Début juillet, avec l’accord arraché sous la contrainte aux salariés de Bosch, le patronat français engageait en fanfare sa campagne pour la remise en cause de la durée du temps de travail.

A l’aide d’une très large couverture médiatique, la classe dirigeante française a voulu marquer sa détermination à revenir sur les acquis des salariés. En exhibant bien haut l’exemple de ces travailleurs vaincus, elle a voulu démontrer que nous n’avons pas d’autre choix que d’accepter son chantage, que la régression est inévitable.

L’accord obtenu chez Bosch fut un peu comme le premier coup de fusil tiré le jour de l’ouverture de la chasse. Immédiatement, d’autres coups de feu ont retenti sur l’ensemble du territoire : Solectron, Seb, Doux, Ronzat, Nexans, Sediver, etc.

La direction de l’entreprise a imposé aux salariés de Bosch la suppression des 6 jours de RTT et du paiement du pont de l’Ascension, le blocage des salaires pendant 3 ans, la suspension des primes d’intéressement, la réduction de la majoration sur le paiement des heures de nuit, l’exclusion du 13ème mois du calcul des congés payés et la réduction de la subvention au comité d’entreprise.

Sous le gouvernement Jospin, les lois Aubry sur l’aménagement et la réduction du temps de travail avaient été perçues comme un progrès par bon nombre de salariés, surtout dans les entreprises où le poids des syndicats avait permis de signer des accords plutôt favorables. Mais en même temps, ces lois ont permis au patronat d’annualiser le temps de travail, de mettre fin à la référence hebdomadaire de la durée du travail, d’étaler les heures supplémentaires sur l’année, de modifier les horaires en fonction des commandes, d’exclure les pauses du temps de travail et de mettre les cadres au forfait de 217 jours travaillés (sans préciser le temps de travail sur une journée). Du coup, dans bon nombre d’entreprises, la RTT s’est accompagnée d’une nette régression en matière de conditions de travail. Par ailleurs, alors que l’un des objectifs officiels des 35 heures était de réduire le chômage, les patrons ont d’autant moins embauché que la flexibilisation des horaires leur a permis de compenser la réduction du temps de travail. Enfin, des sommes colossales ont été versées au patronat à titre d’« aide au passage au 35 heures » : pas moins de 17,5 milliards d’euros en 1999, et, cette année, 10,5 milliards sur un total de 20 milliards d’euros d’exonérations.

L’accroissement de la flexibilité du travail, qu’ont permis les lois Aubry, a engendré des gains de productivité très importants. Soucieuse de plaire au patronat, l’ex-ministre socialiste le déclarait elle-même dans le Parisien, début juillet : « Grâce au 35 heures, nos entreprises ont gagné en flexibilité et ont du coup augmenté leur productivité. D’ailleurs, les chefs d’entreprise le reconnaissent en aparté ». Selon la CGT, les gains de productivité liés aux 35 heures ont avoisiné les 4 à 5%.

Les lois Fillon, qui ont permis dans un premier temps d’étendre le contingent annuel d’heures supplémentaires de 130 heures (loi Aubry) à 180 heures, permettent désormais au patronat de faire signer, par le chantage, des accords d’entreprise désavantageux par rapport aux accords de branches. La droite donne désormais le champ libre aux capitalistes pour revenir sur toutes les conquêtes sociales du mouvement syndical, et s’efforce d’ouvrir de nouvelles brèches dans le Code du Travail.

Dans un contexte de crise du capitalisme, où la concurrence se fait de plus en plus dure entre les entreprises - sur le plan national comme à l’échelle européenne et mondiale -, les capitalistes sont devant l’impérieuse nécessité de relever leurs taux de profit. Et ceci ne peut se réaliser qu’au détriment des salariés.

C’est pour cela qu’ils utilisent l’ignoble chantage de la délocalisation pour diminuer le coût du travail. Il faut préserver l’emploi, disent-ils, et c’est pour ça que vous devez accepter d’être moins payés, de travailler plus longtemps et de faire des heures supplémentaires.

Le patronat prétend par ailleurs qu’en assouplissant le droit du travail, les salariés qui veulent gagner plus vont pouvoir le faire en travaillant davantage. Mais s’il existe effectivement des salariés qui veulent travailler davantage, c’est surtout parce que le niveau des salaires est particulièrement bas. Et bien entendu, les arguments patronaux sont en complète contradiction avec l’idée de faire diminuer le chômage, car l’allongement de la semaine de travail pour les uns signifie le chômage pour les autres.

Désormais, les attaques du patronat portent non seulement sur le temps de travail et l’assouplissement des 35 heures, mais aussi sur les salaires, sur les conditions de travail, l’emploi et la précarité. La perspective qui s’ouvre devant nous est particulièrement sombre : la classe capitaliste, avide de profits, cherche à nous imposer la régression par tous les moyens. Son système connaît une crise d’une gravité telle que seule une lutte implacable nous permettra de lui arracher des concessions.

Pour nous, salariés, syndicalistes, militants politiques, toutes ces questions sont liées, et appellent d’autres réponses que de simples déclarations de solidarité. La préparation, de la part de nos organisations syndicales, d’une riposte d’envergure, à commencer, par exemple, par une grève générale de 24 heures, est devenue une nécessité impérieuse. Plus que jamais, il faut mobiliser l’ensemble des salariés contre cette hémorragie sociale et contre le système qui en est responsable.


Productivité

La durée effective moyenne de travail hebdomadaire des salariés français - 38 heures - se situe dans l’exacte moyenne européenne. Les salariés suédois travaillent 36,5 heures, ceux du Royaume Uni 37,4 heures et ceux d’Allemagne 35,9 heures. Par ailleurs, le coût horaire du travail est plus faible en France (25,1 euros) qu’en Allemagne (26,5 euros).

Enfin, en ce qui concerne la productivité horaire du travail, la France est au 2ème rang mondial devant les Etats-Unis, l’Allemagne, le Japon, l’Italie et le Royaume Uni.

Chômage

En 2003, pour la première fois depuis 1993, il y a eu officiellement plus d’emplois détruits que d’emplois créés, soit au total une perte de 67 000 emplois. Selon les critères du Bureau International du Travail (BIT), 2 640 000 personnes ont été au chômage en 2003, soit 9,7% de la population active et 137 900 de plus qu’en 2002. Or en réalité, selon l’hebdomadaire Marianne, si on ne truque pas les statistiques, le nombre officiel de chômeurs s’élève désormais à plus de 4,5 millions.


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