Lentement mais sûrement, la direction d’Airbus, en Europe, et le gouvernement Villepin, en France, entraînent les salariés de l’aéronautique vers une catastrophe sociale.

Tous les jours, on fait part aux salariés de rumeurs de licenciement et de fermetures de sites – en Allemagne, en France, en Angleterre et en Espagne. De rumeurs en reports, les chiffres non-officiels du nombre d’emplois supprimés ne cessent d’augmenter : entre 10 000 et 12 000, à ce jour. On parle de la cession de plus de 4 sites (dont Saint-Nazaire ville et Méaulte). On n’évoque d’ailleurs que les chiffres concernant Airbus, mais la saignée risque d’être beaucoup plus profonde chez les sous-traitants, dont Airbus souhaite réduire le nombre de moitié.

A Toulouse, l’emploi sera lui aussi durement touché. Et à vrai dire, cela a déjà commencé : depuis le gel des embauches, en septembre, les sous-traitants sortent progressivement du site d’Airbus. Les entreprises sous-traitantes se concentrent et les agences d’intérims tournent au ralenti. Le nombre d’offres d’emplois – en majorité précaires – a sévèrement chuté. Et ce n’est qu’un début, le plan d’économie n’ayant pas encore été concrètement mis en place.

Le plan de restructuration, dont on nous a fait savoir depuis longtemps qu’il devait être annoncé le 20 février, a finalement été reporté en raison de divergences d’intérêts entre la partie allemande et la partie française d’EADS, le géant de la défense dont Airbus fait partie. Ces divergences concernent la répartition industrielle des avions, mais aussi le « partage du malheur ». Chacun s’efforce de faire supporter à l’autre une plus large part des conséquences politiques de la casse de l’emploi.

Il y a deux ans, on citait Airbus comme l’exemple d’une intégration capitaliste européenne réussie, servant la cause d’un projet de Constitution européenne au service du patronat. Aujourd’hui, la crise qui secoue Airbus vient rappeler la réalité brutale du capitalisme européen. Les classes dirigeantes des différents pays suivent leurs propres intérêts nationaux, qui entrent en contradiction les uns avec les autres. Tous sont en compétition pour des marchés et des sphères d’influence.

Les dirigeants français, qui ont montré leur grande incompétence industrielle et, surtout, leur immense avarice, tentent désormais de détourner l’attention des salariés par une propagande nationaliste. Ils accusent les Allemands d’être responsables de la crise. Ils tentent de rallier le salariat à la cause nationale du patronat français.

Notre devoir, en tant que militants syndicalistes et communistes, est de mobiliser les salariés et l’opinion publique – en France comme en Allemagne – pour briser l’ornière du nationalisme. Les salariés français et allemands font face aux mêmes ennemis : le système de la course au profit et tous ceux dont il fait la fortune, des deux côtés de la frontière.

Les candidats de gauche à la présidentielle doivent non seulement s’opposer catégoriquement au plan d’économie « Power 8 », mais aussi réclamer le même statut pour tous les salariés du secteur – qu’ils soient embauchés par Airbus, intérimaires ou sous-traitants – et exiger la renationalisation de l’industrie aéronautique, sous le contrôle démocratique des salariés, pour que sa marche et son développement répondent aux besoins des travailleurs et de la population, et non plus du profit privé.

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