La pandémie du Covid-19 a provoqué une pénurie de main-d’œuvre dans le secteur agricole. Pour y faire face, la préfecture de Seine-et-Marne a trouvé la solution : une forme de « réquisition » de migrants, contraints au travail agricole.

Le communiqué préfectoral – Main d’œuvre saisonnière, les réfugiés en renfort – a été émis le 30 mars dernier. Il explique que l’Etat s’appuie désormais sur les gestionnaires des hébergements d’urgence des demandeurs d’asile, dans le département, pour « faciliter la mise en relation entre les réfugiés et les professionnels agricoles ». Dans ce cadre, le préfet de Seine-et-Marne souhaite accélérer ce recours, en imposant aux personnels institutionnels et associatifs de leur indiquer des « volontaires » parmi ces migrants, pour « contribuer à des travaux de plantations et des récoltes » dans son département.

Pistolet sur la tempe

Le soi-disant « volontariat » promu par le préfet est une forme insupportable de chantage, car les réfugiés et demandeurs d’asile se trouvent dans une situation extrêmement précaire et incertaine. Les réfugiés qui acceptent ces « offres d’emploi » y sont contraints, car ils sont extrêmement dépendants de l’Etat. Une partie de ces migrants sont des demandeurs d’asile. Ils attendent donc une régularisation administrative : l’acquisition du statut de réfugié.

L’Etat considère les migrants comme des individus de seconde catégorie, utilisables et jetables à volonté. Ils devront donc sacrifier leur santé et leur vie pour garantir la continuité de la production de leur pays d’accueil. L’Etat met les migrants dans une situation insupportable : ils devront choisir entre la perspective d’acquérir le statut de réfugié et la possibilité de protéger leur santé. Certains ont « choisi » de mettre leur vie en péril : dès le 30 mars, la préfecture comptabilisait 56 réfugiés « volontaires » pour travailler dans les zones agricoles.

L’instrumentalisation des migrants

Cette mesure odieuse n’est pas isolée. Ce type d’initiatives prend place dans un contexte de politiques anti-migratoires, partout en Europe. Elles mettent en évidence le caractère inhumain de l’Etat bourgeois. Tant qu’il restera entre les mains de la bourgeoisie, l’Etat le plus « démocratique » n’hésitera pas à sacrifier les vies des plus fragiles afin d’assurer les profits des capitalistes français.

Alors que s’annonce une crise mondiale du capitalisme d’une ampleur inédite, la classe dirigeante française commence par sacrifier la vie des plus précaires. Mais elle s’attaquera ensuite à d’autres catégories de la population, avec les mêmes méthodes.

Sous le socialisme, la production des services essentiels sera le fruit d’une planification harmonieuse – et non de la réquisition de quasi-esclaves. Dans l’immédiat, nous devons réclamer la régularisation de tous les sans-papiers, rendue d’autant plus nécessaire par la crise sanitaire et sociale. Les travailleurs français et étrangers doivent s’unir et lutter ensemble contre leur ennemi commun, pour ne plus mourir pour les profits des capitalistes !