En décembre, 50 000 chômeurs de plus ont été enregistrés. En janvier, le chiffre a presque doublé pour atteindre 90 000. On sait que ces statistiques « officielles » ne disent pas toute la vérité. Le « plan de relance » de Sarkozy est une immense farce. Le gouvernement prend prétexte de la récession pour faire des concessions financières aux plus riches. La suppression de la taxe professionnelle, l’argent versé dans les coffres des capitalistes sous forme de prêts ou de subventions n’auront aucun effet significatif sur l’économie. Certes, la récession ne durera pas indéfiniment. Mais elle peut durer deux, trois ou même cinq ans. Selon la logique du capitalisme, les conditions d’une reprise seront réunies au terme d’une période plus ou moins longue de destruction de l’industrie et du commerce, d’une part, et, d’autre part, de sacrifices imposés aux travailleurs en termes d’emplois, de salaires et des budgets sociaux. Autrement dit, la « relance » de l’économie capitaliste ne peut se faire qu’au détriment des salariés et de la majorité de la population.

La participation massive aux manifestations du 29 janvier dernier, la grève générale en Martinique et en Guadeloupe, comme les mobilisations dans les hôpitaux, les écoles, les universités, sont autant de preuves d’un changement radical dans la psychologie des travailleurs et de la jeunesse. Selon la propagande de la droite et du patronat, les grèves et manifestations sont injustifiées. Pour dresser l’opinion publique contre les travailleurs en lutte, ils présentent les grévistes comme des gens irresponsables, qui arrêtent de travailler sous des prétextes fallacieux.

C’est tout le contraire qui est vrai. Lancer une grève, s’engager dans une lutte, n’est pas une décision prise à la légère. C’est affronter l’hostilité implacable des employeurs, s’exposer à des risques importants, à des représailles. La plupart des grèves, par ailleurs, se soldent par une défaite. Mais malgré les périls et sacrifices qu’elles impliquent, il y a de fortes chances que les grèves augmentent en nombre et en ampleur dans les semaines et les mois à venir.

On n’a pas attendu la récession pour connaître le chômage, la pauvreté, les conditions de logement scandaleuses, les bas salaires, les mauvaises conditions de travail, les pensions de retraite misérables, le chantage et l’intimidation des employeurs, les fermetures d’entreprises, les délocalisations ou encore la détérioration des écoles, des hôpitaux et de l’ensemble des services publics. Mais la récession aggrave tous ces problèmes à l’extrême. Elle est en train de changer la mentalité des travailleurs – ou plus précisément leur conscience de classe. Ceci est visible, palpable, non seulement parmi les militants syndicaux et les communistes, mais au niveau de la masse de la population. Le sondage indiquant que 78% de la population approuve et soutient les grèves d’outre-mer en est une illustration.

Qu’ils nous expliquent, ceux qui tiennent pour fantaisiste la perspective d’une révolution prochaine, comment le capitalisme peut continuer sur sa pente actuelle ! Pas plus aujourd’hui qu’à l’époque de l’Ancien Régime, une baisse du niveau de vie de la masse de la population ne peut continuer indéfiniment sans préparer les bases matérielles et psychologiques d’une révolution. Tôt ou tard, une explosion est inévitable. Nous le sentons tous.

On ne peut pas dire quand, ni prévoir quelle étincelle mettra le feu aux poudres. Mais ce qui est certain, c’est que la France se dirige vers une confrontation majeure entre les classes. C’est vrai : malgré leur exploitation, malgré les innombrables injustices dont ils sont victimes, malgré les inégalités sociales criantes, les travailleurs, tant qu’ils peuvent, tendent à opter pour la ligne de moindre résistance. Il faut de grands chocs, d’immenses déceptions, pour les pousser dans la direction de l’expropriation des capitalistes. Mais la régression sociale permanente que leur impose le capitalisme les convaincra qu’en fin de compte, ils n’ont que le choix immortalisé sous la plume de Goethe : « Conquérir et régner ou perdre et servir, il faut souffrir ou triompher, être l’enclume ou le marteau. »

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