Le gouvernement de Villepin est discrédité, divisé, démoralisé - et surtout détesté. Après la lutte victorieuse des jeunes et des travailleurs contre le CPE, la droite envisage le pire pour les élections de 2007. A nous tous de faire en sorte que, le moment venu, elle subisse une défaite électorale aussi écrasante que possible.

D’ici là, il faut s’attendre à tout de la part de la droite et des médias capitalistes. Pour eux, comme pour le MEDEF, les enjeux sont énormes. Compte tenu du déclin du capitalisme français, qui perd du terrain sur les marchés mondial, européen et même intérieur, il ne reste aucune autre voie, pour augmenter les profits, qu’une politique d’attaques systématiques contre les conditions de travail, les salaires, les droits des travailleurs, les retraites, la sécurité sociale, la santé, l’éducation et toutes les conquêtes sociales du passé.

Raffarin et de Villepin n’ont pas manqué de zèle dans la poursuite de ces objectifs. Cependant, aux yeux de ceux qui possèdent les banques et les grands groupes capitalistes, ils ne sont allés ni assez loin, ni assez vite. On s’aperçoit que chez tous ces apôtres de la « flexibilité », il y a tout de même quelque chose qui n’est pas flexible, qui ne varie jamais : leur avarice et leur soif de profit. La classe capitaliste défend ses intérêts coûte que coûte, quitte à entraîner une masse toujours grandissante de la population dans les ténèbres de la pauvreté et du désespoir.

En dépit de la « modération » des dirigeants de la gauche, son arrivée au pouvoir, en 2007, serait considérée par le patronat comme un sérieux obstacle à ses desseins réactionnaires. Il lui faut un gouvernement implacablement hostile aux intérêts des salariés et des jeunes. C’est pour cette raison qu’il mise sur Sarkozy. La campagne en sa faveur a déjà commencé avec la soi-disant affaire Clearstream.

Il existe certainement des affaires dont les conséquences sont bien plus graves que celle-ci, mais qui ne monopolisent pas l’attention des médias. Le but de cette vaste opération médiatique n’est autre que de présenter Sarkozy comme une victime, de tirer un trait aussi net que possible entre lui et le tandem Chirac-Villepin, et de faire croire qu’il sera un candidat présidentiel en rupture avec la politique du gouvernement actuel. Cette diversion vise à faire oublier les véritables victimes, dans la société française, à savoir les millions de personnes qui subissent les conséquences de la politique de la droite, dont Sarkozy est bien évidemment l’un des principaux inspirateurs.

Mais la poudre aux yeux de l’affaire Clearstream n’est pas la seule - et certainement pas la plus dangereuse - des stratégies de diversion au service de Sarkozy et de la droite. Il y a aussi celle du racisme. Ce sont les immigrés, leurs proches et leurs enfants qui vont servir de boucs émissaires pour le chômage, pour le manque de logements, l’insécurité et le crime. La loi raciste et répressive votée par l’Assemblée nationale, le 17 mai dernier, vise à stigmatiser les « étrangers » comme un fléau social à intimider, à harceler et, dans la mesure du possible, à expulser du territoire, tout comme la « racaille » qui, selon Sarkozy, habite dans les banlieues appauvries de nos villes. Le racisme est une stratégie qui cherche à diviser pour mieux régner. Chaque travailleur ou jeune qui peut être convaincu que la source des problèmes sociaux se trouve chez les « immigrés » verra d’autant moins les vraies causes de la régression sociale, à savoir le système capitaliste.

Sarkozy alimente la méfiance et la haine vis-à-vis de ceux qui sont souvent les plus exploités et les plus opprimés. Ce sont les gens des banlieues cataloguées comme « difficiles », qui n’ont pas la peau blanche et dont les noms sont à consonance étrangère, qui subissent de plein fouet la discrimination sociale et raciale à l’origine des émeutes de l’année dernière. En s’acharnant contre eux, Sarkozy espère pouvoir s’attirer la sympathie - et les votes - des électeurs du Front National, en 2007. En la matière, il n’y a pratiquement plus aucune différence entre le discours actuel de l’UMP et celui du Front National. La nouvelle loi s’inspire très largement des arguments de Le Pen. Il y a là de quoi faire réfléchir ceux qui pensaient barrer la route au racisme en votant pour l’UMP lors des présidentielles de 2002.

On aurait tort de sous-estimer l’impact de la propagande raciste de l’UMP. On ne peut pas combattre le racisme avec de belles phrases. Ce qui alimente les tensions raciales, c’est la pénurie d’emplois, de logements, et la dégradation constante des conditions de vie de la population. Ce sont ces problèmes-là qu’il faut régler. Par conséquent, la lutte contre le racisme va de pair avec la lutte pour doter la gauche d’un programme qui vise à mettre fin au pouvoir économique des capitalistes. Il faut rétablir les idées du socialisme et de l’internationalisme dans les partis de gauche, tout en se mobilisant massivement pour protéger et organiser la population d’origine ou de descendance étrangère, sur laquelle s’abat l’acharnement répressif.

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