La SAD est une filiale de Presstalis, une entreprise qui distribue la presse écrite aux quatre coins du pays. Le 15 mai dernier, Presstalis a été placée en liquidation judiciaire. Plus de 500 emplois ont été supprimés.

A Marseille, les 140 salariés de la SAD se sont retrouvés au chômage, du jour au lendemain. Depuis plus de quatre mois, ils luttent pour défendre leurs emplois, garants des « droits démocratiques de l’information » de la population.

Ils ont proposé la reprise de la distribution régionale, à Lyon et à Marseille, par une Société coopérative d’intérêt collectif (SCIC). Les emplois seraient sauvés, entre autres, par la participation des salariés à la direction et aux finances de l’entreprise. Mais ils font face à un obstacle majeur : les lois du marché. Cette SCIC serait concurrente de France Messagerie, une entreprise créée pour reprendre une partie des activités de Presstalis, lors de sa liquidation judiciaire.

Le président de France Messagerie n’est autre que Louis Dreyfus, patron du groupe Le Monde. Et il ne veut pas céder l’affaire à d’autres. Cependant, la riposte des salariés a été rapide, radicale et continue. Tout l’été, ils ont mené des actions devant les sièges des principaux quotidiens nationaux, pour faire entendre leurs propositions. Le 27 juillet, par exemple, 150 travailleurs ont bloqué la sortie du journal Le Monde. Cependant, la direction du quotidien national a refusé de recevoir leur délégation.

Nationalisation !

Le ministre de l’Economie, Bruno le Maire, a également refusé de recevoir les salariés. Il était beaucoup plus réactif lorsqu’il s’agissait de renflouer les caisses des patrons : le 13 mai, il a accordé un prêt de 35 millions d’euros à Presstalis, après un prêt de 33 millions d’euros pendant le confinement.

La suppression des droits démocratiques et des emplois, dans le domaine de la distribution de la presse, tire son origine de la crise du système capitaliste. Le « marché » fait obstacle à la constitution d’une SCIC ; et même si elle se constitue, l’obstacle demeurera, sous une autre forme (concurrence). Il faut donc en finir avec la privatisation de cette activité. Pour cela, le mouvement syndical devrait mettre au centre des discussions – et de la lutte – le mot d’ordre de nationalisation du secteur, sous le contrôle des salariés. Ce sera la seule façon de répondre à « l’intérêt public » et de sauver durablement les emplois.