Samedi 29 novembre, le Front National tenait son congrès à Lyon. Pour protester contre les idées et le programme de ce parti, une manifestation avait été appelée par une cinquantaine d'organisations. Les militants de Révolution étaient évidemment présents !

Dès le départ, les manifestants ont dû faire face à un dispositif policier impressionnant. Toute la ville était quadrillée par la police : pour atteindre le point de départ du cortège, Place Jean Macé, il fallait franchir des barrages de policiers qui fouillaient les sacs, aux coins des rues comme à la sortie du métro. Plusieurs cars de manifestants venus d'autres régions et de pays frontaliers, comme l'Italie et l'Allemagne, ont été arrêtés à l'entrée de la ville et n'ont pas pu rejoindre la manifestation. Malgré cela, nous étions environ 5000 dans les rues de Lyon selon les organisateurs.

Le cortège a démarré avec une bonne heure de retard à cause de cette pression policière. Alors que la tête de la manifestation atteignait la Place du Pont (Gabriel Péri), des grenades lacrymogènes ont été tirées à l'arrière, apparemment sans raison particulière. À peu près au même moment, un groupe composé d'une centaine de personnes cagoulées et vêtues de noir, équipées de lunettes de protection et, pour certaines, de masques à gaz, est arrivé en courant au niveau de la Place du Pont et a attaqué à coups de marteau des panneaux publicitaires, des vitrines de banque et le McDonald's de la place. Jouant au chat et à la souris avec la police, ce groupe se dissimulait derrière la manifestation pour éviter les arrestations, sortait détériorer le mobilier urbain puis se cachait de nouveau dans le cortège.

Les conséquences de cette stratégie sont simples : les grenades lacrymogènes et toute la panoplie répressive des forces de police ont frappé la manifestation avec violence, touchant indistinctement les manifestants et les provocateurs cagoulés. À cause du désordre et des barricades improvisées par ces provocateurs, le cortège a été coupé en deux puis en trois. Laissant à la police toute latitude pour procéder à des arrestations.

Pendant et après la manifestation, de nombreuses rumeurs ont circulé sur l’identité des provocateurs : militants FN déguisés cherchant à discréditer le mouvement, policiers cherchant à créer l'incident, black blocs étrangers... Quelles que soient les intentions de ses auteurs, une action se mesure par son effet et il est certain que cette destruction limitée de « symboles » du système capitaliste a eu un effet nul contre le système lui-même. Par contre, cette action a fourni aux policiers une justification rêvée pour leur répression.

Qu'il s'agisse d'agents conscients du FN ou de provocateurs « autonomes » cherchant l'adrénaline en se cachant derrière un discours politique simpliste, il est inadmissible de chercher à détourner une manifestation à ses propres fins tout en se servant des manifestants comme boucliers humains. Dans tous les cas, c'est une attaque contre les travailleurs, leurs intérêts et leurs organisations.

Les travailleurs et les jeunes ne peuvent ni ne doivent compter sur la police pour les protéger. Bien au contraire, les « forces de l'ordre » s'allieront toujours aux provocateurs et aux groupes d'extrême droite pour casser les manifestations. Nous devons nous organiser nous-mêmes pour protéger nos actions contre la répression d’État et contre les provocateurs. Chaque manifestation devrait être protégée par un service d'ordre composé de militants volontaires, organisée à l'avance par les organisations de masse de travailleurs, pour protéger les manifestations de la police, des attaques de groupuscules fascistes ou des provocateurs.

En tant que premier syndicat de France, la CGT a un rôle essentiel à jouer sur cette question et devrait s'investir massivement dans la protection des manifestations. Malheureusement, elle est restée beaucoup trop discrète depuis quelque temps sur toutes les questions concernant les droits démocratiques des travailleurs. La mort de Rémi Fraisse, par exemple, aurait dû être suivie d'un investissement important de la CGT dans le mouvement de protestation. La question du droit des travailleurs à se rassembler, à manifester et à lutter pour défendre leurs conditions de vie sans être frappés, gazés, voire tués par la police ou ses complices, ne doit pas rester un combat de second plan pour la CGT et pour toutes les organisations de travailleurs.

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