Niort, chef-lieu des Deux-Sèvres, accueille les sièges nationaux de grandes mutuelles d’assurance (MAAF, MAIF, MACIF, SMACL, etc...). Mais ce secteur n’est pas sans connaître des conflits. Fin 2008, la CAMIF déposait le bilan, au terme d’un long processus de dégradation imputable aux dirigeants successifs. Et à présent, un plan social chez SERENA (dont la MAIF détient le quart du capital) et un conflit à la SMACL viennent rappeler le syndrome CAMIF, qui a marqué les esprits.

En assemblée du personnel de la SMACL, un salarié s’inquiétait : « On n’est pas assuré que dans deux ans, on ne se retrouvera pas au tribunal de commerce. Il y en a d’autres à qui c’est arrivé ». La SMACL, spécialisée dans l’assurance des collectivités locales, de leurs salariés et des associations, assure en France trois conseils régionaux sur quatre, 72% des départements et 72% des villes de plus de 50 000 habitants.

Quelles sont les raisons du conflit ? En mars 2008, le Comité d’Entreprise avait déclenché une procédure de droit d’alerte. Il jugeait préoccupante la situation économique de l’entreprise et contestait la stratégie de son président, Bernard Bellec (photo). Ce denier n’est autre qu’un ancien directeur de la MAIF et l’ancien maire PS de Niort, poussé à la démission de son poste de maire, il y a sept ans, du fait de son autoritarisme et de son fonctionnement en clan fermé. Le 16 avril 2008, 300 des 550 salariés ont participé à une assemblée générale organisée par l’intersyndicale, et ont voté la grève immédiate, à 80%. Ils réclament l’abandon de tous les projets en cours, le départ des dirigeants élus et de la quasi-totalité des mandataires sociaux nommés, ainsi que la mise en oeuvre, pendant qu’il en est encore temps, d’une stratégie à long terme, qui pérennise les emplois.

L’intersyndicale s’inquiète de la transformation, au fil des ans, de la SMACL en « société gigogne » : alors qu’avec 550 salariés, elle n’est qu’une grosse PME, elle a multiplié les entités juridiques de toutes sortes, avec, chacune, ses instances de direction. « On a créé des structures avant d’avoir l’activité qui va avec », estime l’intersyndicale, qui pointe du doigt la « véritable dérive des frais généraux », en hausse de 26 %, l’an dernier, pour un chiffre d’affaires qui croît de 7 %.

Après la réélection, le 28 mai, de Bernard Bellec à la tête de la SA Union SMACL (SMACL Assurance, SMACL Santé, Synergie, SMACL Entraide), les salariés votaient à la quasi-unanimité la grève illimitée, ce qui eut pour effet de provoquer la démission collective du conseil d’administration de l’Union SMACL.

Ce conflit aura connu son épilogue, le 5 juin, par la dissolution pure et simple de la société qu’il présidait, seul moyen d’écarter celui qui s’accrochait coûte que coûte, après un bras de fer de 51 jours.

Cette situation ne fait que confirmer que même dans le secteur mutualiste, on ne peut laisser l’entière gestion aux mains d’une poignée de dirigeants. Il faut un contrôle démocratique des salariés, à tous les niveaux.

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