En première ligne pendant la pandémie de Covid-19, les salariés de la grande distribution font face à une dégradation de leurs conditions de travail et à de nombreuses pressions et restructurations de la part de leurs directions. Ces secteurs qui ont vu leurs profits bondir pendant la crise sanitaire n’hésitent pas à dégrader les conditions de travail de leurs salariés et à licencier à tour de bras. Le groupe Auchan, par exemple, prévoit 1500 suppressions de postes.

Grève au Carrefour Le Merlan

A Marseille, au magasin Carrefour Le Merlan, les salariés ont connu le mois dernier une mobilisation de plusieurs jours.

Début octobre, la direction de l’établissement convoquait un salarié en vue de son licenciement. Sa faute : avoir dénoncé une surcharge de travail et réclamé de meilleures conditions de travail. Pour le personnel de l’établissement, ce fut la goutte de trop.

La direction du Carrefour Le Merlan s’est attaquée à ce salarié syndiqué qui était employé depuis 11 ans. Une fois de plus, le patronat a voulu réprimer une action syndicale en s’en prenant à un salarié.

Le 9 octobre, à l’appel de la section syndicale CGT de l’établissement, une grande majorité des salariés se mettaient en grève pour réclamer la réintégration de leur collègue et l’amélioration de leurs conditions de travail. Face à la mobilisation, la direction fut contrainte de ne pas ouvrir le magasin.

Le 12 octobre au matin, après plusieurs jours de mobilisation au Carrefour du Merlan, un groupe de mercenaires est venu intimider les grévistes pour casser le conflit. Ils ont blessé un salarié gréviste qui a été hospitalisé avec 7 jours d’ITT. Ce sont des techniques qui s’étaient déjà vues lors de la mobilisation des salariés de McDonald's.

Le même jour, la lutte s’étendait à un autre établissement de la ville et des soutiens de différents magasins du groupe affluèrent. Les salariés défendaient leur collègue menacé de licenciement et réclamaient eux aussi l’amélioration de leur condition de travail et l’arrêt des restructurations prévues par leur direction.

L’après-midi, deux délégués syndicaux étaient convoqués au tribunal pour avoir bloqué des livraisons de marchandises. Deux jours plus tard, le tribunal menace de faire payer une amende aux salariés de 1500 € d’amende par camion bloqué.

Le 15 octobre, nous avons rencontré quelques salariés présents sur le piquet de grève. La mobilisation était retombée. Les quelques militants présents nous ont fait part de leur expérience et du sentiment de ne pas avoir été vraiment soutenu par leurs directions syndicales nationale et départementale. Leur collègue a été licencié et les différents projets de la direction de Carrefour ne semblent pas reculer. Malgré la détermination des travailleurs, cette expérience nous montre qu’il faut une lutte générale et organisée à une échelle plus large pour imposer nos choix au patronat.

Les projets de restructurations touchent toutes les enseignes du groupe Carrefour et bien d’autres. La lutte doit être organisée à l’échelle nationale et même se lier aux autres enseignes qui subissent eux aussi la politique de leurs directions.

Chômage partiel

Les enseignes Carrefour, Casino ou encore Auchan ont maintenant recours au chômage partiel. Depuis la fermeture des rayons non essentiels décidée par le gouvernement, certaines enseignes de la grande distribution imposent du chômage partiel à leurs salariés.

Selon un article de France Info, dans le groupe Carrefour, 90 000 salariés sur 110 000 ont été placés en chômage partiel sans aucune concertation avec les organisations syndicales. Les salariés qui travaillent dans les rayons fermés sont en chômage partiel 2 à 3 jours par semaine. C’est 1 jour par quinzaine pour les autres. Les salariés des sièges sont eux aussi concernés à hauteur de 2 jours par semaine.

La direction de Carrefour a mis en place ce chômage partiel sans avoir réellement étudié le niveau de fréquentation de ses magasins durant ce confinement. En conséquence, une plus grande charge de travail repose sur les épaules des salariés restants. Les entreprises profitent donc de la mesure de chômage partiel afin de remplir leurs caisses puisqu’une majeure partie du salaire versé est prise en charge par l’Etat.

Carrefour a perçu près de 2 milliards d’euros d’aide de l’Etat ces cinq dernières années au titre du CICE. D’après la CGT Carrefour, la direction a utilisé cet argent pour développer les caisses automatiques afin de réduire sa masse salariale. Il devrait y avoir un contrôle des travailleurs sur l’utilisation de cet argent public par les entreprises.

Le gouvernement, sous réserve de sauvegarde et de pérennisation de l’emploi, offre des cadeaux fiscaux au grand patronat sans aucun contrôle, et celui-ci répond par des licenciements et des dégradations des conditions de travail.

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