouloir un monde nouveau, le construire au quotidien – ne répond pas du tout aux besoins du PCF. Il ne prend clairement position sur aucune des questions brûlantes qui se posent au PCF, y compris celle de sa propre existence, au moment même où une fraction non négligeable du CN prône la disparition du PCF. Le texte évoque la nécessité d’engager de « profondes transformations », voire une « métamorphose » complète du parti, mais sans préciser concrètement lesquelles et sans exclure l’abandon de son nom.

Alors que la direction avait promis un « bilan critique sans complaisance » du déclin organisationnel et électoral auquel elle a conduit le parti, il n’y a rien de tel dans le projet de « base commune ». Ce texte n’offre aucune explication du recul du PCF au cours de la dernière période. Aucune analyse sérieuse de la conjoncture économique et sociale n’est présentée, sans parler des perspectives qui en découlent. Le texte ne présente aucun programme pour combattre le capitalisme. Il ne traite ni la question des relations entre le PCF et le PS, ni celle des nombreuses listes PCF-PS-Modem qui ont tant scandalisé les militants du parti, lors des dernières élections municipales. Quant à la politique internationale du parti, elle est expédiée en quelques lignes. Ni Cuba, ni les mouvements révolutionnaires au Venezuela ou en Bolivie ne sont mentionnés.

Nouveau monde, nouvel âge, nouvelle civilisation…

Dans la première partie du texte, ses auteurs ne ménagent pas leur peine pour nous convaincre que nous avons « changé de monde », d’époque et même de civilisation ! Le nouveau monde dans lequel ils croient vivre se distingue de l’ancien par l’arrivée d’internet, de la biogénétique, des nanotechnologies, mais aussi par le « brassage des cultures » et le « chahut des consciences ». On serait désormais dans un « nouvel universalisme », un « nouvel âge de connaissances qui bouleversent notre quotidien ». Et si cela ne vous suffit pas pour tirer un trait entre le nouveau monde et celui qui aurait « vécu », sachez que nous sommes face à de « nouvelles conflictualités » – quoi que cela puisse signifier !

Le « nouvel âge » nous obligerait, paraît-il, à inventer de « nouvelles dynamiques » et de « nouvelles réponses ». Tout est à repenser, à redéfinir, à « réinventer » ! Le monde nouveau est tellement différent de l’ancien qu’il « change très profondément les conditions du combat que nous menons », au point que ce n’est pas la peine « de courir après la conscience de classe ». Malheur à ceux qui se croiraient toujours sur la même planète qu’avant, qui n’auraient pas compris l’avènement de la nouvelle ère : « Ne pas le voir, se tromper d’époque, c’est apparaître, même à notre corps défendant, comme les défenseurs des acquis d’un monde perdu, plutôt que comme les porteurs des potentiels du monde nouveau qui cherche à se construire. C’est surtout ne pas agir sur les bons leviers, les lieux de pouvoir qui décident réellement de l’avenir, les représentations qui façonnent les consciences. » D’accord, d’accord, c’est promis : on fera très attention de toujours agir sur les « représentations qui façonnent les consciences » ! Cette prose pseudo-intellectuelle ferait bien rire si la situation dans laquelle ses auteurs ont conduit le parti, avec de telles sornettes, n’était pas si grave.

Revenons sur terre, un instant. Bien sûr, le monde change un peu chaque jour. Tous les communistes en conviendront. Mais tout est relatif, n’est-ce pas ? Malgré ces changements, le capitalisme est toujours là. Son fonctionnement obéit aux mêmes lois économiques qu’autrefois. Comme toujours, et plus que jamais, le capitalisme condamne l’immense majorité de la population mondiale à des conditions d’existence inhumaines. Comme toujours, il sème le feu et le sang pour faire main basse sur des ressources et des marchés. Dans les pays les plus riches et industrialisés, comme dans les plus pauvres, il impose la régression sociale sur toute la ligne. A bien des égards, loin de nous faire entrer dans un monde nouveau, le capitalisme nous ramène en arrière, vers le « vieux monde » de la pauvreté de masse, des soupes populaires, du vagabondage et des « maladies de la misère ». Le capitalisme est fondé, comme par le passé, sur la propriété privée des moyens de production et d’échange, et il ne disparaîtra que par la suppression de celle-ci, c’est-à-dire par l’expropriation des capitalistes. Rien n’a changé, à cet égard. Et en conséquence, le communisme du « vieux monde » n’a rien perdu de son actualité. Le contrôle de l’industrie, des banques et de la grande distribution doit être placé entre les mains des travailleurs. C’est cela, le communisme. Quand cette révolution aura été accomplie – et seulement alors – la société humaine amorcera l’émergence d’une « nouvelle civilisation », libérée de l’exploitation de l’homme par l’homme.

Les dirigeants du parti ont parfaitement le droit de défendre l’idée que, compte tenu de la révélation du « nouveau monde », les objectifs communistes ne sont plus valables. Mais qu’ils se donnent au moins la peine de le démontrer concrètement et par des arguments sérieux. Le texte du CN se contente d’affirmer – au moyen d’un flot de phrases creuses et de vagues allusions – que le monde a changé, et que le PCF doit aussi changer, dans sa structure et les idées qu’il défend. Mais la question est de savoir précisément en quoi le monde aurait changé, en quoi ces changements nous obligeraient à transformer le parti, et de quelle manière. Le texte n’en dit rien. Ce texte propose de donner carte blanche à l’actuelle direction nationale pour engager de « profondes transformations » du parti, sans qu’elle ait à préciser lesquelles !

Au-delà des textes, le comportement réel, pratique, concret des dirigeants du parti au cours de la dernière période devrait inciter tous les communistes à la plus grande prudence quant au véritable sens des appels incessants à la « refondation » et aux « profondes transformations » qu’ils veulent entreprendre. Après tout, on entend ce même discours, de la part des mêmes dirigeants, depuis une bonne quinzaine d’années ! Et qu’ont-ils « réinventé » au juste, pendant tout ce temps ?  A l’époque du gouvernement Jospin, au nom de ce même  communisme « réinventé », ils ont participé activement au plus grand programme de privatisations jamais réalisé dans l’histoire de la France. Certaines de ces privatisations – comme celle d’Air France, par exemple – étaient réalisées directement sous l’autorité du ministre « communiste » des Transports. Au total, entre 1997 et 2002, des actifs publics évalués à 31 milliards d’euros ont été privatisés, sans que les « repenseurs » du communisme, à la tête du parti, ne lèvent ne fut-ce qu’un petit doigt pour s’y opposer. Il faut juger les dirigeants du parti à leurs actes. En associant notre parti à de tels actes de vandalisme économique, la direction a commis un crime contre le PCF et une violation flagrante de son programme, des décisions de ses congrès et des aspirations des militants du parti. Il faudrait un jour qu’on nous explique le rapport entre l’arrivée d’internet, la biotechnologie, le « chahut des consciences » – et cette capitulation honteuse face aux intérêts capitalistes !

Les dirigeants du parti prétendent vouloir « tirer les enseignements » du passé. Dans ce cas, quels enseignements tirent-ils de leur politique de privatisation ? Que c’était une erreur ? Le texte est parfaitement muet sur ce point, mais tout porte à croire qu’ils ne renient pas cette politique. D’une part, la direction ne réclame pas la renationalisation des entreprises et des services dont elle avait approuvé la privatisation, à l’époque. D’autre part, le programme ne réclame pratiquement aucune nouvelle nationalisation. Le mot même de « nationalisation » ne figure pas dans le projet de base commune : il appartient probablement au « monde perdu ». Réclamer la renationalisation d’Air France, d’Airbus ou de France Télécom ne serait sans doute pas « agir sur les représentations qui façonnent les consciences » !

Le « nouvel  internationalisme » à l’épreuve en Afghanistan …

En 2001, la direction du parti a exprimé son « soutien sans réserve » aux déclarations belliqueuses de Chirac, dans lesquelles il annonçait la participation de la France à la coalition impérialiste en Afghanistan. Par la voix de Robert Hue, elle avait incité le gouvernement Jospin et les grandes puissances à intervenir militairement en Afghanistan « avec la fermeté, le sang-froid et l’esprit de responsabilité que la situation exige ». (L’Humanité du 12 septembre 2001). Un mois plus tard, le 9 octobre 2001, un nouveau communiqué du PCF justifiait ainsi la participation de la France à la coalition impérialiste : « Il faut entreprendre une action résolue, de longue haleine, multiforme, pour éradiquer le terrorisme, et s’en donner les moyens. Oui, la France doit être solidaire et active dans cette action. Et bien sûr, il ne faut négliger aucune des dimensions de la lutte contre le terrorisme, y compris, évidemment, le recours à l’usage de la force. »

Cette politique de soutien à la guerre en Afghanistan a été maintenue jusqu’à un passé très récent, jusqu’au mois d’août 2008, pour être précis. Ce n’est qu’après la mort des 10 soldats français – et la publication de sondages indiquant l’hostilité d’une nette majorité des Français à cette guerre – que la direction du parti a brusquement changé de position, et exigé enfin le retrait des troupes françaises. Au dernier Congrès du parti, par exemple, la direction critiquait l’implication des Etats-Unis en Irak, mais passait l’Afghanistan sous silence. Pendant sept longues années, la direction du parti n’a rien eu à dire contre les bombardements incessants et particulièrement meurtriers menés par l’aviation française en Afghanistan, ni contre les opérations de « nettoyage au sol » auxquelles les forces armées françaises ont participé. Or, que dit le document à propos de cette faute extrêmement grave dans la politique du parti ? Absolument rien. Ce n’est pourtant pas un détail !

… et en Amérique latine

Le « nouvel » internationalisme dont les auteurs du texte se réclament passe sous silence la question de Cuba et de la révolution latino-américaine en général. La révolution cubaine est aujourd’hui en danger. Sous la pression constante de l’impérialisme américain, Cuba souffre de son isolement. Une partie de la bureaucratie – la plus impliquée dans l’affairisme et la plus corrompue – lorgne de plus en plus ouvertement vers ce qu’elle appelle la « voie chinoise », c’est-à-dire la restauration du capitalisme. Castro a toujours résisté à cette orientation, mais, après sa mort, la restauration capitaliste deviendra un danger imminent. Si la contre-révolution devait l’emporter à Cuba, cela porterait un coup très dur aux mouvements révolutionnaires en cours à travers l’Amérique latine, et donnerait lieu à une nouvelle vague de triomphalisme capitaliste à l’échelle internationale.

Le sort de la révolution cubaine est indissociable des mouvements révolutionnaires en cours sur le continent latino-américain, et tout particulièrement au Venezuela et en Bolivie. Une conclusion victorieuse des révolutions dans ces pays romprait l’isolement de Cuba et ouvrirait la voie à la généralisation de la révolution socialiste à travers l’Amérique latine, avec des conséquences colossales pour le reste du monde – y compris l’Europe et la France. D’ores et déjà, les révolutions au Venezuela et en Bolivie, sans parler des grands événements révolutionnaires qui ont eu lieu au Mexique et dans d’autres pays latino-américains, sont extrêmement riches en enseignements pour les communistes de France et du monde entier.

Et pourtant, les auteurs du texte du CN n’accordent pas plus qu’une allusion désinvolte et passagère au sort de Cuba et à ces événements d’une immense portée internationale : « En Amérique latine, disent-ils, les changements politiques expriment des résistances croissantes ». C’est tout ! On est pourtant tenté de croire qu’il s’agit là de considérations bien plus importantes, du point de vue de notre lutte contre le capitalisme, que la biogénétique et les nanotechnologies !

Des erreurs ?

Quelque part dans le texte, il est dit, en passant, que « nous avons commis des erreurs ». C’est le moins qu’on puisse dire. Mais précisons qui est le « nous » en question. Aucun Congrès n’a approuvé l’intervention en Afghanistan, pas plus que les privatisations. Toute la tradition du parti va directement à l’encontre de ces orientations.

Par ailleurs, le texte du CN ne s’attarde pas sur les erreurs commises. Il y consacre deux paragraphes très vagues et confus. Le passage le plus précis est le suivant : « L’expérience de la gauche plurielle a ainsi été marquée à plusieurs reprises par une surdité de notre part vis-à-vis du mouvement social et progressiste. » A tout le moins ! En fait, les dirigeants du PCF ont même souvent justifié et appliqué une politique contraire à ce qu’attendait d’eux le « mouvement social et progressiste » – à commencer par les militants communistes. Par exemple, le problème de « surdité » du ministre « communiste » des Transports aurait pu être rapidement réglé : il lui suffisait de décrocher son téléphone – après en avoir correctement réglé le volume – et de sonder les militants CGT des entreprises publiques dont il pilotait la privatisation !

Le programme du parti

Le programme du parti a été progressivement vidé de son contenu communiste, pour devenir de plus en plus ouvertement réformiste. La formule employée par Robert Hue pour décrire le projet de société du parti – « une économie de marché à dominante sociale » – résume assez bien le contenu de son programme actuel. C’est une tentative complètement vaine de concilier le progrès social avec le maintien du capitalisme, à une époque où ce système, loin d’autoriser de nouvelles conquêtes sociales, ne peut même plus tolérer celles du passé.

Comme nous l’avons vu, abstraction faite des textes et des « ambitions » affichées par les dirigeants du parti, ces derniers ont dans la pratique non seulement accepté le maintien du secteur capitaliste dominant, mais aussi son extension massive, en soutenant les privatisations de 1997-2002. Comment cette politique de démantèlement du secteur public constituerait un pas en direction du « dépassement du capitalisme » demeure le secret bien gardé des dirigeants actuels et de leurs « économistes », tels Boccara et Dimicoli, qui se sont évertués à justifier les privatisations en question, à l’époque. Notons au passage que les arguments utilisés par Sarkozy et Fillon pour justifier la privatisation de La Poste (le secteur est déjà largement concurrentiel, il faut un apport extérieur de capitaux pour y faire face, ce n’est qu’une « ouverture du capital », etc.) sont rigoureusement identiques à ceux qu’avançaient les « économistes » du parti pour justifier la privatisation d’Air France et de l’industrie aérospatiale.

Dans le texte du CN, on ne trouve aucune tentative d’avancer ne serait-ce qu’une ébauche de programme pour combattre le capitalisme. Le plus souvent, les « revendications » prennent la forme de souhaits ou de désirs plutôt sympathiques. Mais il n’est jamais dit comment parvenir à leur réalisation. Ainsi, nous apprenons que le CN veut « la promotion d’un nouveau mode de développement », qui soit « générateur de nouvelles conquêtes et  solidarités sociales », qu’il veut plus « d’épanouissement individuel » et une « meilleure qualité de vie, qui s’affirme dans un rapport plus accessible, plus équilibré, plus raisonnable, plus maîtrisé avec la nature. » Le CN serait tout aussi heureux de voir naître « un nouveau type de croissance », dont le contenu aura été « repensé », et ainsi de suite. Ce genre de jargon politique se trouve, naturellement, dans la littérature de tous les partis politiques et, comme on dit, ne mange pas de pain.

Sans répéter ce que nous avons écrit à ce sujet dans Renforcer le PCF, renouer avec le marxisme, nous aborderons ici deux idées programmatiques farfelues qui figurent dans le texte du CN. Le texte fait allusion, sans la détailler, à la proposition de « nouveaux financements », qui sont censés favoriser l’orientation des investissements capitalistes « vers le développement humain ». Il s’agit de la proposition qui figure de plus en plus souvent dans la propagande du parti, selon laquelle les capitalistes, à la différence des travailleurs, ne devraient plus payer d’intérêts sur les crédits qui leur sont accordés – ou devraient en payer beaucoup moins, en tout cas – dès lors que leur course au profit entraîne des investissements en terme de machines, de logiciels, de recherche ou d’emploi. Mais puisque les banques ne prêtent de l’argent que pour engranger des intérêts, les « économistes » autoproclamés du PCF proposent que ces intérêts soient pris en charge par la collectivité, à hauteur de 27 milliards d’euros par an ! Et sans sourire, cette subvention massive des capitalistes est présentée comme une mesure « anti-capitaliste » !

Par ailleurs, le document réclame rien moins qu’une « maîtrise publique et sociale des marchés financiers » ! Or, absolument personne, ni même les capitalistes, ne peuvent « maîtriser » les marchés financiers, que ce soit « socialement » ou « anti-socialement ». Cette idée est parfaitement ridicule. Les turbulences actuelles, sur les marchés financiers, sont à deux doigts de précipiter une crise comparable à celle 1929. Dans la vision surréaliste des dirigeants de notre parti, l’activité des capitalistes, avec les énormes masses de capitaux qui traversent le monde chaque seconde, prêtées ici, empruntées par là, monnaie contre monnaie, avoirs contre avoirs, dettes contre dettes – toute cette activité pourrait être « maîtrisée socialement » ! Ils ne disent ni ne savent comment. Et sans doute qu’ils ne se sont même pas posés la question. Mais ils l’écrivent tout de même dans le texte qu’ils proposent au Congrès !

L’expropriation des capitalistes, la planification économique, la gestion et le contrôle de l’économie par les travailleurs eux-mêmes signifieraient la suppression de la Bourse et des marchés financiers. Mais dans l’optique de la direction actuelle du parti, ce programme, le programme fondateur du PCF, appartient au « monde perdu » que nous devons nous empresser d’oublier. Et encore une fois, pour être concret, ne perdons pas de vue l’action des dirigeants en question. Ainsi, les privatisations qu’ils ont approuvées sous le gouvernement Jospin ont-elles favorisé ou défavorisé la spéculation financière ?

Alliances avec le Modem

Les dirigeants parlent sans cesse de questionnements, d’interrogations etc., au point qu’on se demande si, pour eux, la qualité première d’un dirigeant consiste à poser des questions, plutôt qu’à y répondre. Mais il s’agit avant tout de questionnements dans l’abstrait, en général, sans la moindre tentative de répondre aux questionnements réels qui existent dans le parti. Prenons, par exemple, la question des alliances avec le PS, celle de la participation gouvernementale, ou encore celle des alliances électorales conclues, dans de nombreuses villes, entre le PCF et le Modem. Aucune de ces questions n’est traitée dans le texte. Au moment des présidentielles, le PCF avait critiqué, à juste titre, les manœuvres de la direction du PS et sa tentative de se rapprocher du Modem, dont le programme est quasiment identique à celui de l’UMP. Le rapprochement entre le PS et le Modem offrait aux communistes l’opportunité d’expliquer le virage droitier du PS et de présenter le PCF comme une alternative plus sérieuse face à la droite. Et pourtant, quelques mois plus tard, la direction du parti a ouvertement cautionné la conclusion d’alliances entre le PCF et le Modem, ce qui ne pouvait que discréditer le parti aux yeux des travailleurs et des jeunes à la recherche d’une force politique fiable pour combattre la droite. Au Conseil National, une motion condamnant les alliances avec le Modem a été rejetée par quelque 80% des voix. Plutôt que d’aborder la question franchement – en prenant position pour ou contre de telles alliances – le projet de « base commune » préfère simplement l’ignorer. Cet oubli ne doit rien au hasard. De cette façon, le texte laisse la porte ouverte au renouvellement de ces alliances, à l’avenir.

Les liquidateurs

Le texte ne fait aucune allusion au fait qu’une partie non négligeable de la direction milite consciemment pour la dissolution du PCF, ou pour sa « transformation » en « autre chose », ce qui revient au même. L’Assemblée extraordinaire de décembre 2007 n’avait rien résolu, à cet égard, mais elle avait au moins le mérite de démontrer que l’écrasante majorité des communistes s’oppose catégoriquement à cette « métamorphose ». Ils veulent maintenir et renforcer le parti, et ils s’opposent à l’abandon de son nom. Et pourtant, en décembre 2007, sous prétexte de ne pas « clore le débat », un compromis a été conclu en coulisse avec les liquidateurs, laissant ouverte la question d’une éventuelle disparition du PCF. De nombreux membres du parti espéraient que ce Congrès trancherait enfin la question. Mais malheureusement, le texte présenté par le CN ne le fait pas. Au contraire, il donne l’impression de faire un pas dans le sens des liquidateurs, en insistant sur la nécessité de « profondes transformations » du parti, sans autre précision. Aux yeux des travailleurs et des jeunes, l’adoption de ce texte ne pourrait que conforter leur impression que le PCF est un parti qui ne sait pas où il va, ni ce qu’il veut, ni même s’il a envie d’exister !

Il est grand temps de mettre fin à ce scandale. Si Martelli, Zarka, Gayssot, Braouezec et compagnie ne voient pas l’utilité du PCF, qu’est-ce qui les empêche de le quitter ? Le fait est que sans le PCF, ils ne seraient plus rien, ni pour les électeurs, ni pour les médias capitalistes qui donnent une large audience à leurs idées dans le but de discréditer le parti et de laisser planer un doute sur sa pérennité. Prendre une décision ferme et catégorique sur le maintien du PCF et de son nom n’empêcherait en rien ces camarades – ultra-minoritaires, en l’occurrence – de présenter leur point de vue sur la question. Le parti doit respecter les minorités. Mais les majorités ont, elles aussi, des droits, et même un peu plus que les minorités !

Conclusion

Dans son ensemble, le texte présenté par le CN n’est absolument pas à la hauteur des défis qui se posent au PCF dans la période à venir. Au lieu de clarifier le programme, les perspectives, les principes et les bases théoriques qui sont indispensables au redressement et au renforcement du parti, ce texte ne fait qu’ajouter à la confusion. Tout le discours sur le « nouveau monde » n’est qu’un artifice intellectuel pour justifier la dilution systématique du programme du parti et l’abandon des principes et des objectifs des communistes. Il sert aussi à insinuer que l’affaiblissement du parti – qui est non seulement électoral, mais aussi organisationnel et financier – s’expliquerait par un mystérieux « changement de monde » auquel nous, les communistes de base, tardons à nous adapter.

Oui, des changements sont nécessaires. Mais ces changements sont avant tout d’ordre idéologique et programmatique. Il faut rompre avec le langage confus et insipide du réformisme « anti-libéral » et renouer avec les traditions révolutionnaires du PCF. Tel est le point de vue développé dans notre texte alternatif Renforcer le PCF, renouer avec le marxisme (à lire et signer ici). Le capitalisme sombre dans la récession. Les répercussions d’un krach financier menacent de nous imposer une misère aussi générale et aussi sévère que celle des années 30. Contrairement à ce qu’affirme le texte du CN, nous ne faisons pas face à l’émergence d’une « nouvelle civilisation », mais à une lente descente dans la barbarie capitaliste. Dans ce contexte, tous les communistes devraient s’unir pour réaffirmer le programme du communisme et se tourner vers les bases théoriques de notre cause, à savoir le marxisme. Il faut remettre la lutte pour le socialisme à l’ordre du jour.

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