C’est décidé, les tarifs des péages autoroutiers vont repartir à la hausse : de 0,4 % par an entre 2018 et 2020.

Construit après la Seconde Guerre mondiale, le réseau autoroutier français, l’un des plus développés au monde, fut dès le début un enjeu majeur pour les entreprises privées, grâce aux « concessions » : une entreprise participe financièrement à la construction d’une portion du réseau en échange de la gestion et des recettes des péages (le réseau restant propriété de l’Etat). Financé à la fois par les deniers publics, pour les parties non concédées, et surtout par les péages, le déploiement du réseau sur l’ensemble du territoire, encadré par des plans « directeurs », fut rapide. Plus récemment, les soi-disant PPP (Partenariat Public Privé) se sont ajoutés à la panoplie utilisée.

L’Etat gardait cependant des parts importantes des concessions. Une grande vague de privatisation a commencé sous le gouvernement Jospin (97-2002). Le processus s’est accéléré sous Villepin : tout fut dilapidé. Lors de ces cessions, des prix de vente très bas furent accordés aux sociétés privées, sous le prétexte fallacieux qu’elles allaient assurer l’entretien et l’amélioration du réseau.

D’après les chantres du capitalisme, de « gauche » comme de droite, ce processus est une merveille qui a permis la construction de notre réseau grâce à une coopération aimable des secteurs privé et public. Dans les faits, l’intégralité de la facture a toujours reposé sur les épaules des travailleurs et usagers, via les impôts et péages. Grâce à des prix de vente dérisoires, à des subventions et des garanties de l’Etat, il n’en a quasiment rien coûté aux groupes privés (Vinci, Eiffage, etc.) qui, par contre, continuent tranquillement d’empocher des bénéfices d’exploitation toujours plus importants. Les péages étaient censés disparaitre une fois les frais de construction remboursés. Mais ils sont toujours là, toujours plus chers.

Avec une marge nette de 20 à 24 % et 14,6 milliards de dividendes versés depuis 2006, le hold-up est massif.

Le 23 septembre dernier, Jean-Luc Mélenchon écrivait sur son blog : « La reprise en mains publiques des autoroutes est une nécessité. La renationalisation doit être organisée. Mais je préfère prévenir : ceux qui ont profité de ces largesses pendant des années ne doivent pas s’attendre à être indemnisés sans que nous tenions compte de cette ponction indue. » Nous sommes d’accord. Les grands actionnaires se sont largement payés sur la bête. Ils doivent être purement et simplement expropriés, sans indemnisation.

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