Le Moyen-Orient est ravagé par des guerres extrêmement meurtrières, fruit des interventions impérialistes qui s’y sont déroulées depuis 2001. La crise économique a aggravé la situation en poussant les puissances impérialistes à se battre encore plus férocement pour conserver ou étendre leurs zones d’influences politiques et économiques. La région est réduite à un gigantesque champ de bataille où s’affrontent les grandes puissances et leurs alliés.

Affaiblis par la crise mondiale du capitalisme et par une décennie d’interventions militaires à l’étranger, les Etats-Unis ont aujourd’hui besoin de stabilité au Moyen-Orient. C’est ce qui les pousse à s’appuyer sur leur ancien ennemi : l’Iran. Celui-ci apparaît comme la seule force capable de mener la guerre sur le terrain contre l’Etat Islamique (EI). Mais ce revirement de Washington va à l’encontre des intérêts de ses alliés traditionnels dans la région, Turquie et Arabie Saoudite en tête, qui voient leurs sphères d’influence directement menacées par le renforcement de la puissance iranienne. Aussi s’efforcent-ils de la contrecarrer par leurs propres moyens, notamment en Syrie et au Yémen.

Depuis le mois de janvier, l’équilibre des forces dans la région a clairement basculé en faveur du bloc Iran-Syrie, soutenu directement par la Russie. En Syrie, l’acceptation d’un cessez-le-feu par une partie des groupes rebelles, soumis au feu nourri de l’aviation russe et des forces de Bachar al-Assad, a permis à celles-ci de concentrer leur feu contre l’EI. Appuyées par les forces russes, elles ont repris Palmyre, qu’elles avaient dû abandonner l’été dernier. Un autre cessez-le-feu est venu mettre un terme humiliant à l’aventure militaire menée par l’Arabie Saoudite au Yémen. Après un an de guerre et des milliers de morts, l’armée saoudienne et ses alliés n’ont pas réussi à vaincre la résistance des rebelles houthistes, soutenus par l’Iran. Par contre, cette offensive a favorisé le développement d’un « Emirat d’Al-Qaïda au Yémen », qui contrôle désormais près du quart du pays.

L’imbroglio turc

De la même façon, le Front Al-Nosra, affilié à Al-Qaïda, a réussi à prendre le contrôle d’un vaste territoire dans le nord de la Syrie, grâce au soutien massif de l’Arabie Saoudite et de la Turquie. Ces djihadistes, guère différents de ceux de l’EI, continuent de combattre les forces de Bachar al-Assad, les autres milices rebelles et, surtout, les milices kurdes. Les progrès des Kurdes face à l’EI leur ont permis de créer un petit Etat qui contrôle aujourd’hui la plus grande partie de la frontière turco-syrienne, à l’exception d’une portion contrôlée par l’EI. Le pouvoir turc est donc confronté à la possibilité que l’entièreté de sa frontière sud soit contrôlée par des gouvernements autonomes kurdes, que ce soit en Irak ou en Syrie. Face à cela et à la progression de l’ HDP, parti pro-kurde et anti-austérité, Erdogan intensifie sa guerre meurtrière contre les Kurdes de Turquie, avec le soutien tacite des bourgeoisies européennes, qui ont besoin d’Erdogan pour enrayer l’afflux de réfugiés.

Le rôle des bourgeoisies européennes est lui aussi révélateur du caractère insoluble de la situation, de leur point de vue. Après avoir soutenu militairement des groupes djihadistes en Syrie, dans l’espoir de faire chuter le régime d’al-Assad, la France et l’Allemagne sont aujourd’hui engagées dans une campagne militaire pour essayer d’enrayer leur développement. En effet, ces groupes islamistes ne se sont pas contentés de tuer des civils en Syrie, ils ont aussi frappé en Europe : deux fois en France en 2015 et récemment en Belgique. Mais dans le même temps, l’UE apporte son soutien à Erdogan, qui protège l’Etat Islamique en menaçant les Kurdes syriens de représailles s’ils attaquaient le réduit de l’EI à l’ouest de l’Euphrate. Encore une fois, les bourgeoisies européennes ont besoin de la Turquie pour stopper l’afflux de réfugiés fuyant les guerres et les massacres. Les puissances européennes, et notamment la France, se comportent comme des pyromanes qui tentent d’arrêter l’incendie qu’ils ont eux-mêmes allumé en… s’appuyant sur un autre pyromane (Erdogan).

Cette situation est révélatrice de l’impasse dans laquelle est plongé le système capitaliste. Il a produit au Moyen-Orient un chaos sans nom, que les impérialistes tentent de résorber à l’aide de barbelés et de bombardements aériens. Cela ne fait qu’aggraver le sort des peuples de la région. La seule solution pour mettre un terme à ce bourbier sanglant, c’est le soulèvement des travailleurs du Moyen-Orient contre les réactionnaires et les impérialistes de tous bords.

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