Par deux fois en deux mois, Wolf Jäcklein a été victime d’une procédure disciplinaire engagée à son encontre par la direction régionale d’IBM France, son employeur. Une première fois, une mise à pied d’une journée lui a été imposée, le 20 mai, pour avoir mis à la disposition de ses collègues un document ayant trait au plan social communiqué à l’instance représentative du personnel (Comité Central d’Entreprise). Par la suite, une deuxième procédure lui a été communiquée, « pouvant aller jusqu’au licenciement », pour avoir distribué un tract sur les conditions de travail chez IBM lors d’une conférence à l’université de Toulouse 1, à laquelle un représentant d’IBM participait. La direction vise en réalité l’engagement syndical de Wolf Jäcklein à la CGT, dont elle tente de limiter l’influence à Toulouse et dans l’ensemble des établissements d’IBM France.


La Riposte vous invite à signer le texte du comité de soutien : Pas de sanction pour Wolf Jäcklein !


Wolf JaeckleinLa Riposte : Quelle est la situation des salaires, chez IBM ?

Wolf Jäcklein : Au début des années 80, la filiale France avait une marge de manœuvre plus importante. Elle reversait notamment une partie de ses propres résultats aux salariés, sous forme de participation.

Mais il n’y pas eu d’augmentation générale depuis 1994. Par la suite, les salariés se sont vus proposer « de façon volontaire » une baisse de salaire de 7,7%, ce qui équivaut au 13e mois. La majeure partie du personnel a accepté de signer.

Différentes techniques sont utilisées pour ne pas que la filiale France soit bénéficiaire : surfacturation des services rendus par la maison mère, ou sous-paiement des services rendus par les filiales. Ainsi, les fonds partent dans un paradis fiscal (dans l’Etat du Delaware, aux Etats-Unis). Ainsi, il n’y a plus de participation pour les 10 ans à venir, étant donné que tout est budgétisé à l’avance.

Il y a également la question de la « filiarisation » : on passerait en convention bureau d’étude, ce qui ne va pas arranger les conditions de travail des salariés.

Dans ce contexte, les syndicats plus revendicatifs sont en train de gagner du terrain.

La Riposte : Quelle est l’origine du plan social et de la restructuration ?

Wolf Jäcklein : IBM a vendu la division PC à la firme chinoise Lénovo. Cette vente a été finalisée au mois du mai. Cette forte entrée d’argent devrait donc être imposable. Or, selon les lois fiscales américaines, il y a possibilité de déduire les frais de restructuration des charges fiscales, si celle-ci a lieu au même moment que ladite rentrée d’argent.

C’est pourquoi la CGT d’IBM pense que cette restructuration a été demandée de façon urgente à toutes les filiales et doit être finalisée fin juin afin d’annoncer dans les résultats du 2e trimestre 2005 les frais de restructuration finalisés.

La direction d’IBM voulait donc faire signer aux syndicats un « accord de méthode » sur les restructurations pour s’assurer du calendrier de mise en place.

La Riposte : Quel a été le rôle de la CGT contre ce plan ?

Wolf Jäcklein : La CGT voulait user du droit d’opposition en alliance avec les autres syndicats. Or le « syndicat maison », le SNA, n’a ni signé, ni fait opposition. Dès lors, aucune majorité ne pouvait se dégager en faveur ou non de l’accord. Donc l’accord de méthode a été signé de façon minoritaire (FO, CGC, CFTC) mais l’opposition reste également minoritaire. Toutefois, le SNA a quand même signé le plan social qui en a découlé.

La Riposte : Au fond, que te reproche la direction ?

Wolf Jäcklein : Elle me reproche d’avoir mis sur le réseau interne des documents concernant la restructuration. J’estimais que les salariés étaient en droit de connaître le sort qu’on leur réservait. Ils étaient les premiers concernés par ces documents. De toute façon, il s’agit de documents de travail : ils sont issus d’une réunion du CE. De plus, ils sont disponibles sur le site internet de FO.

La Riposte : Par la suite, tu as distribué un tract dénonçant le plan social lors d’un colloque organisé par IBM, face à des étudiants.

Wolf Jaëcklein : Oui, et suite à cela, mon chef, élu sur les listes du MEDEF à Bordeaux, m’a convoqué pour un entretien préalable au licenciement. L’affaire est désormais portée devant l’inspection du travail.

La Riposte : Il s’agit donc clairement de discrimination syndicale...

Wolf Jäcklein : En effet. Le niveau d’activité de la CGT à son arrivé sur Toulouse a tranché avec l’activité des anciens syndicats installés. On mettait à jour les panneaux d’affichages, on distribuait des tracts, etc... A cela s’ajoute le contexte politique et social. Résultat : quelques 20% des salariés ont voté pour la CGT d’IBM, à Toulouse, alors que le syndicat venait à peine de s’implanter. La direction d’IBM cherche à briser cette dynamique.

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