Les 50 jours d’offensive israélienne à Gaza y ont semé la mort et la désolation. 2100 Palestiniens ont été tués ; des milliers ont été blessés. La barbarie impérialiste laisse derrière elle d’innombrables familles brisées et tout un peuple démuni, traumatisé, au milieu d’infrastructures détruites ou gravement endommagées. Plusieurs milliers de logements ont été réduits en poussières. L’accord du 26 août ne concède pratiquement rien aux Palestiniens. Le blocus de Gaza est maintenu. La colonisation de la Palestine se poursuivra. Le 31 août, le gouvernement israélien annonçait l’appropriation par l’Etat de 400 hectares de terrain en Cisjordanie.

Cela n’empêche pas Yuval Steinitz, ministre israélien du renseignement, de déclarer : « Nous avons gagné aux points, mais on ne les a pas mis KO »[1]. Au-delà du cynisme effroyable d’un tel propos, que peut-il bien signifier ? Six civils et 64 soldats israéliens ont été tués. C’est peu, comparé aux pertes palestiniennes. Mais de nombreux Israéliens considèrent que c’est beaucoup trop, au regard de ce que l’intervention a réellement accompli, du point de vue de la « sécurité » d’Israël – à savoir, précisément : rien. En fait, le massacre perpétré dans la bande de Gaza poussera une nouvelle génération de jeunes Palestiniens à se battre – par tous les moyens possibles – contre le monstre sioniste honni.

La capacité du Hamas à tirer des roquettes sur Israël est indemne. Politiquement, l’organisation islamiste ne sort pas affaiblie du conflit, mais renforcée, au moins provisoirement. Or avant l’offensive, beaucoup de Gazaouis en arrivaient à la conclusion – correcte – que les chefs du Hamas sont aussi corrompus que ceux du Fatah.

Polarisation

Au lendemain du cessez-le-feu, Netanyahou est affaibli et son gouvernement profondément divisé. Sur fond de crise économique, l’offensive militaire a polarisé la société israélienne. Les Israéliens convaincus par la propagande guerrière de Netanyahou sont déçus par le cessez-le-feu, car il ne change rien de fondamental. Et une fois retombée la fièvre militaire et nationaliste, la masse des Israéliens doit toujours faire face aux conséquences de la crise du capitalisme : chômage, pénurie de logements et régression sociale généralisée.

Comme dans tous les pays capitalistes, le gouvernement de Netanyahou a imposé des mesures d’austérité qui ont suscité une opposition et un mécontentement massifs. Pour poursuivre ses attaques contre les services publics et les droits sociaux, le gouvernement est obligé de s’appuyer sur les éléments le plus à droite de l’échiquier politique. C’est à qui suscitera le plus de chauvinisme, en vue de détourner l’attention des travailleurs israéliens de leurs véritables problèmes. L’objectif est d’arrêter la différenciation de classe en cours dans la société israélienne. En ce sens, la barbarie de l’offensive militaire était à la mesure des profondes contradictions sociales en Israël même.

Une large partie de la population israélienne rejette complètement les partis d’extrême droite. Il y a une polarisation sous-jacente en cours en Israël. Un sondage récent révèle que le Parti Travailliste et Meretz – un autre parti de gauche – progressent dans l’électorat. De manière générale, les sondages montrent qu’une majorité de la population israélienne est favorable au démantèlement des colonies et à la fin de l’occupation du territoire palestinien.

Quelle issue ?

Le peuple palestinien a droit à un pays. Tant que ce ne sera pas le cas, le conflit continuera. Cependant, la classe dirigeante sioniste d’Israël n’accordera jamais un véritable pays aux Palestiniens. C’est pourquoi elle doit être renversée. Et pour qu’elle soit renversée, la société israélienne doit être brisée suivant des lignes de classe.

La même classe dirigeante qui opprime les Palestiniens attaque le niveau de vie des travailleurs israéliens. Pour répondre à ces attaques, la classe ouvrière israélienne doit se mobiliser contre sa propre classe dirigeante – et notamment, s’opposer à la politique étrangère du gouvernement, pour défendre les droits des Palestiniens.

Des deux côtés, la lutte des classes est la seule voie qui puisse offrir une solution, reposant sur la fin du pouvoir sioniste et l’établissement d’un Etat qui garantisse les mêmes droits aux Juifs et aux Palestiniens. Or ceci ne sera possible que dans un Etat contrôlé par les travailleurs (juifs et palestiniens), autrement dit dans un Etat socialiste sans classe dirigeante privilégiée.

[1Cité dans Le Figaro du 27/08/2014

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