Depuis l’éclatement de la crise en 2008, les relations internationales sont de plus en plus tendues et les crises majeures se succèdent – en Ukraine, en Afrique et surtout au Moyen-Orient. Confrontées à la contraction de leurs marchés, les puissances impérialistes se livrent à une lutte toujours plus féroce pour le contrôle des débouchés économiques et des « points d’appui » stratégiques. Dans ce contexte, tous ceux qui luttent contre le capitalisme doivent s’intéresser à ces questions, d’autant qu’un grand nombre de positions très confuses, voire erronées, circulent dans le mouvement ouvrier.

Un autre ordre international ?

C’est le cas – notamment – des conceptions avancées régulièrement par Jean-Luc Mélenchon. Autant Mélenchon peut prendre de bonnes positions sur des questions de politique intérieure, comme sur le conflit chez Air France, autant il est souvent confus sur les questions internationales. Il insiste sur la nécessité d’un « nouvel indépendantisme » français et d’un réalignement des alliances au niveau international. C’est ce qu’il a exprimé très clairement plusieurs fois et notamment en septembre dernier, lors de l’annulation – par la France – de la vente de navires militaires Mistral à la Russie : « En s’alignant ainsi [sur l’OTAN], la France se coupe des tentatives de constructions d’un autre ordre international dans le cadre d’une Organisation des Nations Unies refondée et en lien avec les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud). »

Si l’on suit Mélenchon, la France devrait s’allier avec les pays qui auraient un intérêt à construire un ordre mondial différent de l’actuel, qui est dominé par les Etats-Unis. Mais cela ne réglerait rien. Ces pays n’agissent pas « contre les Etats-Unis » par amour du « droit international » ou pour aider la démocratie et le progrès humain. Ce sont des Etats capitalistes dont la politique étrangère est dictée par les intérêts de leurs bourgeoisies. En s’opposant aux Etats-Unis en Ukraine ou en Syrie, Poutine défend avant tout les intérêts des oligarques russes, les mêmes intérêts qui ont présidé à l’écrasement de la Tchétchènie (avec le soutien des Etats-Unis). Quant à l’Afrique du Sud, sa volonté d’être une « puissance régionale » en Afrique subsaharienne est conforme aux intérêts de sa classe dirigeante. Il suffit de regarder comment sont traités les travailleurs sud-africains, parfois assassinés quand ils se mettent en grève. Si l’« autre ordre international » dont parle Mélenchon se concrétisait, il serait en fait le même que l’ancien, sous de nouveaux drapeaux et avec de nouveaux maîtres exploitant les mêmes esclaves.

Utopie réformiste

L’impérialisme est indissociable du capitalisme arrivé à maturité. Vouloir organiser le monde de façon harmonieuse et respectueuse des « souverainetés nationales » sans toucher au capitalisme est une utopie. Celle-ci découle du réformisme, qui ne s’attaque pas à la clé de voûte du système capitaliste : la propriété privée des grandes entreprises. Si le capitalisme français reste en place, il lui faut des débouchés et des « zones d’influence ». La politique internationale proposée par Mélenchon revient en fait à proposer à la bourgeoisie française d’abandonner ses vieux « alliés » pour de nouveaux, notamment sur la question de la Syrie et de l’Irak. Non seulement cette politique ne serait pas plus favorable aux travailleurs du tiers-monde, toujours victimes d’arrangements passés sur leur dos par des grandes puissances, mais elle ne changera rien à la situation des travailleurs en France. Car la domination impérialiste est un des piliers sur lesquels s’appuie le capitalisme français pour maintenir son pouvoir et l’exploitation des salariés en métropole.

La seule véritable solution pour les travailleurs des pays « riches » comme des pays « pauvres » se trouve dans leur solidarité et dans leur lutte contre leur ennemi commun, le système capitaliste. Les travailleurs français ne doivent pas se tourner vers la Russie de Poutine pour combattre les Etats-Unis d’Obama, mais s’allier avec les travailleurs russes et américains contre Poutine, Obama et les classes dirigeantes dont ils défendent les intérêts.

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